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Le Vatican envisage de limiter l'accès à la chapelle Sixtine

L'accès à la chapelle Sixtine, l'une des merveilles des palais pontificaux du Vatican, pourrait à terme être limité afin de protéger ses fresques peintes par Michel-Ange au début du XVIe siècle des dégâts liés à l'afflux massif de visiteurs. /Photo d'arch

L'accès à la chapelle Sixtine, l'une des merveilles des palais pontificaux du Vatican, pourrait à terme être limité afin de protéger ses fresques peintes par Michel-Ange au début du XVIe siècle des dégâts liés à l'afflux massif de visiteurs. /Photo d'arch - -

CITE DU VATICAN (Reuters) - L'accès à la chapelle Sixtine, l'une des merveilles des palais pontificaux du Vatican, pourrait à terme être limité...

CITE DU VATICAN (Reuters) - L'accès à la chapelle Sixtine, l'une des merveilles des palais pontificaux du Vatican, pourrait à terme être limité afin de protéger ses fresques demi-millénaires de dégâts commis par un afflux massif de visiteurs.

Les fresques de la renommée mondiale, peintes par Michel-Ange au début du XVIe siècle, pourraient en effet être victimes de leur succès.

La chapelle Sixtine est l'un des lieux les plus visités au monde avec une affluence quotidienne de quelque 20.000 personnes.

L'oeuvre de Michel-Ange avait pourtant fait l'objet de critiques de son vivant, la représentation de corps nus lui ayant valu d'être accusé d'obscénité et les responsables de l'Église avaient ordonné après sa mort la couverture des parties intimes représentées par la peinture de pagnes.

Cinq millions de touristes se pressent chaque année dans la chapelle Sixtine pour admirer les peintures représentant les douze apôtres et des épisodes de la Genèse, tels que la célébrissime "Création d'Adam" où Dieu tend la main vers Adam pour lui donner la vie, qui ornent sa voûte en berceau.

Outre ses fresques, oeuvre de quatre années de travail frénétique du peintre et sculpteur, la chapelle Sixtine est également un lieu hautement symbolique puisqu'elle accueille le conclave qui se réunit en secret lorsqu'un nouveau pape doit être désigné.

Fin septembre, l'écrivain et critique littéraire Pietro Citati avait publié une tribune dans le quotidien italien "Corriere della Sera" dénonçant le comportement des hordes de touristes qui visitaient chaque jour ce lieu sacré.

Comparant les touristes à un "troupeau d'ivrognes", le critique appelait à une division par quatre ou cinq du nombre de visiteurs qui foulent ce sol couvert de marbre polychrome.

PURIFICATION DE L'AIR

Les touristes endommagent de manière involontaire les fresques avec leur respiration, leur sudation, la chaleur de leurs corps et la poussière se trouvant sur leurs chaussures, expliquait-il.

Et l'atmosphère y est tout sauf contemplative, les touristes ignorant les consignes de silence, de calme et les interdictions de photographier les oeuvres.

Le directeur des musées du Vatican, Antonio Paolucci, a dit de son côté ne pas envisager de limitation du nombre de visiteurs "à court et moyen terme", mais que les musées n'auraient pas d'autre choix à plus long terme.

"La pression exercée par les être humains telle que la poussière introduite, l'humidité des corps, le CO2 de carbone produit par la respiration peut provoquer une gêne pour les visiteurs et, à long terme, endommager les peintures", a-t-il déclaré dans un article publié par le journal du Vatican pour marquer le 500e anniversaire des fresques.

"Nous pourrions avoir à limiter l'accès (...) ce que nous ferons si le tourisme augmente au-delà du raisonnable et si nous ne sommes pas en mesure de répondre de manière adéquat au problème."

Un système de purification de l'air composé de filtres et de contrôles du degré d'humidité a été installé dans ces lieux sacrés en 1994, après un processus de restauration qui a duré 14 ans, mais l'expansion du nombre de visiteurs a depuis rendu obsolète ce système.

La société Carrier, une filiale de United Technologies, étudie un système de climatisation "nouveau, de haute technologie, radicalement innovant" afin de protéger les fresques, a ajouté Antonio Paolucci, précisant que celui-ci devrait être opérationnel l'an prochain.

Le moyen devra être trouvé, a-t-il insisté, de permettre autant que faire se peut de satisfaire la soif de culture des visiteurs tout en protégeant les précieuses fresques des dommages provoqués par l'homme.

Agathe Machecourt pour le service français