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Les "chavistes" manifestent, le président toujours à Cuba

Hugo Chavez est resté jeudi sur son lit d'hôpital, à Cuba, tandis que ses partisans se rassemblaient à Caracas pour lui exprimer leur soutien à l'occasion de ce qui devait être le jour de son investiture pour un nouveau mandat de six ans. /Photo prise le

Hugo Chavez est resté jeudi sur son lit d'hôpital, à Cuba, tandis que ses partisans se rassemblaient à Caracas pour lui exprimer leur soutien à l'occasion de ce qui devait être le jour de son investiture pour un nouveau mandat de six ans. /Photo prise le - -

par Andrew Cawthorne et Daniel Wallis CARACAS (Reuters) - Hugo Chavez est resté jeudi sur son lit d'hôpital, à Cuba, tandis que ses partisans se...

par Andrew Cawthorne et Daniel Wallis

CARACAS (Reuters) - Hugo Chavez est resté jeudi sur son lit d'hôpital, à Cuba, tandis que ses partisans se rassemblaient à Caracas pour lui exprimer leur soutien à l'occasion de ce qui devait être le jour de son investiture pour un nouveau mandat de six ans.

Le report -sans précédent dans l'histoire du Venezuela- de la cérémonie souligne la gravité de son état de santé.

Hugo Chavez, qui est âgé de 58 ans, a subi le 11 décembre à La Havane une quatrième opération liée à la récidive d'un cancer révélé en juin 2011. On ignore de quel type de cancer il s'agit mais la tumeur se situe dans la région pelvienne.

En son absence, le vice-président Nicolas Maduro, qui partage les convictions socialistes du chef de l'Etat, est chargé d'expédier les affaires courantes.

"Vous qui êtes à pied, les humbles, les patriotes... Allons manifester! (...) 'Nous sommes tous des Chavez!'", a lancé ce dernier, appelant ses concitoyens à se rassembler en masse devant le palais présidentiel de Miraflores.

Le 'Comandante', omniprésent dans les médias depuis son arrivée au pouvoir en 1999, ne s'est pas montré depuis sa dernière opération, il y a un mois.

Les 29 millions de Vénézuéliens assistent depuis avec anxiété à ce qui pourrait bien être le dernier chapitre d'une vie hors du commun. Du dénuement de sa jeunesse, Hugo Chavez est parvenu à se hisser parmi les chefs d'Etat les plus illustres mais aussi les plus controversés de la planète.

CHEMISES ROUGES

De son sort dépendent en outre beaucoup de ses homologues d'Amérique latine, représentants comme lui de la gauche radicale, qui bénéficient depuis des années de ses largesses, alimentées par la manne pétrolière.

Malgré son absence, plusieurs d'entre eux, dont l'Uruguayen José Mujica, le Bolivien Evo Morales et le Nicaraguayen Daniel Ortega, se sont rendus à Caracas pour l'occasion.

"Nous devons manifester notre solidarité en cette période extrêmement pénible pour un homme qui n'a pas oublié mon peuple, que n'a pas tourné le dos", a déclaré José Mujica.

"On ne voit pas beaucoup d'exemples d'une telle solidarité à travers le monde", a ajouté l'ancien guérillero devant les caméras de Telesur, chaîne de télévision latino-américaine mise sur pied par le président vénézuélien pour contrer l'influence des médias occidentaux.

Vêtus de rouge, les partisans d'Hugo Chavez ont commencé à se rassembler au petit matin aux abords du palais présidentiel.

Miraflores a été le théâtre de quelques-uns des moments forts de sa présidence, du coup d'Etat qui l'a brièvement écarté du pouvoir en 2002 à ses retours chargés d'émotion après les traitements médicaux à La Havane, en passant par ses discours enflammés après les grandes batailles électorales.

Le Tribunal suprême a jugé mercredi le report sine die de la cérémonie d'investiture conforme à la Constitution, mais l'opposition dénonce une manipulation du vice-président et de son camp.

"PERSONNE N'EST IRREMPLAÇABLE"

Henrique Capriles, adversaire malheureux d'Hugo Chavez à la présidentielle d'octobre, s'est prononcé contre l'organisation d'une manifestation concurrente pour éviter tout débordement.

"Ne pas appeler les gens à descendre dans la rue n'est pas une signe de faiblesse, mais de responsabilité", a-t-il déclaré à la presse. "A qui profiterait le scénario de la confrontation? A eux, les pseudo-dirigeants qui ne sont pas propriétaires de ce pays ni de sa souveraineté."

L'état-major a fait savoir que le dispositif de sécurité avait été renforcé aux frontières pour "la paix et la tranquillité" des Vénézuéliens. L'ambassade des Etats-Unis a invité les ressortissants américains à la vigilance.

Les autorités se montrent avares de détails sur l'état de santé d'Hugo Chavez, ce qui alimente les rumeurs.

Caracas a toutefois fait savoir qu'il souffrait de complications post-opératoires et notamment d'une grave infection pulmonaire. Sur Twitter, certains le disent en réanimation ou exposé à la défaillance d'un organe vital.

Lors de la campagne électorale, à l'automne dernier, il avait semblé rétabli, mais quelques semaines à peine après sa réélection, il a dû retourner à La Havane pour un nouveau traitement. Contrairement à ses précédentes hospitalisations, aucune image de lui n'a été diffusée depuis son retour à Cuba.

Ses partisans, qui n'ont pas perdu espoir de le voir revenir aux affaires, semblent néanmoins se faire peu à peu à l'idée d'un Venezuela sans lui.

"Nous sommes tous nécessaires mais personne n'est irremplaçable et le processus révolutionnaire doit se poursuivre dans notre Amérique", a ainsi souligné le président équatorien, Rafael Correa, un ami personnel d'Hugo Chavez.

Avec Malena Castaldi à Montevideo; Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Gilles Trequesser