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Les forces d'Assad attaquent des fiefs de la contestation

Les forces de sécurité syriennes ont lancé ces dernières heures des opérations de reprise en main de certains foyers de la contestation contre le régime du président Bachar al Assad (photo), notamment Deraa, où ont commencé les toutes premières manifestat

Les forces de sécurité syriennes ont lancé ces dernières heures des opérations de reprise en main de certains foyers de la contestation contre le régime du président Bachar al Assad (photo), notamment Deraa, où ont commencé les toutes premières manifestat - -

par Khaled Yacoub Oweis AMMAN (Reuters) - Les forces de sécurité syriennes ont lancé ces dernières heures des opérations de reprise en main de...

par Khaled Yacoub Oweis

AMMAN (Reuters) - Les forces de sécurité syriennes ont lancé ces dernières heures des opérations de reprise en main de certains foyers de la contestation contre le régime du président Bachar al Assad, notamment à Deraa, où ont commencé les toutes premières manifestations le 18 mars.

Les forces de sécurité sont également entrées dans Douma, dans la banlieue de la capitale Damas, qui a connu d'importantes manifestations anti-Assad. Un témoin a parlé de blessés et de dizaines d'arrestations.

Les forces de sécurité, selon une évaluation établie par des organisations de défense des droits de l'homme, ont tué plus de 350 civils depuis le début des troubles. Un tiers de ces victimes sont tombées au cours des trois derniers jours, l'ampleur de la révolte populaire contre le clan Assad étant montée d'un cran.

Assad a levé jeudi dernier l'état d'urgence qui était en vigueur en Syrie depuis 1963, mais selon les militants, les violences du lendemain, jour où une centaine de personnes ont été tuées au cours de la répression des manifestations à travers le pays, ont montré qu'il n'avait pas sérieusement l'intention de répondre aux appels en faveur d'une libéralisation politique.

Les habitants de Deraa, ville du sud du pays proche de la frontière jordanienne, ont parlé de l'entrée de plusieurs centaines de soldats dans la ville. Huit chars et deux véhicules blindés de transport de troupes se sont déployés dans la vieille ville, où des cadavres jonchaient une rue près de la mosquée Omari, a dit un témoin à Reuters.

"Les gens se mettent à couvert dans les maisons. J'ai pu voir deux corps près de la mosquée et personne ne peut sortir pour les récupérer", a-t-il ajouté.

Des tireurs ont pris position sur des bâtiments officiels et les forces de sécurité ouvraient le feu au hasard sur des maisons, après l'entrée des chars juste après l'heure de la prière à l'aube.

Selon Mohsen, un habitant cité par la chaîne Al Djazira, des chars disposés aux principales entrées de la ville ont pilonné certains objectifs. "Les gens ne peuvent pas se déplacer dans les rues à cause des pilonnages", a-t-il dit.

DÉCLARATION D'ÉCRIVAINS ET JOURNALISTES

Les journalistes étrangers ayant été pour la plupart expulsés du pays, il est impossible d'aller se rendre compte de la réalité de la situation sur le terrain.

Les militants d'opposition disent craindre que les forces d'Assad ne préparent une opération contre la ville de Naoua, à 25 km au nord de Deraa, vers laquelle se dirigeraient des bulldozers et des véhicules de l'armée.

Dimanche, dans cette ville, plusieurs milliers de personnes ont appelé au renversement d'Assad lors des obsèques de manifestants abattus par les forces de sécurité.

Egalement dimanche, au moins 13 civils ont été tués par balles à Djabla, ville côtière de l'ouest de la Syrie, par les forces de sécurité et les milices loyales à Assad, rapporte lundi l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme.

Les forces syriennes se sont déployées dans le vieux quartier sunnite de la ville où avait eu lieu une manifestation en faveur de la démocratie au cours de la nuit précédente, ont précisé des militants des droits de l'homme.

A Banias, ville côtière au sud de Djabla, les dirigeants de la contestation ont fait savoir qu'ils allaient bloquer la grande route du littoral jusqu'à ce que le siège des forces de sécurité soit levé autour de Djabla. A Djabla vivent nombre d'alaouites, branche du chiisme auquel appartient le clan Assad.

Face aux événements en cours, des écrivains syriens ont publié lundi une déclaration commune pour dénoncer la répression sanglante des manifestations, traduisant l'indignation grandissante de l'élite intellectuelle après la mort d'une centaine de personnes ces trois derniers jours.

Cette déclaration commune est signée par 102 écrivains et journalistes syriens, présents dans le pays ou exilés, représentatifs de toutes les religions.

Le texte appelle les intellectuels syriens "qui n'ont pas brisé la barrière de la peur de prendre une position claire".

"Nous condamnons les pratiques violentes et oppressives du régime syrien contre les manifestants et nous pleurons les martyrs du soulèvement."

Parmi les signataires figurent des figures alaouites comme l'ancien prisonnier politique Loay Hussein, des femmes écrivains Samar Yazbek et Hala Mohammad et le réalisateur Mohammad Ali al Attassi.

Marine Pennetier et Eric Faye pour le service français