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Le pape invite les musulmans allemands à respecter la loi

Le pape Benoît XVI a déclaré vendredi que les musulmans allemands pouvaient compter sur le soutien et la coopération des catholiques tant qu'ils respecteraient la Constitution du pays et les limites fixées au pluralisme confessionnel. /Photo prise le 23 s

Le pape Benoît XVI a déclaré vendredi que les musulmans allemands pouvaient compter sur le soutien et la coopération des catholiques tant qu'ils respecteraient la Constitution du pays et les limites fixées au pluralisme confessionnel. /Photo prise le 23 s - -

par Philip Pullella et Sarah Marsh BERLIN (Reuters) - Le pape Benoît XVI a déclaré vendredi que les musulmans allemands pouvaient compter sur le...

par Philip Pullella et Sarah Marsh

BERLIN (Reuters) - Le pape Benoît XVI a déclaré vendredi que les musulmans allemands pouvaient compter sur le soutien et la coopération des catholiques tant qu'ils respecteraient la Constitution du pays et les limites fixées au pluralisme confessionnel.

A l'occasion d'une rencontre avec les représentants des quatre millions de musulmans allemands, au deuxième jour de sa visite dans son pays natal, le souverain pontife a estimé que la Constitution allemande était assez solide pour s'adapter à une société multiculturelle et accueillir de nouvelles religions.

La chancelière Angela Merkel, qui a jugé l'an dernier que la loi islamique (charia) n'avait pas sa place dans le pays, a récemment insisté sur les racines chrétiennes de l'Allemagne.

A Berlin vendredi, Benoît XVI a estimé que les communautés devaient se mettre d'accord sur des principes fondamentaux.

"Ce cadre commun de référence passe par la Constitution ,dont le contenu juridique doit être respecté par chaque citoyen, qu'il appartienne ou non à une communauté religieuse", a-t-il dit.

Tout en saluant les déclarations de Benoît XVI, qui confortent à leurs yeux la place de l'islam dans la société allemande, les responsables musulmans ont assuré que leur loyauté à la Constitution n'avait jamais été remise en cause.

"En tant que musulmans en Allemagne, nous avons toujours dit que nous considérions la Constitution allemande comme une bonne base pour vivre ensemble en paix les uns avec les autres", a dit à Reuters Bekir Alboga, chef du dialogue interreligieux à l'Union turque islamique des affaires théologiques (DITIB).

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Cinq ans après le discours controversé du pape à Ratisbonne, qui semblait établir un lien entre islam et violence, les dirigeants religieux ont noté un changement dans les propos du souverain pontife.

"J'ai l'impression que le pape veut ouvrir une nouvelle ère de dialogue avec les musulmans", a dit à la presse Aiman Mazyek, président du Conseil central des musulmans (CCM).

"Le pape a choisi une nouvelle approche dans sa rencontre avec les musulmans", a renchéri Bekir Alboga. "Je pense que nous devrions nous tourner vers l'avenir et voir quelles possibilités s'offrent à nous en matière de coopération."

A l'issue de sa rencontre avec les représentants de l'islam, le pape s'est rendu à Erfurt, dans l'est du pays, pour y rencontrer des responsables protestants dans le monastère où vécut au XVIe siècle Martin Luther, père de la Réforme.

Benoît XVI a appelé à l'unité entre catholiques et protestants tout en refusant d'assouplir les règles de la communion. Il a assuré qu'il y avait eu "un malentendu politique" et qu'il n'avait jamais eu l'intention de venir avec un "cadeau oecuménique", en proposant notamment d'accorder le droit aux Protestants de recevoir l'eucharistie.

Réagissant à ces déclarations, le président du conseil de l'Église protestante allemande (EKD), Nikolaus Schneider, a exhorté le souverain pontife à adopter de "réelles mesures de réconciliation" avant le 500e anniversaire de la Réforme qui sera célébré en 2017.

Luther est "comme une charnière entre nos deux Eglises parce qu'il appartient aux deux", a-t-il déclaré. "Il est temps de cicatriser nos blessures mutuelles de la période de la Réforme et de l'histoire de nos Eglises qui s'en est suivie."

Benoît XVI devait également se rendre à Etzelsbah, une ville de l'ancienne RDA où une petite communauté catholique avait été en butte aux persécutions du régime communiste de l'époque. Il achèvera son voyage à Fribourg dans le sud-ouest du pays.

Pour sa troisième visite dans son pays natal, Benoît XVI a connu une première journée plutôt mouvementée jeudi.

Quelque 8.000 personnes opposées à ses positions conservatrices et révoltées par les affaires d'abus sexuels imputés à des ecclésiastiques, ont protesté contre sa venue dans le centre de Berlin. Une centaine de députés ont par ailleurs boycotté le discours qu'il a prononcé au Bundestag.

Marine Pennetier pour le service français, édité par Gilles Trequesser