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Les Grecs en grève contre le nouveau plan d'austérité

Accès fermé à une gare férroviaire, à Athènes. Les salariés grecs ont entamé vendredi une grève générale de 48 heures pour dénoncer l'austérité réclamée par les créanciers d'Athènes pour renflouer le pays au bord de la faillite. /Photo prise le 10 février

Accès fermé à une gare férroviaire, à Athènes. Les salariés grecs ont entamé vendredi une grève générale de 48 heures pour dénoncer l'austérité réclamée par les créanciers d'Athènes pour renflouer le pays au bord de la faillite. /Photo prise le 10 février - -

par Ingrid Melander et Tatiana Fragou ATHENES (Reuters) - Les salariés grecs ont entamé vendredi une grève générale de 48 heures pour dénoncer les...

par Ingrid Melander et Tatiana Fragou

ATHENES (Reuters) - Les salariés grecs ont entamé vendredi une grève générale de 48 heures pour dénoncer les nouvelles mesures d'austérité réclamées par les créanciers internationaux et dont Athènes ne pourra faire l'économie, selon le ministre des Finances Evangelos Venizelos, à moins de quitter la zone euro.

Des heurts entre manifestants et forces de l'ordre ont éclaté place de la Constitution (Syntagma), devant le Parlement mais le premier syndicat de police, qui accuse le Fonds monétaire international (FMI) et la Commission européenne de porter atteinte à la démocratie et à la souveraineté nationale, a exprimé sa volonté de ne plus agir contre ses "frères".

Tandis que la tension montait dans les rues de la capitale, les ministres issus du LAOS, parti d'extrême droite qui appartient à la coalition gouvernementale, ont présenté leur démission, rapporte l'agence de presse ANA. Georges Karatzaféris, chef de file du mouvement, avait auparavant exclu de donner son aval au nouveau plan d'austérité.

"J'ai expliqué aux autres dirigeants politiques que je ne pouvais pas voter pour cet accord de prêt", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. "On nous a pris notre dignité. Nous avons été humiliés. Je ne peux pas l'accepter", a ajouté l'ancien culturiste et animateur radio.

Le LAOS compte 15 députés sur les 300 du parlement grec, ce qui signifie que son opposition au plan de sauvetage n'empêcherait pas son adoption.

Georges Karatzaféris a en outre réclamé un remaniement du gouvernement et a proposé que le représentant local du FMI soit déclaré 'persona non grata' en Grèce.

Le personnel du ministère des Finances chargé de mettre en oeuvre les mesures demandées par les bailleurs ont agité des drapeaux noirs pour exprimer leur désaccord.

ULTIMATUM

Pour Evangelos Venizelos, la Grèce ne peut qu'accepter les conditions du nouveau plan d'aide de 130 milliards d'euros pour éviter la faillite des comptes publics qui se profile pour le mois prochain.

"Le moment est venu pour nous de trancher. Malheureusement, nous devons choisir entre des sacrifices et des sacrifices encore plus importants", a-t-il déclaré à Bruxelles.

Ses homologues de la zone euro ont exigé que le parlement se prononce sur le plan d'austérité. Le vote pourrait avoir lieu dimanche ou lundi. Ils ont donné six jours au gouvernement de Lucas Papadémos pour adopter certaines mesures essentielles et ils réclament des garanties sur la mise en oeuvre de l'ensemble du plan après les élections législatives d'avril.

Le dispositif prévoit notamment une baisse de 22% du salaire minimum, la suppression de 150.000 postes dans la fonction publique et une réduction des pensions de retraite.

Pour de nombreux Grecs, appauvris par cinq années de récession, dans un pays où le chômage touche un actif sur cinq, où les magasins ferment les uns après les autres, ces nouvelles mesures sont inacceptables.

Sur la place Syntagma, des manifestants se sont rassemblés aux cris de "Non aux licenciements! Non aux baisses de salaires! Ne vous résignez pas. Résistez!" Des chants emblématiques de la lutte contre la dictature des colonels, qui s'est achevée en 1974, ont été entonnés. La police a fait état de deux blessés dans ses rangs et de trois arrestations.

"Vous ne pouvez nous contraindre à nous battre contre nos frères. Nous refusons de nous élever face à nos parents, nos frères, nos enfants ou tout citoyen manifestant ou exigeant un changement de politique", dit le principal syndicat de policiers dans une lettre ouverte adressée à la "troïka" des bailleurs de fonds (FMI, Commission européenne et Banque centrale européenne).

TRANSPORTS TERRESTRES PARALYSÉS

Lucas Papadémos avait arraché jeudi l'accord des chefs de file du Pasok (gauche), de la Nouvelle démocratie (droite) et du LAOS aux nouvelles mesures réclamées par les bailleurs de fonds, mais leur feu vert n'a pas convaincu les partenaires d'Athènes de débloquer les fonds et de conclure l'accord sur l'Implication du secteur privé (PSI) dans la dette publique.

Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, a prévenu qu'aucune aide ne serait déboursée sans garanties apportées par la classe politique grecque. "En bref, pas de déblocage sans mise en oeuvre" des mesures, a-t-il résumé.

"Avant la prochaine réunion de l'Eurogroupe, qui aura probablement lieu mercredi, notre pays et notre peuple doivent réfléchir et faire un choix stratégique et définitif", a souligné le ministre grec des Finances.

"Si nous considérons que l'avenir de ce pays se trouve dans la zone euro, en Europe, il faut tout faire pour que le programme soit approuvé et le PSI conclu avant les échéances obligataires majeures de mars", a ajouté Evangélos Vénizélos.

Athènes doit rembourser 14,5 milliards d'euros d'emprunts d'Etat arrivant à échéance le mois prochain et ne pourra le faire sans une nouvelle aide.

Trois jours après un mouvement social similaire, la grève de vendredi a paralysé les transports publics et maritimes mais pas le trafic aérien.

Les médecins hospitaliers, les enseignants, les employés de banques participent au mouvement lancé à l'appel des deux grandes centrales syndicales grecques, l'Adedy (fonctionnaires) et la GSEE (privé).

Jean-Stéphane Brosse et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Gilles Trequesser