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Lente reprise des vols, le volcan se stabilise

Après la réouverture de l'aéroport de Belfast. Le trafic aérien européen reprend doucement, après cinq jours de perturbations liées à une éruption volcanique en Islande, mais de nombreux avions sont toujours cloués au sol et les espaces aériens de plusieu

Après la réouverture de l'aéroport de Belfast. Le trafic aérien européen reprend doucement, après cinq jours de perturbations liées à une éruption volcanique en Islande, mais de nombreux avions sont toujours cloués au sol et les espaces aériens de plusieu - -

Le trafic aérien européen reprend doucement après 5 jours de perturbations dues au nuage volcanique. Mais les espaces aériens de certains pays restent fermés.

par Greg Roumeliotis

PARIS (Reuters) - Les aéroports européens, coupés du monde durant cinq jours par un nuage de cendres, ont commencé à reprendre leurs activités mardi, mais une partie de l'espace aérien est restée fermée en raison d'informations annonçant l'arrivée possible d'une nouvelle masse de cendres volcaniques.

Italie, France et Suisse ont rouvert leurs aéroports en début de matinée, mais de nombreux vols restaient annulés. En Italie, seuls quelques appareils ont décollé dans la matinée, principalement des vols intérieurs.

En Grande-Bretagne, le Service national du trafic aérien (Nats) a indiqué que les vols seraient autorisés sous 6.000 mètres dans l'espace aérien du pays entre 18h00 GMT et minuit GMT.

Les restrictions de vol sous ce plafond seront cependant maintenues sur la majeure partie du territoire britannique jusqu'à minuit GMT au moins, les contrôleurs ayant annoncé l'arrivée possible d'un nouveau nuage de cendres venu d'Islande.

Cela concerne en particulier l'aéroport de Londres-Heathrow, le plus actif d'Europe, mais pas ceux du Nord.

Le ciel était également fermé en Finlande, en Pologne et dans une partie de l'Irlande et de la Suède - où l'aéroport de Stockholm est fermé jusqu'à mercredi matin au moins.

REPRISE LENTE EN FRANCE

En France, où le trafic a repris très lentement, on s'attendait à ce qu'un petit tiers des vols prévus mardi soient assurés au départ des aéroports parisiens, selon le secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau.

La France n'hésitera pas à fermer à nouveau son espace aérien, a prévenu le secrétaire d'Etat au Tourisme, Hervé Novelli. "Il n'y a pas d'hésitation à avoir avec la sécurité des passagers lorsque celle-ci peut être en jeu", a-t-il dit.

Le territoire français est considéré comme "zone de précaution" par l'UE, qui a fait la distinction lundi avec les "zones d'interdiction" où tout trafic aérien reste banni. Cela a permis de mettre en place des "corridors" pour faire décoller certains appareils vers l'étranger et les aéroports du sud de la France qui sont restés ouverts.

L'UE a reconnu la lenteur des progrès.

"Nous savons qu'il y a encore beaucoup de problèmes pour les passagers au sol", a déclaré Helen Kearns, porte-parole de la Commission européenne, lors d'un point de presse. "Nous faisons face à une crise sans précédent. Les perturbations vont se poursuivre durant la semaine."

L'Allemagne a annoncé qu'elle maintenait son interdiction de survol jusqu'à 18h00 GMT au moins moyennant quelques exceptions.

Quelques compagnies ont profité de cette ouverture. La Lufthansa a ainsi fait décoller des avions qui naviguent à vue, ce qui ne requiert pas l'aval du contrôle aérien, vers des destinations comme Séoul, New York et Lagos.

L'accord par lequel les pays de l'UE ont décidé lundi de réduire la zone d'interdiction de vol a fait suite à d'intenses pressions des compagnies aériennes qui, selon leurs représentants, perdent 250 millions de dollars par jour.

Les perturbations en série provoquées par le nuage de cendres issu d'un volcan islandais ont bloqué des millions de personnes à la fin des vacances de Pâques. Un analyste a jugé possible qu'elles finissent par coûter globalement quelque trois milliards de dollars aux transporteurs de passagers et de fret.

VOYAGEURS EN QUÊTE DE TRANSPORTS

Beaucoup de voyageurs ont passé les cinq derniers jours à rechercher désespérément des moyens de rentrer chez eux par la route, par les chemins de fer ou par bateau, afin de pouvoir reprendre leur travail.

Selon le Quai d'Orsay, 85.000 Français restaient immobilisés à l'étranger, dont 12.000 aux Etats-Unis et 10.000 en Turquie.

Un homme d'affaires britannique, Chris Thomas, qui tente depuis jeudi de regagner son pays à partir de Los Angeles, s'est rendu à Mexico et comptait ensuite gagner Madrid pour y louer une voiture et rouler quatorze heures jusqu'à Paris. Il comptait emprunter l'Eurostar sous la Manche, puis faire quatre heures de voiture jusqu'au Pays de Galles.

"C'est un peu fou, mais on est obligé de pécher par excès de prudence, a-t-il dit. Personne ne veut se trouver sur le premier avion victime d'un nuage volcanique."

Le Nats britannique a annoncé cette nuit que l'éruption volcanique se renforçait et qu'un nouveau nuage de cendres s'étendait en direction du sud et de l'est, vers le Royaume-Uni. Cela démontre "la rapidité des changements qui affectent la situation", ajoutait-il.

Selon les scientifiques islandais au chevet de l'Eyjafjöll, l'activité du volcan est constante et, si la lave continue de s'accumuler dans l'un de ses cratères, le panache de cendres qui s'en dégage a perdu en altitude.

Selon Gudrun Nina Peterson, des services météo islandais, le panache détecté au nord du Royaume-Uni avait sans doute été émis par le volcan avant que les conditions changent.

Un expert de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a déclaré mardi à Genève qu'une dépression évoluant vers l'Islande devrait contribuer à dissiper dans les prochains jours le nuage de cendres qui perturbe le trafic aérien.

L'organisme européen de l'aviation civile, Eurocontrol, estime que 9.000 vols ont pu être effectués en Europe lundi, soit le tiers du volume habituel. Pour mardi, Eurocontrol prévoyait 14.000 vols, contre 27.000 à 28.000 en temps normal.

Les perturbations ont pour l'instant coûté 200 millions d'euros aux transporteurs aériens et voyagistes en France, a déclaré le secrétaire d'Etat au Tourisme, Hervé Novelli.

Avec les bureaux européens. Gregory Schwartz et Philippe Bas-Rabérin pour le service français