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Le Premier ministre envisage d'imposer un couvre-feu à Bangkok

Manifestants antigouvernementaux près d'une barricade en flammes à Bangkok, dimanche. Le Premier ministre thaïlandais, Abhisit Vejjajiva, a déclaré que son gouvernement étudiait la possibilité de décréter un couvre-feu dans la capitale après trois jours d

Manifestants antigouvernementaux près d'une barricade en flammes à Bangkok, dimanche. Le Premier ministre thaïlandais, Abhisit Vejjajiva, a déclaré que son gouvernement étudiait la possibilité de décréter un couvre-feu dans la capitale après trois jours d - -

par Jason Szep et Ploy Ten Kate BANGKOK - Le Premier ministre thaïlandais, Abhisit Vejjajiva, déclare que son gouvernement étudie la possibilité de...

Par Jason Szep et Ambika Ahuja

BANGKOK (Reuters) - Le gouvernement thaïlandais a durci le ton face aux "chemises rouges", rejetant leur appel à des pourparlers sous l'égide de l'Onu et réclamant la reddition de leurs leaders après trois jours d'affrontements meurtriers.

La fermeté croissante des autorités douche tout espoir de compromis malgré le lourd bilan des combats qui font rage dans les rues de la capitale Bangkok, où au moins 29 personnes, toutes des civils, ont été tuées et 221 blessées, selon un dernier bilan officiel.

Nattawut Saikai, un leader du mouvement antigouvernemental, a demandé un cessez-le-feu et l'ouverture de discussions sous la médiation des Nations unies. "Nous n'avons pas d'autre condition. Nous ne voulons pas d'autres pertes", a-t-il dit aux manifestants.

Mais le gouvernement a rapidement rejeté son appel. "S'ils veulent vraiment dialoguer, ils ne doivent pas poser de conditions comme nous demander de retirer les troupes", a dit Korbsak Sabhavasu, secrétaire général du Premier ministre.

Tandis que les affrontements se poursuivaient dans deux secteurs au moins de Bangkok, les habitants se sont rués dans les supermarchés pour faire des réserves de nourriture. D'autres restaient à l'abri ou fuyaient les zones de combat.

"Le rejet de tout pourparler de cessez-le-feu est vraiment de mauvais augure", a estimé le politologue Vienrat Nethito, de l'université de Chulalongkorn. "Cela garantit presque la poursuite des combats et la ville pourrait se retrouver au bord de la guerre civile."

"NOUS NE POUVONS PAS RECULER"

Les affrontements les plus intenses ont eu lieu dans le secteur de Bon Kai, sur Rama IV, une grande rue du quartier d'affaires.

Soldats et tireurs d'élite, positionnés sur les toits, tirent à balles réelles tandis que les manifestants répliquent par des jets de pierre, de cocktail Molotov et incendient des barricades de pneus aspergés de kérosène pour se protéger.

Un manifestant a été atteint d'une balle en pleine tête, a rapporté un journaliste de Reuters. Dimanche après-midi, les violences ont redoublé et une grenade a été lancée sur les troupes qui ont répliqué, a-t-il ajouté.

Sansern Kaewkamnerd, porte-parole de l'armée, a expliqué que les soldats étaient autorisés à tirer sur les manifestants s'ils s'avancent à moins de 36 mètres des lignes tenues par l'armée.

Des manifestants blessés ont été transportés vers les hôpitaux sur des motos depuis les scènes de violences où les équipes d'urgence n'ont pu se rendre soit par peur après la mort de deux urgentistes, soit parce que l'armée les en empêchait.

Le porte-parole du gouvernement, Panitan Wattanayagorn, a une nouvelle fois appelé les "chemises rouges" à cesser leur mouvement et a demandé la reddition de leurs leaders.

"Nous ne pouvons pas reculer", a dit le chef du gouvernement Abhisit Vejjajiva lors d'une allocution télévisée.

La situation très tendue depuis des semaines entre "chemises rouges" et soldats a dégénéré jeudi soir après la tentative d'assassinat du conseiller militaire des manifestants, l'ex-général Khattiya Sawasdipol, dit le "commandant rouge".

MANIFESTANTS SOUS-ESTIMÉS

Les "chemises rouges", partisans de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, renversé par un coup d'Etat en 2006, réclament toujours le départ d'Abhisit Vejjajiva et la tenue d'élections anticipées.

Des milliers de personnes, dont des femmes et des enfants, sont retranchées dans le quartier commerçant de la capitale thaïlandaise dans un camp de trois kilomètres carrés entouré de barricades faites de pneus, de bambous et de fils barbelés.

Analystes et diplomates estiment que l'armée a peut-être sous-estimé la volonté des manifestants, qui occupent ce quartier depuis six semaines, bien que la stratégie d'isolement mise en oeuvre par le gouvernement semble produire son effet avec le début des pénuries de nourriture, d'eau et de carburant.

Des milliers de manifestants se réunissaient dimanche soir sur un nouveau site du quartier de Klong Toey, déplacement qui pourrait compliquer les efforts pour mettre fin au conflit.

Abhisit a brièvement menacé d'imposer un couvre-feu dimanche sur Bangkok, estimant que cela pourrait permettre d'isoler les manifestants. Il a décrété deux jours fériés lundi et mardi.

Le gouvernement a par ailleurs déclaré l'état d'urgence dans cinq régions supplémentaires du nord et du nord-est du pays, bastion de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, où les combats s'étendent. Les décrets d'urgence concernent désormais 22 des 76 provinces du pays.

Avec Ploy Ten Kate, Damir Sagolj, Jerry Lampen, Panarat Thepgumpanat et Martin Petty, Jean-Philippe Lefief et Grégory Blachier pour le service français