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Le PDG de Veolia menacé, polémique autour de l'hypothèse Borloo

Dans son édition de lundi, le quotidien économique Les Echos rapporte que plusieurs administrateurs de Veolia Environnement, dont le PDG d'EDF Henri Proglio, s'apprêtent à demander la tête du PDG du groupe, Antoine Frérot. Toujours selon le quotidien, l'a

Dans son édition de lundi, le quotidien économique Les Echos rapporte que plusieurs administrateurs de Veolia Environnement, dont le PDG d'EDF Henri Proglio, s'apprêtent à demander la tête du PDG du groupe, Antoine Frérot. Toujours selon le quotidien, l'a - -

par Benjamin Mallet et Gilles Guillaume PARIS (Reuters) - L'évocation par la presse de l'éventuel remplacement du PDG de Veolia Environnement par...

par Benjamin Mallet et Gilles Guillaume

PARIS (Reuters) - L'évocation par la presse de l'éventuel remplacement du PDG de Veolia Environnement par Jean-Louis Borloo sous la pression du président d'EDF et de Nicolas Sarkozy a déclenché lundi une polémique sur le rôle supposé du chef de l'Etat dans ce dossier.

"C'est absurde", a déclaré le président de la République, sur BFM TV, tandis que la gauche dénonçait une confusion des genres. Jean-Louis Borloo, ancien ministre de l'Ecologie, a parlé de "supputations", tout en affirmant avoir été contacté par Veolia, spécialiste du traitement de l'eau et des déchets, "afin d'apporter (son) analyse de manière informelle" sur le groupe.

Selon la presse, plusieurs administrateurs, dont le président d'EDF Henri Proglio, également ancien patron de Veolia, s'apprêteraient à demander la démission du PDG de Veolia Antoine Frérot lors d'un conseil d'administration du groupe prévu le 29 février.

Ils sanctionneraient ainsi la stratégie actuelle de Veolia, qui tente de se désendetter et de réduire sa présence géographique, s'écartant de la politique d'expansion auparavant défendue par Henri Proglio.

"Le conseil de Veolia est souverain et l'avenir de l'entreprise mérite mieux que ces flots de rumeurs politiques", a fait savoir Henri Proglio, cité par une porte-parole d'EDF.

Proche de Nicolas Sarkozy, qui l'a nommé la tête d'EDF fin 2009, Henri Proglio avait déjà suscité la polémique lors de son arrivée chez l'électricien public en souhaitant conserver la présidence de Veolia, et toucher une double rémunération. Il y avait finalement renoncé.

"ENTREPRISE DE DÉSTABILISATION"

Henri Proglio a également mené une guerre ouverte contre Anne Lauvergeon avant que celle-ci ne soit écartée en juin par Nicolas Sarkozy de la direction d'Areva.

Selon la presse, Jean-Louis Borloo, qui a renoncé en octobre à se présenter à l'élection présidentielle, figure en tête de liste des successeurs pressentis d'Antoine Frérot.

Trois autres noms circulent, selon le quotidien Les Echos : Augustin de Romanet, directeur général de la Caisse des dépôts (CDC) jusqu'au 7 mars mais dont l'entourage dément tout contact, Jacques Veyrat, ex-patron de Louis Dreyfus, et Daniel Bouton, ancien PDG de la Société générale.

L'éventuel changement à la tête de Veolia a semé le doute parmi les investisseurs sur la pérennité du plan de redressement présenté le 6 décembre, qui avait été plutôt bien accueilli par le marché.

"Il y a une longue liste de candidats potentiels, mais qui connaît les métiers de Veolia parmi eux ? Les clients de Veolia sont à la fois de droite et de gauche, nommer un politique reviendrait à se tirer une balle dans le pied", a-t-on déclaré de source proche du dossier.

En Bourse, l'action Veolia a perdu 3,09% à 9,29 euros, accusant la plus forte baisse de l'indice CAC 40, qui a pour sa part clôturé sur un gain de 0,96%.

Le titre a signé en 2011 la pire performance du CAC 40 avec un recul de 61,28%, après notamment deux avertissements sur les objectifs annuels du groupe.

Tandis que Veolia se refusait à tout commentaire, Antoine Frérot a dénoncé dans une lettre interne une "entreprise de déstabilisation".

"Notre entreprise a toujours veillé à rester à l'écart des débats politiques, en tous temps et en tous lieux, même et surtout en période d'élection, en continuant à servir ses clients avec le plus grand soin. J'entends qu'il en reste ainsi", a-t-il ajouté.

"LE FAIT DU PRINCE"

"Il est difficile de commenter de telles rumeurs, mais le plan stratégique ambitieux mis en place par l'actuelle direction du groupe, par le biais de cessions d'actifs, de recentrage de périmètres et d'économies opérationnelles nous semble inéluctable pour le groupe", a observé Philippe Ourpatian, analyste chez Natixis, également dans une note.

"Un changement de direction pourrait être mal perçu car les efforts de communication déployés par le groupe semblent commencer à porter leurs fruits (...) en attendant la réalisation concrète des premières cessions."

Philippe Ourpatian s'attend en outre à ce que Veolia annonce, lors de la publication de ses résultats 2011 le 1er mars, une perte nette de 328 millions d'euros qui intégrerait la remise à sa juste valeur de la participation du groupe dans l'entreprise de transport Veolia Transdev, appelée à être cédée.

Un vendeur d'une maison de courtage qui, comme d'autres professionnels requiert l'anonymat sur cette question devenue politique, a de son côté ironisé sur "le fait du prince". "Borloo n'a jamais dirigé une entreprise. Il n'est pas plus compétent que mon voisin."

Avec Raoul Sachs, Cyril Altmeyer et Elizabeth Pineau, édité par Dominique Rodriguez