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Le président égyptien invite l'opposition à un dialogue samedi

Char et soldats égyptiens déployés aux abords du palais présidentiel au Caire. Le président égyptien Mohamed Morsi, confronté à une vague de mécontentement grandissant, a invité l'opposition à une réunion de dialogue national samedi au palais présidentiel

Char et soldats égyptiens déployés aux abords du palais présidentiel au Caire. Le président égyptien Mohamed Morsi, confronté à une vague de mécontentement grandissant, a invité l'opposition à une réunion de dialogue national samedi au palais présidentiel - -

par Edmund Blair et Marwa Awad LE CAIRE (Reuters) - Le président égyptien Mohamed Morsi, confronté à une vague de mécontentement grandissant, a...

par Edmund Blair et Marwa Awad

LE CAIRE (Reuters) - Le président égyptien Mohamed Morsi, confronté à une vague de mécontentement grandissant, a invité l'opposition à une réunion de dialogue national samedi au palais présidentiel après deux jours de violents affrontements entre ses partisans et ses adversaires.

Le Front de salut national, qui regroupe les différentes forces d'opposition et qui a lancé un nouvel appel à manifester vendredi, jour de la grande prière, a fait savoir jeudi soir qu'il examinait la proposition du chef de l'Etat.

"J'appelle à un dialogue large et productif avec l'ensemble des personnalités et responsables politiques, avec la jeunesse révolutionnaire et les plus hautes personnalités judiciaires", a déclaré Mohamed Morsi dans une allocution à la nation retransmise en direct à la télévision.

Le chef de l'Etat, issu des Frères musulmans, a par ailleurs assuré que le référendum sur le projet de nouvelle Constitution tant décrié par l'opposition aurait lieu comme prévu le 15 décembre.

Mohamed Morsi, à qui l'opposition reproche de vouloir s'octroyer des pouvoirs exorbitants, s'est engagé à former une nouvelle instance chargée de rédiger un nouvelle Loi fondamentale en cas de rejet du projet actuel jugé trop conservateur par nombre d'Égyptiens.

Les tensions entre le chef de l'Etat et la population sont montées d'un cran après la publication le 22 novembre d'un décret qui lui accorde des pouvoirs étendus et le met à l'abri de poursuites judiciaires.

Les affrontements qui ont éclaté ces derniers jours entre partisans et opposants réclamant le retrait du décret et l'abandon du référendum ont fait sept morts et 350 blessés.

"Ces événements douloureux se sont produits en raison de différends politiques qui devraient être résolus par le dialogue", a déclaré Mohamed Morsi lors de son allocution.

"Si cette disposition (sur l'immunité judiciaire, ndlr) inquiète, je n'insiste pas pour son maintien", a-t-il ajouté, précisant une nouvelle fois que seules les décisions "souveraines" étaient concernées par cette immunité et insistant sur le caractère temporaire du décret.

CHARS DÉPLOYÉS AUX ABORDS DU PALAIS

Un peu plus tôt jeudi, la Garde républicaine avait rétabli l'ordre aux abords du palais présidentiel au Caire, assiégé par l'opposition depuis deux jours et théâtre de heurts entre partisans et opposants dans la nuit de mercredi à jeudi.

Au moins cinq chars et neuf véhicules blindés de transport de troupes ainsi que des éléments de la Garde ont pris position aux abords du palais d'Héliopolis pour séparer sans violence les protagonistes, a dit le chef de cette unité d'élite, le général Mohamed Zaki.

"Les forces armées, au premier rang desquelles la Garde républicaine, ne seront pas un instrument de répression des manifestants", a-t-il assuré.

L'armée, qui a joué un rôle décisif dans la chute du régime Moubarak en février 2011, s'est tenue à l'écart des joutes politiques depuis l'accession à la présidence cet été de Mohamed Morsi et la mise à l'écart du maréchal Hussein Tantaoui, qui dirigeait le Conseil suprême des forces armées (CSFA).

QG DE LA CONFRÉRIE INCENDIÉS AU CAIRE

Selon l'agence de presse officielle Mena, des membres des Frères musulmans ont arrêté 49 manifestants blessés et ont refusé de les remettre aux autorités, une information aussitôt démentie par le porte-parole de la confrérie, Mahmoud Gozlan.

L'opposition a appelé à une nouvelle manifestation vendredi pour réclamer "la fin du régime des milices", faisant allusion au service d'ordre des Frères musulmans.

Dans un communiqué, Mohamed Badie, le Guide suprême des Frères musulmans, la première force politique en Egypte, a appelé à l'union, estimant que les divisions "ne servent que les ennemis de la nation."

Les troubles se sont étendus à d'autres villes, notamment Ismaïlia et Suez, où les locaux du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), vitrine politique des Frères musulmans, ont été incendiés.

Le siège principal des Frères musulmans au Caire a été incendié jeudi de même qu'une permanence de la confrérie dans une banlieue du sud de la capitale égyptienne, a annoncé l'agence Mena.

Le PLJ rapporte aussi sur sa page Facebook que le QG des Frères, situé dans le quartier de Moukattam, a été victime d'"une agression terroriste" menée par des voyous.

Selon Mena, les bureaux utilisés par le PLJ qui ont été incendiés se trouvaient dans la banlieue cairote de Maadi.

Une troisième permanence a été attaquée non loin du centre-ville, toujours d'après l'agence officielle.

A Genève, la Haut-commissaire de l'Onu pour les droits de l'homme, Navi Pillay, a appelé le gouvernement égyptien à assurer la protection des manifestants pacifiques et à poursuivre tout auteur d'incitation à la violence, y compris parmi la classe politique.

Avec Reuters TV, Tamim Elyan, Yasmine Saleh et Tom Perry; Jean-Philippe Lefief, Pierre Sérisier, Pascal Liétout, Jean-Loup Fiévet et Marine Pennetier pour le service français