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Le pape demande pardon pour le scandale des abus sexuels

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par Philip Pullella

CITE DU VATICAN (Reuters) - Le pape Benoît XVI a demandé pardon vendredi à Dieu et aux victimes d'abus sexuels commis par des prêtres et promis que l'Eglise catholique ferait tout son possible pour que cela ne se reproduise plus.

Il s'agit des propos les plus explicites concernant le scandale prononcés par le souverain pontife. Le pape s'exprimait dans le cadre d'une homélie sur la place Saint-Pierre en clôture des célébrations de l'année sacerdotale de l'Eglise Catholique.

S'adressant à 15.000 prêtres, Benoît XVI a estimé que l'année qui devait célébrer le clergé avait été gâchée par "la révélation de péchés de prêtres, notamment des abus visant des petits".

"Nous demandons pardon avec insistance à Dieu et aux personnes impliquées et nous promettons de faire tout notre possible pour nous assurer que de tels abus ne se reproduiront plus."

Des centaines de cas d'abus sexuels et physiques commis par des prêtres sur de jeunes enfants ces dernières décennies ont été révélés en Europe et aux Etats-Unis.

Un groupe de défense de victimes a estimé que le pape n'avait pas été assez loin jusqu'à présent.

"Il s'agit de mots forts et non d'actions fortes", a déclaré Peter Isely de l'organisation Snap basé aux Etats-Unis dont les responsables étaient présents à Rome pour l'occasion.

"Le pape aurait dû annoncer une tolérance zéro vis-à-vis des prêtres qui ont commis des abus dans le monde, et assurer qu'il seraient immédiatement retirés du clergé. C'est une démarche nettement plus forte que d'exprimer des remords", a-t-il dit à Reuters.

Benoît XVI est accusé d'avoir, alors qu'il était archevêque de Munich dans les années 1980, dissimulé le cas d'un prêtre soigné pour abus sexuels dans son diocèse. Le Vatican affirme que la décision avait été prise par un subordonné.

CONTRÔLE DES VOCATIONS

Dans son sermon, le pape, qui a rencontré des victimes américaines, australiennes et maltaises d'abus et a parlé de "péché au sein de l'Eglise", a promis que l'Eglise mettrait en place davantage de contrôles sur les candidats au Clergé.

"Nous ferons tout notre possible pour mesurer l'authenticité de leur vocation", a-t-il dit.

Les groupes de défense des victimes se sont dit déçus de l'absence de l'évocation de la responsabilité des évêques qui ont déplacé les prêtres pédophiles de paroisse en paroisse plutôt que de les défroquer ou de les traduire en justice.

BishopAccountability.org a ainsi estimé que les excuses du pape étaient une "grande déception et une occasion gâchée".

"Il n'a pas saisi l'occasion qui s'offrait de reconnaître sa propre responsabilité, de rendre compte du rôle de la hiérarchie dans le viol brutal des milliers d'enfants dans le monde et de soutenir des mesures des autorités laïques qui permettraient de résoudre la crise", dit l'organisation dans un communiqué.

Benoît XVI a déclaré que la communauté des prêtres catholiques, qui compte 400.000 membres dans le monde, devait considérer le scandale d'abus sexuels et ses répercussions comme "un devoir de purification", pour eux et pour l'Eglise.

Cinq évêques en Europe ont quitté leurs fonctions après avoir été impliqués dans des scandales ou tenté de les couvrir.

Marine Pennetier pour le service français, édité par Gilles Trequesser