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Le patrimoine de Gaza disparaît sous les bombes

Les décombres de la mosquée Omari de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, mardi 12 août.

Les décombres de la mosquée Omari de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, mardi 12 août. - Roberto Schmidt - AFP

Les bombardements contre la bande de Gaza achèvent de détruire les vestiges culturels très riche de cette langue de terre, peuplée depuis 3.300 avant J.C.

Le missile israélien a transpercé la voûte et la frappe a pulvérisé la mosquée Omari de Jabaliya. Certaines parties de cet édifice avaient traversé les âges depuis le 14e siècle; il n'en reste désormais que le minaret. Selon les riverains, le muezzin a été fauché par le missile alors qu'il appelait à la prière.

La mosquée Omari était l'un des derniers bâtiments historiques encore debout dans Gaza, ville dense dans laquelle les blocs d'immeubles en parpaing s'alignent le long de rues poussiéreuses. 

Cri d'alarme vers l'Unesco

La bande de Gaza, cette langue de terre coincée entre Israël et la Méditerranée, a abrité des communautés humaines sédentaires depuis 3.300 ans avant J.C. Mais des siècles de guerre, puis la surpopulation galopante de l'enclave depuis la création d'Israël en 1948, en ont progressivement effacé les traces.

Jeudi, le ministre palestinien du Tourisme et des Antiquités, Rula Ma'ayah, a poussé un cri d'alarme en direction de l'Unesco. Il a appelé l'institution culturelle de l'Onu à dénoncer la destruction selon lui "intentionnelle" du patrimoine palestinien par l'armée israélienne. Pour lui, il s'agit ni plus ni moins d'un "crime de guerre".

Mais à Gaza-même, "ce n'est une priorité pour personne", déplore Jawdat al-Khoudary. En 2008, le père de ce Gazaoui a ouvert un petit musée avec les objets qu'il a découverts en creusant la terre au cours de ses chantiers. Des trésors qui balaient l'histoire du lieu, des Cananéens jusqu'à la Première Guerre mondiale. Aujourd'hui, les Khoudary père et fils ont mis en suspend leur projet d'agrandissement du musée.

Plus d'archéologues à Gaza

Outre les destructions directes (la mosquée Al-Mahkamah, datant du 15e siècle, a elle aussi été anéantie), le patrimoine gazaoui est également touché indirectement par la guerre. Car "pour les visiteurs, les étrangers, les étudiants ou les chercheurs, il est désormais impossible d'entrer", souligne Ahmed al-Barsh, du ministère du Tourisme.

Avant même la guerre en cours, le blocus imposé par Israël l'empêchait déjà de travailler. "Israël a interdit l'importation de matériaux de restauration. Du coup, les fondations et les organisations internationales qui travaillaient dans ce secteur ont cessé de nous soutenir", déplore-t-il.

Mathilde Tournier, avec AFP