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Le président serbe à Vukovar pour prôner la réconciliation

Nouvelle initiative en faveur de la réconciliation dans les Balkans, le président serbe Boris Tadic (à gauche) s'est rendu jeudi à Vukovar, ville-symbole de la guerre en Croatie où il a présenté ses excuses pour les atrocités commises par les Serbes en 19

Nouvelle initiative en faveur de la réconciliation dans les Balkans, le président serbe Boris Tadic (à gauche) s'est rendu jeudi à Vukovar, ville-symbole de la guerre en Croatie où il a présenté ses excuses pour les atrocités commises par les Serbes en 19 - -

par Ivana Sekularac VUKOVAR, Croatie (Reuters) - Nouvelle initiative en faveur de la réconciliation dans les Balkans, le président serbe Boris Tadic...

par Ivana Sekularac

VUKOVAR, Croatie (Reuters) - Nouvelle initiative en faveur de la réconciliation dans les Balkans, le président serbe Boris Tadic s'est rendu jeudi à Vukovar, ville-symbole de la guerre en Croatie où il a présenté ses excuses pour les atrocités commises par les Serbes en 1991.

Tadic est le premier dignitaire serbe de haut rang à se rendre dans cette ville de l'est de la Croatie, à la frontière serbe, dévastée dans les premiers mois du conflit qui a suivi le démembrement de l'ex-Yougoslavie.

Accompagné de son homologue croate, Ivo Josipovic, Boris Tadic a déposé une couronne de fleurs à Ovcara, où plus de 200 patients d'un hôpital furent exécutés après la capture de Vukovar par l'armée yougoslave et les milices serbes à la suite d'un siège de trois mois.

"Je suis ici pour rendre hommage aux victimes, présenter des paroles d'excuse, exprimer le regret et créer une possibilité pour la Serbie et la Croatie de tourner une nouvelle page", a déclaré solennellement le président serbe.

"Nos enfants ne doivent pas porter le fardeau des politiques des années 1990. La Serbie souhaite de bonnes relations de voisinage", a-t-il dit après avoir allumé un cierge au mémorial de la ville.

Son discours a été retransmis dans sa intégralité par la radio et la télévision croates. Mais même si une poignée d'anciens combattants de la guerre d'indépendance et de militants nationalistes ont organisé un rassemblement de protestation à Vukovar, cette visite a globalement suscité l'indifférence.

400 DISPARUS

Près de vingt ans après le siège, des ruines sont encore visibles à travers cette ville frontalière jadis prospère. Le chômage y dépasse les 30% et les relations entre les communautés croate et serbe restent glaciales.

"Ses excuses ne signifient pas grand-chose pour moi parce qu'il n'était pas personnellement responsable des crimes", déclare Vesna Bosanac, médecin à l'hôpital de Vukovar en 1991, qui a vu ses patients emmenés de force avant leur exécution.

"Peut-être qu'il pourra quand même faire pression sur les institutions et sur ceux qui savent exactement ce qui s'est passé ici, pour nous aider à résoudre la question des disparus."

La Croatie recherche toujours un millier de personnes portées disparues pendant la guerre de 1991-95. Près de 400 d'entre eux viennent de Vukovar.

A l'occasion de sa visite, Boris Tadic a remis aux autorités croates tous les documents saisis à l'époque, rapporte la presse locale.

La guerre de Croatie a commencé avec la proclamation d'indépendance des Croates en 1991, rejetée par les Serbes de Croatie qui, aidés et armés par Belgrade, ont conquis jusqu'à un tiers du territoire avant d'être vaincus en 1995.

Quinze ans après, tous les pays de la région aspirent à intégrer l'Union européenne, qui réclame en retour que les rivalités ethniques laissent place à une coopération régionale.

La Croatie espère conclure ses pourparlers d'adhésion l'an prochain et rejoindre l'UE en 2012 ou 2013. La Serbie a déposé une demande d'adhésion en décembre 2009 et attend d'obtenir le statut de candidat.

Belgrade a amélioré ses chances en modérant sa position sur son ancienne province du Kosovo, qui a proclamé son indépendance en février 2008. Mais certains membres de l'UE comme les Pays-Bas continuent de réclamer l'arrestation de l'ancien chef de guerre des Serbes de Bosnie Ratko Mladic comme condition sine qua non du rapprochement de Belgrade avec le bloc communautaire.

Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Gilles Trequesser