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Les excuses tardives du fabricant allemand de la thalidomide

La thalidomide. Les victimes de ce médicament distribué aux femmes enceintes à travers le monde à la fin des années 1950 et à l'origine de malformations congénitales ont estimé samedi que les excuses formulées la veille par son inventeur étaient insuffisa

La thalidomide. Les victimes de ce médicament distribué aux femmes enceintes à travers le monde à la fin des années 1950 et à l'origine de malformations congénitales ont estimé samedi que les excuses formulées la veille par son inventeur étaient insuffisa - -

par Annika Breidthardt BERLIN (Reuters) - Les victimes de la thalidomide ont estimé samedi que les excuses formulées la veille par l'inventeur...

par Annika Breidthardt

BERLIN (Reuters) - Les victimes de la thalidomide ont estimé samedi que les excuses formulées la veille par l'inventeur allemand du médicament à l'origine de malformations congénitales étaient insuffisantes et bien trop tardives.

La thalidomide, mise au point par le laboratoire allemand Grünenthal et distribué aux femmes enceintes à travers le monde à la fin des années 1950 pour traiter les nausées matinales, a fait naître des milliers d'enfants à qui il manquait un ou plusieurs membres.

Ce médicament n'avait pas été distribué en France et aux Etats-Unis.

Le directeur général de Grünenthal, Harald Stock, a présenté des excuses aux victimes lors de l'inauguration d'une statue commémorative vendredi.

"Au nom de Grünenthal (...) je souhaite saisir cette occasion d'exprimer mes profonds regrets concernant les conséquences du Contergan et notre sincère sympathie pour les victimes, leurs mères et leurs familles", a-t-il déclaré.

"Nous vous prions également de nous excuser pour ne pas vous avoir eu de contact humain avec vous pendant presque 50 ans (...) Nous vous demandons d'interpréter notre long mutisme comme un signe du choc silencieux que votre sort nous a causé", a-t-il ajouté.

Ce geste tardif est toutefois loin de satisfaire tout le monde.

"Ayant tenté à maintes fois de leur faire admettre leur comportement criminel (...), je ne pensais pas que (les dirigeants) de cette entreprise se comporteraient un jour ainsi", a déclaré Geoff Adams-Spink, une victime britannique de la thalidomide qui dirige le Centre européen d'information de référence sur la dysmélie.

500 MILLIONS D'EUROS VERSÉS AUX VICTIMES

Pour lui, il s'agit d'un "premier pas important", la suite étant le dédommagement de chacune des victimes.

L'entreprise, qui affirme avoir avoir versé quelque 500 millions d'euros de dédommagement aux victimes en 2010, n'était pas joignable par la suite. Il a été également impossible d'établir si ces indemnisations avaient été versées aux seules victimes allemandes ou à travers le monde.

Les victimes allemandes indemnisées touchent une pension mensuelle allant jusqu'à 1.116 euros provenant d'un fonds auquel contribue Grünenthal.

Une Australienne dont la fille a obtenu plusieurs millions de dollars à l'issue d'un procès contre Diageo Plc, le successeur légal du distributeur de la thalidomide en Australie, a déclaré que ces excuses étaient une insulte.

"C'est le genre d'excuse que vous faites lorsque vous n'êtes pas vraiment désolé", a déclaré à la radio-télévision publique australienne ABC la mère de Lynette Rowe, née sans bras et sans jambes.

Diageo avait déjà en 2010 accepté de verser quelque 50 millions de dollars à 45 victimes de la thalidomide en Australie et en Nouvelle-Zélande qui avaient demandé de l'aide pour pouvoir payer leurs soins, vivant plus longtemps que prévu.

Harold Evans, rédacteur en chef chez Reuters qui avait mené bataille pour une compensation des victimes du thalidomide alors qu'il dirigeait la rédaction du "Sunday Times" de Londres dans les années 1960, a jugé ces excuses insuffisantes.

"Cinquante ans d'injustice ne seront pas soulagées par la plus sincère des excuses, d'autant plus qu'elles ne sont assorties d'aucune compensation pour la peine et les souffrances que des milliers de survivants endurent quotidiennement", a-t-il déclaré.

Avec Kate Kelland à Londres et Morag MacKinnon à Sidney; Agathe Machecourt pour le service français, édité par Jean-Loup Fiévet