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Le pape évoque la désaffection pour l'Eglise catholique

Le pape François a dressé samedi un état des lieux de l'Eglise catholique inhabituellement lucide et franc, estimant qu'elle devait se regarder en face et se demander pourquoi tant de fidèles la quittaient. /Photo prise le 27 juillet 2013/REUTERS/Stefano

Le pape François a dressé samedi un état des lieux de l'Eglise catholique inhabituellement lucide et franc, estimant qu'elle devait se regarder en face et se demander pourquoi tant de fidèles la quittaient. /Photo prise le 27 juillet 2013/REUTERS/Stefano - -

par Philip Pullella RIO DE JANEIRO (Reuters) - Le pape François a dressé samedi un état des lieux de l'Eglise catholique inhabituellement lucide et...

par Philip Pullella

RIO DE JANEIRO (Reuters) - Le pape François a dressé samedi un état des lieux de l'Eglise catholique inhabituellement lucide et franc, estimant qu'elle devait se regarder en face et se demander pourquoi tant de fidèles la quittaient.

A l'avant-dernier jour de sa visite au Brésil, le souverain pontife a prononcé un long discours devant les évêques en esquissant ce qui pourrait devenir un plan d'action de l'Eglise pour porter un coup d'arrêt à ce qu'il appelle lui-même un "exode".

"J'aimerais que nous tous, aujourd'hui, nous nous posions cette question: sommes-nous toujours une Eglise capable de réchauffer les coeurs?", a-t-il dit dans ce discours d'une franchise inhabituelle sur la désaffection dont est victime l'Eglise catholique dans de nombreux pays.

Ainsi a-t-il reconnu que nombreux étaient ceux qui voient dans l'Eglise catholique une "relique du passé", "prisonnière de ses propres formules rigides".

Si, a-t-il continué, l'Eglise "doit rester fidèle" à sa doctrine religieuse, elle doit aussi être plus proche du peuple et de ses véritables problèmes.

"Aujourd'hui, il nous faut une Eglise capable d'être aux côtés des gens, de faire plus que seulement les écouter", a-t-il dit.

"A certains moments, nous perdons des gens parce qu'ils ne comprennent pas ce que nous disons, parce que nous avons oublié le langage de la simplicité et faisons preuve d'un intellectualisme qui leur est étranger", a-t-il poursuivi.

Au Brésil, où le pape est arrivé en début de semaine, le nombre de catholiques a rapidement diminué au fil des dernières décennies.

Son intervention devant les évêques venait en complément de la messe qu'il a célébrée dans la matinée dans la cathédrale Saint-Sébastion de Rio de Janeiro, au cours de laquelle il a appelé le clergé catholique à mettre de côté son confort et ses préoccupations de carrière pour tendre la main aux plus déshérités.

Lors d'une rencontre organisée un peu plus tard au Théâtre municipal de Rio en présence de personnalités de la société civile brésilienne, il a appelé les responsables du pays à s'attaquer aux problèmes soulevés par les manifestations contre la vie chère et la corruption le mois dernier.

ALLER SERVIR LE CHRIST DANS LES FAVELAS

En visite depuis lundi au Brésil pour les 28e Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), le souverain pontife achève son séjour ce dimanche par une grand-messe au Campus Fidei, dans l'ouest de Rio, avant de repartir dans la soirée pour le Vatican.

"Nous ne pouvons pas rester enfermés dans nos paroisses, dans nos communautés, alors que tant de gens attendent l'Evangile", a-t-il déclaré dans la très moderne cathédrale Saint-Sébastien, un bâtiment en forme de pyramide maya, en hommage aux peuples précolombiens.

"Ce n'est pas simplement ouvrir la porte pour accueillir, mais c'est sortir par la porte pour chercher et rencontrer les gens!", a déclaré le pape en présence de nombreux représentants du clergé.

Il les a invités à "penser avec courage aux besoins pastoraux en partant de la périphérie, en partant de ceux qui sont les plus éloignés, de ceux qui d'habitude ne fréquentent pas les paroisses", recueillant les applaudissements de l'assemblée.

"Nous devons être très fiers de notre vocation qui nous donne l'occasion de servir le Christ dans les pauvres. C'est dans les 'favelas', dans les 'cantegriles', dans les 'villas miseria', que l'on doit aller chercher et servir le Christ", a-t-il ajouté, citant les paroles de mère Teresa.

Dans l'après-midi, au Théâtre municipal, le souverain pontife a déclaré qu'un dialogue constructif était "essentiel pour affronter le temps présent", faisant pour la première fois directement référence aux manifestations qui ont secoué le Brésil pendant près de deux semaines en juin.

"Entre l'indifférence égoïste et la protestation violente il y a une option toujours possible: le dialogue. Le dialogue entre les générations, le dialogue avec le peuple, la capacité de donner et de recevoir, en demeurant ouverts à la vérité", a déclaré François.

Le pape a ensuite rencontré sur scène des Indiens d'Amazonie qui lui ont offert une coiffure de plumes, qu'il n'a pas hésité à porter.

Hélène Duvigneau et Eric Faye pour le service français