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Le "quartet" désavoue Israël sur les colonies, attend un "geste"

Tony Blair, représentant du "quartet" des médiateurs internationaux, en compagnie de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, du secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon et de la représentan

Tony Blair, représentant du "quartet" des médiateurs internationaux, en compagnie de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, du secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon et de la représentan - -

par Arshad Mohammed et Conor Sweeney MOSCOU - Réuni à Moscou au plus haut niveau, le "quartet" des médiateurs internationaux pour le Proche-Orient...

par Arshad Mohammed et Conor Sweeney

MOSCOU (Reuters) - Réuni à Moscou au plus haut niveau, le "quartet" des médiateurs internationaux pour le Proche-Orient a condamné le projet de construction de nouveaux logements pour des Juifs au nord de la vieille ville de Jérusalem et a demandé à Israël un gel total de ses activités de colonisation.

Le projet israélien, annoncé la semaine dernière en pleine visite du vice-président américain Joe Biden à Jérusalem, avait été jugé insultant par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton et avait provoqué un report d'une nouvelle mission de son émissaire George Mitchell pour favoriser des pourparlers indirects sous son égide entre Israéliens et Palestiniens.

Mais Clinton, qui avait exigé de Benjamin Netanyahu des preuves formelles de sa volonté de paix, a informé le "quartet" qu'elle avait eu avec le Premier ministre israélien jeudi une conversation lors de laquelle il avait répondu de façon "utile et productive" à ses préoccupations.

Le chef de la diplomatie américaine n'a fourni aucun détail sur le contenu des engagements pris par Netanyahu, mais l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, émissaire du "quartet" composé des Etats-Unis, de l'Union européenne, de la Russie et de l'Onu, s'est montré optimiste.

Il a dit à Reuters attendre "dans les prochains jours" une série de mesures israéliennes pour établir la confiance avec les Palestiniens" permettant de penser que, "malgré les difficultés des derniers jours", cela vaudrait le coup d'engager des pourparlers indirects.

WASHINGTON "ÉTUDIE" LA RÉPONSE DE NETANYAHU

Selon le quotidien israélien Haaretz, Netanyahu aurait évoqué avec Clinton la libération de détenus palestiniens, la levée de barrages en Cisjordanie et le transfert à l'Autorité palestinienne du maintien de l'ordre dans certaines localités du territoire occupé.

Un porte-parole de Netanyahu a déclaré que celui-ci avait "clarifié" auprès de la secrétaire d'Etat la politique d'Israël concernant les colonies juives. A Moscou, le porte-parole du département d'Etat a déclaré que Washington allait " étudier la réponse du Premier ministre".

Le président palestinien Mahmoud Abbas, qui refuse toute négociation directe faute d'un gel total de la colonisation, avait accepté d'engager des discussions dites de "proximité" par le truchement de Mitchell, mais il est revenu sur cet accord à l'annonce du projet de 1.600 nouveaux logements dans le "Grand Jérusalem".

Un conseiller d'Abbas, Nabil Abou Rdaïnah, s'est félicité vendredi de "la déclaration très importante" du "quartet" qui est, selon lui, "parfaitement conforme à la position palestinienne et arabe" ajoutant: "Il est d'une importance cruciale qu'Israël s'y conforme pour que le processus de paix puisse reprendre".

A Moscou, le porte-parole du département d'Etat a annoncé la poursuite des discussions avec les deux parties "pour que les pourparlers de proximité progressent", se référant à la nouvelle navette que George Mitchell entamera finalement dimanche au Proche-Orient.

MOSCOU "ESPÈRE QU'ISRAËL AURA ENTENDU"

Benjamin Netanyahu est quant à lui attendu lundi à Washington pour s'adresser à l'assemblée annuelle de l'America-Israel Public Affairs Committee, le principal lobby pro-israélien, en marge de laquelle il pourrait rencontrer Clinton, à défaut du président Barack Obama lui-même.

Au delà de l'éventuel coup d'envoi des pourparlers de proximité, le "quartet" s'est prononcé à Moscou pour des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens afin d'aboutir dans un délai de deux ans à la fin de l'occupation israélienne et à l'avènement d'un Etat palestinien.

Le "quartet" a promis de "suivre de près la situation à Jérusalem" et se réserve de "prendre des mesures supplémentaires qui pourraient s'avérer nécessaires", mais il ne dispose pas lui-même de moyens de faire appliquer ses recommandations.

Les médiateurs ont en outre condamné la détérioration de la situation humanitaire et des droits de l'homme dans la bande de Gaza contrôlée par le Hamas et soumise à un strict blocus israélien, soulignant "l'urgence de résoudre la crise" dans ce territoire dévasté par l'offensive de Tsahal à l'hiver 2008-09.

"Nous sommes convaincus que tout ceci sera entendu en Israël et qu'ils auront compris correctement le message", a conclu l'hôte de la réunion de Moscou, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

Marc Delteil, pour le service français, édité par Gilles Trequesser