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Les insurgés libyens progressent vers Syrte, fief de Kadhafi

Des insurgés tirent sur des avions de chasse libyens non loin de Bin Djaouad, ville dont ils ont pris le contrôle en avançant sur la route de Syrte, le fief de Mouammar Kadhafi et leur prochain objectif. /Photo prise le 5 mars 2011/REUTERS/Goran Tomasevic

Des insurgés tirent sur des avions de chasse libyens non loin de Bin Djaouad, ville dont ils ont pris le contrôle en avançant sur la route de Syrte, le fief de Mouammar Kadhafi et leur prochain objectif. /Photo prise le 5 mars 2011/REUTERS/Goran Tomasevic - -

par Mohamed Abbas BIN DJAOUAD, Libye (Reuters) - En convoi de pick-up surmontés de mitrailleuses anti-aériennes, les insurgés libyens progressent...

par Mohamed Abbas

BIN DJAOUAD, Libye (Reuters) - En convoi de pick-up surmontés de mitrailleuses anti-aériennes, les insurgés libyens progressent vers Syrte, où est né le colonel Mouammar Kadhafi, seule grande ville avec Tripoli à ne pas être encore tombée entre leurs mains.

Regroupés à Bin Djaouad, localité de la côte située à 160 km seulement de leur objectif, les rebelles font de la main le "V" de la victoire et tirent des rafales vers les hélicoptères et les avions de combat qui les survolent pour surveiller leur avance.

Galvanisés par la prise, la veille, du port pétrolier de Ras Lanouf, certains rebelles tiennent pour imminente la chute de Syrte. D'autres, conscients que leur force hétéroclite est composée de déserteurs et de volontaires plus enthousiastes qu'expérimentés, se montrent plus prudents.

"Nous allons attaquer Syrte tout de suite", s'enflamme Mohamed Salim, un combattant ralliant Bin Djaouad. "Ecoutez, nous n'avons ni organisation, ni plan militaire. Nous allons là où on a besoin de nous", tempère un de ses frères d'armes, Mohamed Fathi.

Les rebelles, qui contrôlent pratiquement toute la Cyrénaïque, la région orientale traditionnellement rétive à l'autorité de Tripoli, ont repoussé mercredi un assaut des loyalistes sur le port pétrolier de Brega. Puis ils ont chassé ceux-ci de Ras Lanouf, malgré l'intervention de l'aviation.

BASE AÉRIENNE MILITAIRE À SYRTE?

Mais la prise de Syrte pourrait s'avérer une tout autre affaire.

Contrairement aux villes de Cyrénaïque, délaissées par Kadhafi et tombées pratiquement sans coup férir, Syrte a toujours bénéficié des largesses du "guide", qui aimait y accueillir réunions internationales et hôtes étrangers.

Certains chefs insurgés mettent en garde contre un assaut prématuré et insuffisamment organisé contre la ville, bastion des forces loyalistes, mais ils doivent aussi tenir compte de l'état d'excitation de leurs troupes.

"Je ne peux m'exprimer au nom des militaires. Mais nous n'avons pas d'armée organisée. Nous n'avons pas les armes nécessaires. Nos armes sont plutôt défensives", souligne Moustafa Ghériani, porte-parole de la coalition rebelle "du 17 février", basée à Benghazi.

Les forces kadhafistes semblent avoir renforcé leurs lignes de défense sur la route de Syrte, selon un voyageur venu de l'ouest. Et l'aviation libyenne conserve la maîtrise des airs, même si les insurgés ont réussi samedi à abattre un appareil gouvernemental.

Syrte revêt une importance stratégique car son aéroport civil, au sud de la ville, abrite également ce qui ressemble à une vaste base militaire. Les images par satellite font apparaître une cinquantaine de hangars en béton, du genre de ceux utilisés pour abriter des avions de chasse, regroupés de chaque côté de la piste.

Avec Tom Pfeiffer à Benghazi, Marc Delteil, pour le service français, édité par Guy Kerivel