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Les affrontements se poursuivent place Tahrir au Caire

Les affrontements entre militaires et manifestants se poursuivaient dimanche sur la place Tahrir du Caire. Ces incidents, dont l'origine fait l'objet d'hypothèses diverses, ont fait 10 morts et des centaines de blessés depuis vendredi. /Photo prise le 18

Les affrontements entre militaires et manifestants se poursuivaient dimanche sur la place Tahrir du Caire. Ces incidents, dont l'origine fait l'objet d'hypothèses diverses, ont fait 10 morts et des centaines de blessés depuis vendredi. /Photo prise le 18 - -

par Alexander Dziadosz LE CAIRE (Reuters) - Les affrontements entre militaires et manifestants se poursuivaient dimanche sur la place Tahrir du Caire...

par Alexander Dziadosz

LE CAIRE (Reuters) - Les affrontements entre militaires et manifestants se poursuivaient dimanche sur la place Tahrir du Caire en plein processus électoral en Egypte, mettant en évidence la contestation croissante envers l'armée.

Ces incidents, dont l'origine fait l'objet d'hypothèses diverses, ont fait 10 morts et des centaines de blessés depuis vendredi.

L'armée a érigé des barrières dans les rues menant à la place Tahrir, épicentre du mouvement ayant poussé l'ex-président Hosni Moubarak à quitter le pouvoir le 11 février.

La place est à nouveau au coeur des violences alors que les manifestants exigent des militaires qu'ils tiennent leur promesse de remettre le pouvoir aux civils.

La télévision a diffusé des images de militaires chargeant les manifestants dans la nuit place Tahrir, après des jets de pierres et de cocktails Molotov la soirée précédente.

Les affrontements ont éclipsé la tenue des élections législatives étalées en plusieurs phases. Alors que certains Egyptiens restent révoltés par l'attitude de l'armée, d'autres estiment qu'il vaudrait mieux se concentrer sur le scrutin que sur de nouvelles manifestations.

Les législatives, qui se déroulent en plusieurs phases, ont débuté le 28 novembre et les islamistes arrivent pour l'instant en tête. Dans la semaine précédant les premières opérations de vote, des violences ont déjà éclaté à travers le pays, faisant 42 morts.

"CHAT ET SOURIS"

La deuxième phase du processus électoral s'est déroulée dans le calme mercredi et jeudi. Le second tour de scrutin dans les circonscriptions concernées par cette deuxième phase aura lieu les 21 et 22 décembre.

Le Conseil suprême des forces armées doit rester au pouvoir après la fin, prévue en janvier, des législatives, mais a promis de remettre le pouvoir à un président démocratiquement élu avant le mois de juillet.

"Le conseil militaire doit s'en aller", s'exclamait un manifestant dénommé Mohamed, le crâne entouré de bandages après les heurts de la nuit.

Non loin, quelques dizaines de jeunes manifestants continuaient à lancer des pierres en direction de militaires abrités derrière des plaques de métal et des barbelés.

"C'est le jeu du chat et de la souris. L'armée lance des assauts, puis se retire", a commenté Mostafa Fahmy, un manifestant joint par téléphone peu avant l'aube.

Dix mois après le renversement d'Hosni Moubarak, les tensions persistent en Egypte. Une partie de la population soupçonne l'armée de profiter de son rôle à la tête du processus de transition pour tenter de conserver le pouvoir. D'autres savent gré aux militaires de chercher à maintenir le calme et l'ordre afin de permettre le bon déroulement des élections.

Le ministre de la Santé Fouad al Naouaoui a fait état de 10 morts et 441 blessés depuis vendredi. Les médias publics ont rapporté qu'au moins 200 personnes avaient été hospitalisées.

Parmi les morts figure Emad Effat, un responsable du Dar al Ifta, organe religieux chargé de lancer des fatwas. Sa veuve a déclaré à Reuters qu'il avait été tué par balles. "A bas le régime militaire !", a scandé la foule lors de ses obsèques samedi.

Le Premier ministre intérimaire nommé par l'armée, Kamal al Ganzouri, a imputé la violence aux manifestants, qu'il a accusés d'avoir attaqué le siège du gouvernement et du Parlement.

"Je m'adresse à l'ensemble des forces et mouvements politiques pour leur dire que le sort de l'Egypte réside entre vos mains. Ce qui se passe aujourd'hui dans les rues n'est pas une révolution, mais plutôt une attaque dirigée contre la révolution", a-t-il souligné.

Avec Ashraf Fahim, Marwa Awad et Dina Zayed; Jean-Loup Fiévet, Bertrand Boucey et Gregory Schwartz pour le service français