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Le tabloïd News of the World tire sa révérence sans éclat

Un simple "Merci et adieu" s'étale dimanche à la une du tabloïd britannique News of the World, qui disparaît ainsi avec une discrétion peu habituelle. Un piratage de messageries téléphoniques appartenant à des stars, aux proches de soldats tués au combat

Un simple "Merci et adieu" s'étale dimanche à la une du tabloïd britannique News of the World, qui disparaît ainsi avec une discrétion peu habituelle. Un piratage de messageries téléphoniques appartenant à des stars, aux proches de soldats tués au combat - -

par Mike Collett-White et Sudip Kar-Gupta LONDRES (Reuters) - Ni scandale, ni micmac royal, ni révélation choc sur un match truqué : pour son dernier...

par Mike Collett-White et Sudip Kar-Gupta

LONDRES (Reuters) - Ni scandale, ni micmac royal, ni révélation choc sur un match truqué : pour son dernier numéro, c'est un simple "Merci et adieu" qui s'étale dimanche à la une du tabloïd britannique News of the World, qui disparaît ainsi avec une discrétion peu habituelle.

Ces mots s'inscrivent dans un montage de quelques-unes des premières pages les plus célèbres du journal dominical le plus vendu de Grande-Bretagne, signe d'une certaine fierté de la part de son personnel qui doit désormais trouver d'autres emplois.

News of the World, fleuron britannique du groupe News Corp de Rupert Murdoch, servait chaque semaine à son vaste lectorat des "unes" outrageuses sur des personnalités riches, célèbres, excentriques ou dépravées ainsi que des scoops de toutes sortes.

Mais un piratage de messageries téléphoniques appartenant à des stars, aux proches de soldats tués au combat et à une adolescente enlevée et assassinée en mars 2002, a entraîné la fermeture du journal, qui existait depuis 168 ans.

Rupert Murdoch, patron du groupe News Corp qui est propriétaire de News of the World ainsi que du Sun, du Times et du Sunday Times, se rend ce week-end à Londres pour tenter de limiter les effets du scandale qui a éclaboussé jusqu'au gouvernement de David Cameron.

"UN JOUR AFFREUX"

Les journalistes du tabloïd, où quelque 200 personnes ont perdu leur poste, ont exprimé le sentiment d'avoir été sacrifiés sans ménagement pour préserver les intérêts en Grande-Bretagne du groupe News Corp, notamment sa volonté de racheter la chaîne de télévision à péage BSkyB.

"Je me sens très triste. C'est un jour affreux pour nous tous. Il n'a pas été facile de mettre en forme le dernier numéro", a déclaré à la presse Harry Scott, l'un des responsables de la rédaction de News of the World, devant les locaux du tabloïd dans l'est de Londres.

Pour beaucoup d'employés, News Corp tenterait de faire coup double: la fermeture de News of the World lui permettrait de faire des économies et de préserver ses chances d'acquérir BSkyB. Dans ce scénario, la disparition du tabloïd serait compensée par la parution du Sun le dimanche.

Rebekah Brooks, patronne controversée de la branche britannique de News Corp, a démenti ces soupçons et a prévenu que de nouveaux rebondissements étaient à attendre.

Rebekah Brooks est au coeur du scandale car une partie des écoutes illégales imputées à News of the World aurait eu lieu alors qu'elle dirigeait le tabloïd. Elle nie avoir eu connaissance de ces pratiques et Rupert Murdoch a refusé de la faire partir de la direction de News International, la branche britannique de son groupe.

Le tirage du dernier News of the World a été porté à quelque cinq millions d'exemplaires, soit près du double du chiffre habituel, en prévision d'une demande exceptionnelle pour ce numéro fatalement historique.

Bertrand Boucey et Philippe Bas-Rabérin pour le service français