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Le Nobel traduit la peur de l'Occident, dit la presse chinoise

Pour la presse chinoise, l'attribution du prix Nobel de la paix au dissident chinois Liu Xiaobo traduit l'inquiétude des pays occidentaux face à la puissance croissante de la Chine. /Photo d'archives/REUTERS/HO

Pour la presse chinoise, l'attribution du prix Nobel de la paix au dissident chinois Liu Xiaobo traduit l'inquiétude des pays occidentaux face à la puissance croissante de la Chine. /Photo d'archives/REUTERS/HO - -

par Chris Buckley PEKIN (Reuters) - L'attribution du prix Nobel de la paix au dissident chinois Liu Xiaobo traduit l'inquiétude des pays...

par Chris Buckley

PEKIN (Reuters) - L'attribution du prix Nobel de la paix au dissident chinois Liu Xiaobo traduit l'inquiétude des pays occidentaux face à la puissance croissante de la Chine, affirment lundi les journaux chinois.

Les autorités chinoises ont exprimé leur colère vendredi après la décision du comité Nobel, qu'elles ont qualifiée d'"obscénité".

Pour les médias contrôlés par le gouvernement, les pays occidentaux sont pleins de préjugés et ne parviennent pas à se faire à l'idée que la Chine rivalise avec eux sur les plans économique et diplomatique.

"L'attribution du prix Nobel de la paix au 'dissident' Liu Xiaobo n'est rien d'autre qu'une expression supplémentaire de ces préjugés, derrière lesquels se cache la crainte extraordinaire que leur inspire l'essor de la Chine et du modèle chinois", écrit le Global Times, un journal populaire en mandarin, fer de lance des critiques contre ce prix Nobel.

Dans un éditorial, ce journal ajoute que si la Chine se dotait d'un système démocratique multipartite tel que le préconise Liu, alors "le sort de la Chine ne serait probablement pas meilleur que celui de l'Union soviétique ou de la Yougoslavie et le pays se serait probablement rapidement effondré".

HUMOUR NOIR

Agé de 54 ans, Liu a participé au mouvement étudiant en faveur de la démocratie réprimé dans le sang place Tiananmen en 1989. Il a été régulièrement emprisonné depuis en raison de sa campagne en faveur de la liberté d'opinion. Il est actuellement détenu.

Son avocat, Shang Baojun, a dit à Reuters qu'il n'avait pas pu entrer en contact avec la femme du prix Nobel de la paix 2010, Liu Xia.

"Je n'ai aucune nouvelle directe de sa part", a-t-il dit.

"Elle est probablement chez elle, surveillée et sans moyen de communication, ce qu'elle a qualifiée d'assignation à résidence", a-t-il ajouté en allusion à des messages diffusés sur internet.

Le comité central du Parti communiste chinois doit se réunir vendredi à Pékin et les mesures de sécurité ont été renforcées dans la capitale chinoise.

De nombreux signataires de la pétition "Charte 08", qui avaient profité de l'organisation des Jeux olympiques pour réclamer de profondes réformes politiques en Chine, ont été depuis soit incarcérés, soit assignés à résidence, soit victimes d'harcèlement. Liu a été envoyé en prison le 25 décembre dernier pour purger une peine de 11 ans de détention.

Ta Kung Pao, journal de Hong Kong contrôlé par Pékin, a qualifié la distinction décernée à Liu de manifestation d'"humour noir".

"Cette espèce de prix Nobel de la paix ne vaut pas mieux qu'un torchon", écrit-il.

Bertrand Boucey pour le service français