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Les cardinaux veulent être informés sur les "affaires"

Quelque 150 cardinaux de l'Eglise catholique se sont réunis lundi matin au Vatican pour plusieurs jours de "congrégations générales" afin de préparer le concile qui désignera le successeur du pape Benoît XVI. /Photo prise le 4 mars 2013/REUTERS/Osservator

Quelque 150 cardinaux de l'Eglise catholique se sont réunis lundi matin au Vatican pour plusieurs jours de "congrégations générales" afin de préparer le concile qui désignera le successeur du pape Benoît XVI. /Photo prise le 4 mars 2013/REUTERS/Osservator - -

par Philip Pullella CITE DU VATICAN (Reuters) - Plus de 140 cardinaux de l'Eglise catholique se sont réunis lundi au Vatican pour plusieurs jours de...

par Philip Pullella

CITE DU VATICAN (Reuters) - Plus de 140 cardinaux de l'Eglise catholique se sont réunis lundi au Vatican pour plusieurs jours de "congrégations générales", réunions préparatoires au concile qui désignera, probablement la semaine prochaine, le successeur du pape Benoît XVI.

Dès le premier jour, ils ont demandé à être informés sur le rapport secret remis à Benoît XVI après le scandale du VatiLeaks l'an dernier et qui porterait sur des affaires de corruption, de mauvaise gestion et de rivalités au sein du Vatican.

"Ils veulent être informés sur ce rapport mais c'est un document très volumineux et qui techniquement doit rester secret", a dit l'un des cardinaux présents, qui a requis l'anonymat. Il n'a pas précisé si cette demande avait été faite officiellement durant les sessions ou simplement lors de discussions informelles.

Le rapport a été rédigé l'an dernier par trois cardinaux, présents aux congrégations générales mais qui, âgés de plus de 80 ans, ne participeront donc pas à l'élection du 266e chef de l'Eglise catholique.

Benoît XVI a décidé que le document ne serait remis qu'à son successeur mais un responsable du Saint-Siège a indiqué que ses rédacteurs, sans trahir le secret, pourraient "avec discernement" donner quelques indices nécessaires pour éclairer leurs pairs.

Lors de deux conférences de presse lundi, le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, tout comme deux cardinaux américains présents, ont refusé de se laisser entraîner sur ce terrain par les questions des journalistes.

LE POIDS DES SCANDALES SEXUELS ET DU VATILEAKS

Les cardinaux sont arrivés dans la matinée en voiture particulière, en taxi ou en minibus aux portes de l'Etat pontifical pour ces réunions, en moyenne deux par jour, qui leur permettront cette semaine de mieux se connaître et de fixer la date du début du conclave qui choisira le nouveau chef des 1,2 milliard de catholiques dans le monde.

Selon toute vraisemblance, le conclave, qui réunira dans la chapelle Sixtine environ 115 cardinaux électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - s'ouvrira dans la semaine du 11 mars. L'objectif est d'avoir un nouveau souverain pontife pour les cérémonies de la semaine sainte, qui débuteront le dimanche des Rameaux le 24 mars et culmineront le dimanche de Pâques marquant la résurrection du Christ.

Elu en avril 2005, Benoît XVI, invoquant des raisons de santé, a officiellement quitté le trône de saint Pierre jeudi dernier et s'est retiré pour quelques semaines dans la résidence d'été des papes à Castel Gandolfo, au sud-est de Rome, avant de s'installer le mois prochain dans un couvent des jardins du Vatican.

Le nouveau pontife aura notamment à répondre aux défis posés à l'Eglise par la révélation ces derniers années de scandales sexuels remontant pour la plupart à plusieurs décennies mais qui ont créé un profond malaise, ainsi que par les affaires de corruption et de rivalités profondes au sein de la hiérarchie vaticane suggérées l'an dernier par le VatiLeaks.

"Nous parlerons lors des congrégations générales de ces problèmes et de la nécessité pour le nouveau pape d'y faire face sans faiblesse", a dit le cardinal britannique Cormac Murphy-O'Connor, ancien archevêque de Westminster.

UN PAPE NON EUROPÉEN ?

"Nous avons besoin d'un homme de gouvernance, c'est-à-dire d'un homme capable de gouverner l'Eglise en lien étroit avec les personnes compétentes qu'il aura choisies", a-t-il ajouté.

"Nous aurons des réunions toute cette semaine pour mieux nous connaître et examiner les questions qui se posent à nous", a expliqué le cardinal français André Vingt-Trois, archevêque de Paris, à son arrivée au Vatican.

L'un des cardinaux électeurs, le Britannique Keith O'Brien, 74 ans, a démissionné la semaine dernière de son poste d'archevêque d'Edimbourg après avoir confessé "un comportement sexuel inadapté" envers des prêtres et des séminaristes. Il ne participera pas au conclave.

"L'Eglise a une responsabilité particulière en ce qui concerne la morale (...) mais il y a parfois des individus qui trébuchent", dit le cardinal Murphy-O'Connor qui, âgé de plus de 80 ans, n'est pas cardinal électeur.

Selon certaines spéculations, le prochain chef de l'Eglise catholique pourrait ne pas être un Européen, peut-être un Africain ou un Asiatique.

On cite parmi les "papabili" le Ghanéen Peter Turkson, l'Argentin Leonardo Sandri, l'Autrichien Christoph Schönborn, le Brésilien Odilo Scherer, le Canadien Marc Ouellet et l'Italien Angelo Scola, mais aucun nom ne se détache vraiment.

Pour le cardinal Leonardo Sandri, un Argentin de 69 ans, membre éminent de la Curie appelé à jouer un rôle influent lors du conclave, le prochain pape ne doit pas être choisi en fonction de considérations géographiques. Il faut un "saint homme", qui soit le plus qualifié pour diriger la barque de Pierre en ces temps de crise, dit-il.

Préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales depuis 2007, Mgr Sandri se dit "sceptique face à ces considérations géographiques". "On ne doit pas élire quelqu'un simplement parce qu'il n'est pas un Européen..."

Avec Tom Heneghan, Cristiano Corvino et Michael Holden; Guy Kerivel pour la version française, édité par Pascal Liétout