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Les insurgés libyens s'attendent à de nouveaux assauts

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par Mohammed Abbas AL OUKAÏLA, Libye (Reuters) - Les insurgés libyens se préparaient vendredi matin à de nouvelles offensives des forces fidèles à...

par Mohammed Abbas

AL OUKAÏLA, Libye (Reuters) - Les insurgés libyens se préparaient vendredi matin à de nouvelles offensives des forces fidèles à Mouammar Kadhafi sur la route stratégique courant le long du golfe de Syrte et ses installations pétrolières.

Sur le front diplomatique, où le projet de médiation proposé par le Venezuela ne fait pas recette, Barack Obama a appelé publiquement pour la première fois au départ du dirigeant libyen tandis que la France et la Grande-Bretagne ont haussé le ton, approuvant jeudi le principe d'une zone d'exclusion aérienne si le régime ne met pas un terme à sa répression.

Jeudi, des témoins ont affirmé qu'un avion avait bombardé pour la deuxième journée consécutive la ville de Marsa el Brega, terminal pétrolier situé à 800 km à l'est de Tripoli. Des frappes aériennes ont également visé la ville d'Ajdabiyah, en Cyrénaïque, également tombée aux mains des insurgés.

A Zaouïah, à l'autre extrémité de la côte libyenne, les rebelles s'attendent à une attaque des forces loyales à Mouammar Kadhafi et redoutent aussi une pénurie de vivres et de médicaments. Cette ville située à 50 km à l'ouest de Tripoli est l'une des rares zones contrôlées par les insurgés dans cette partie du pays.

Ces dernières 72 heures, dit un habitant joint tard jeudi soir par téléphone, les forces fidèles au "Guide" de la révolution libyenne se sont déployées en masse. "Nous estimons qu'ils sont 2.000 sur le flanc sud de la ville et qu'ils ont regroupé 80 véhicules blindés depuis l'est", poursuit cet habitant qui fait également état d'un bataillon en marche depuis l'ouest.

Il précise que les insurgés ont ainsi saisi entre 10 et 15 blindés de l'armée libyenne et un grand nombre de fusils d'assaut Kalachnikov. Des chiffres invérifiables.

LA SITUATION S'AMÉLIORE À LA FRONTIÈRE TUNISIENNE

Le soulèvement contre Kadhafi, le plus meurtrier des mouvements d'émancipation qui se produisent depuis le début de l'année dans le monde arabe, est entré dans sa troisième semaine.

A la frontière entre la Tunisie et la Libye, après trois jours de chaos, la situation s'est améliorée au poste-frontière de Ras Jdir grâce aux premières rotations aériennes organisées par la communauté internationale depuis l'aéroport tunisien de Djerba, où une quarantaine de vols étaient programmés pour la seule journée de jeudi.

La France assurera ces prochains jours six vols quotidiens, a déclaré l'ambassadeur de France à Tunis, Boris Boillon. Des charters britanniques ont également commencé à effectuer des navettes vers l'Egypte.

Les Etats-Unis vont également mettre à disposition des avions militaires et civils pour participer à l'évacuation des réfugiés égyptiens bloqués à la frontière entre la Libye et la Tunisie, a annoncé jeudi soir Barak Obama.

INQUIÉTUDES POUR LES BLESSÉS

Mais les organisations humanitaires actives dans le pays s'inquiètent du sort des blessés, dont beaucoup seraient privés de soins du fait des restrictions de circulation et de la crainte qui paralyse la population.

Médecins sans frontières (MSF), dont une équipe est à Benghazi, deuxième ville du pays, se dit dans l'incapacité de répondre à l'appel à l'aide d'un médecin de Misrata, 200 km à l'est de Tripoli, où les affrontements entre insurgés et forces pro-Kadhafi auraient fait de nombreuses victimes.

Selon Save The Children, qui a également une équipe de secours dans l'Est ainsi que du personnel aux frontières tunisienne et égyptienne, plus d'un million d'enfants de l'Ouest sont en danger.

Au pouvoir depuis 41 ans, Mouammar Kadhafi répète depuis le début de la crise qu'il ne partira pas.

Jeudi soir, le président vénézuélien, Hugo Chavez, qui a avancé un plan de solution négociée à la crise en Libye, a assuré que le "Guide" de la révolution était favorable à une médiation étrangère.

Mais le fils du dirigeant libyen, Saïf al Islam Kadhafi, a affirmé qu'aucune initiative de ce type n'était nécessaire pour mettre fin à la crise dans son pays.

Quant aux insurgés, ils estiment que les seules négociations envisageables porteraient sur le départ du colonel Kadhafi

Avec Maria Golovnina, Yvonne Bell et Chris Helgren à Tripoli, Tom Pfeiffer et Alexander Dziadosz à Benghazi et les rédactions de Reuters; Jean-Philippe Lefief, Jean-Stéphane Brosse, Nicole Dupont et Henri-Pierre André pour le service français