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Les conservateurs se consolent avec la mairie de Londres

Boris Johnson a évité une humiliation complète aux conservateurs du Premier ministre britannique David Cameron en étant réélu maire de Londres au terme d'un scrutin serré. Sa reconduction, annoncée peu avant minuit vendredi, constitue la seule bonne nouve

Boris Johnson a évité une humiliation complète aux conservateurs du Premier ministre britannique David Cameron en étant réélu maire de Londres au terme d'un scrutin serré. Sa reconduction, annoncée peu avant minuit vendredi, constitue la seule bonne nouve - -

par Peter Griffiths et Tim Castle LONDRES (Reuters) - Boris Johnson a évité une humiliation complète aux conservateurs du Premier ministre...

par Peter Griffiths et Tim Castle

LONDRES (Reuters) - Boris Johnson a évité une humiliation complète aux conservateurs du Premier ministre britannique David Cameron en étant réélu maire de Londres au terme d'un scrutin serré.

Annoncée peu avant minuit vendredi, la reconduction de Boris Johnson, considéré comme un prétendant au poste de Premier ministre à l'avenir, constitue la seule bonne nouvelle pour David Cameron au sortir des élections locales organisées jeudi en Grande-Bretagne.

Jugé responsable du retour en récession de l'économie britannique et perçu comme déconnecté de la réalité quotidienne des électeurs, son parti conservateur a été lourdement sanctionné dans les urnes au profit de l'opposition travailliste et, peut-être encore plus inquiétant, d'une extrême-droite qui a réuni en moyenne 14% des suffrages là où elle a pu présenter des candidats.

Même Boris Johnson, pourtant aussi populaire qu'excentrique d'apparence, a vu sa majorité considérablement réduite. Il n'a devancé que d'une courte tête son prédécesseur à la mairie de Londres, le travailliste Ken Livingstone.

Promettant de "continuer à (se) battre" pour les Londoniens, le maire de Londres a soigneusement évité d'évoquer le revers général de son parti lors de son allocution après l'annonce des résultats.

Avec tous les résultats désormais connus pour les 181 conseils locaux en jeu en Angleterre, en Ecosse et au Pays de Galles, les travaillistes ont remporté 823 nouveaux sièges quand les conservateurs en ont perdu 405.

Les libéraux démocrates, dont la popularité s'est effondrée depuis qu'ils se sont alliés aux conservateurs pour former un gouvernement en 2010, ont abandonné 336 élus. Ils n'ont jamais connu un tel désastre électoral lors de scrutins locaux en Angleterre.

Sur le plan national, le Labour a réuni 38% des suffrages contre 31% pour les conservateurs et 16% pour les Lib Dems. La participation a été faible (32%).

EXCUSES

David Cameron a présenté ses excuses aux candidats conservateurs vaincus, imputant leur défaite aux décisions difficiles que le gouvernement a été contraint de prendre pour tenter d'apurer la dette et le déficit public.

"Il n'y a pas de réponses faciles", a déclaré David Cameron, dont le parti a perdu des sièges au profit des travaillistes dans sa propre circonscription.

Les gouvernements britanniques souffrent généralement lors des scrutins intermédiaires mais ces résultats illustrent l'ampleur de la tâche de David Cameron d'ici les prochaines élections législatives, prévues pour l'instant en 2015.

Le gouvernement s'est rendu impopulaire avec une cure d'austérité draconienne censée rétablir les comptes publics, d'autant qu'il a notamment choisi d'alléger la fiscalité sur les plus riches. Or, le chômage et l'inflation restent élevés, les salaires progressent peu et l'économie se contracte.

Les conservateurs, en premier lieu David Cameron, ont en outre été fragilisés ces dernières semaines par les répercussions du scandale des écoutes téléphoniques, qui a mis en évidence leur proximité avec l'empire médiatique de Rupert Murdoch.

"Le peuple est blessé, le peuple souffre de la récession, le peuple souffre d'un gouvernement qui a augmenté les impôts pour lui mais les a réduits pour les millionnaires", a réagi Ed Miliband, le chef de file du Labour, qui enregistre ainsi un rare succès depuis sa prise de fonctions à la tête du parti travailliste en 2010.

APPELS À UNE "DROITISATION"

David Cameron se retrouve ainsi fragilisé au sein du parti conservateur.

Qualifiés par un détracteur issu de leurs propres rangs de "jeunes BCBG arrogants ne connaissant même pas le prix du lait", le chef du gouvernement et son ministre des Finances George Osborne renvoient aux yeux de nombreux Britanniques l'image de dirigeants totalement déconnectés de la réalité. Ce sentiment a été renforcé par la polémique autour de la "pasty tax", une taxe sur des sortes de mini-sandwiches bon marché et très populaires.

Des voix s'élèvent au sein des Tories pour réorienter le parti vers la droite, une stratégie que les partisans de David Cameron jugent suicidaire en raison de l'alliance avec les Lib Dems.

"David Cameron éprouve toutes les peines pour conduire le gouvernement avec une main attachée dans le dos tout ça parce que nous sommes liés à des libéraux insipides et, bien sûr, les libéraux sont faits pour être dans l'opposition mais ils sont totalement inutiles dans un gouvernement", a déclaré le député conservateur Peter Bone à la BBC.

La pression en faveur d'une "droitisation" de la politique du gouvernement est accentuée par la performance inédite de l'UK Independence Party (UKIP).

"Ce qu'ils craignent avec le score de l'UKIP, c'est que ce ruisseau se transforme en torrent", a déclaré à Reuters le chef de file de l'UKIP, Nigel Farage.

David Cameron a aussi subi un camouflet sur sa proposition de généraliser l'élection des maires au suffrage direct, rejetée par référendum dans huit grandes villes, dont Manchester, Bradford ou encore Nottingham, et seulement adoptée à Bristol.

Avec le bureau de Londres, Bertrand Boucey pour le service français