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« Les arrestations arbitraires ont été massives »

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Matthieu Ricard, Porte-parole en France du Dalaï-Lama, a évoqué le climat de terreur qui règne actuellement au Tibet.

En direct par téléphone durant l'interview d'Ursula Gauthier, le porte-parole en France du Dalaï-Lama Matthieu Ricard est revenu sur les méthodes utilisées par la police chinoise au Tibet : « On a toujours été en contact avec des gens qui, au péril de leur vie, ont pris le risque de continuer à téléphoner au moment des évènements et ensuite. C'est vrai qu'il y a un climat de terreur qui règne, la Chine veut imposer un contrôle à 100% et ils le font par la force brutale ».

« Malgré tout, il y a quand même des témoignages qui sortent, Ursula en a cité un dans le Nouvel Observateur, moi-même j'en ai reçu un très détaillé d'une personne qui a quand même réussi à sortir et qui montrait à quel point les arrestations arbitraires ont été massives. Les policiers ratissaient toutes les maisons, et dans une maison ils prenaient à chaque fois 4 ou 5 personnes. Je connais un tailleur qui a vu 6 personnes arrêtées dans sa maison ».

« Dans un autre cas, c'est une histoire dramatique : les policiers arrivent, embarquent trois personnes dont un moine de 32 ans. Et le moine, pour aller plus vite, ils l'ont jeté par la fenêtre du 1er étage. Il a atterri sur le pavé, ils l'ont embarqué avec deux autres membres de la famille. Le moine est mort en route vers la prison militaire et les deux autres survivants, pendant 6 jours et 6 nuits, ont été privés non seulement de nourriture mais de boisson. Sans même être interrogés. Au bout de 6 jours, ils ont été livrés à la police qui a commencé à les interroger. Ils ne pouvaient plus parler, on les a un peu ramenés à la vie et tout ça pour s'apercevoir qu'ils n'étaient même pas à Lhassa pendant les manifestations ».

« Avec ce genre de traitements, il y a quand même plusieurs milliers de personnes qui ont disparu sans laisser de traces. Les prisons dans les environs de Lhassa regorgent de monde et on sait qu'il y en a qui ont été envoyés dans d'autres régions, c'est presque une déportation et des rafles. Les gens la nuit dorment tout habillés car dans certains cas la police arrivait et les embarquait en caleçon. C'est de la terreur ».

La rédaction-Bourdin & Co