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Le naufrage de 500 migrants éclairé par les témoignages de rescapés

Le Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU avait signalé mercredi qu'un naufrage survenu dans la mer Méditerranée avait emporté la vie d'environ 500 personnes. Les circonstances du drame sont à présent plus claires.

Le 20 avril dernier, on apprenait que plusieurs centaines de migrants cherchant à gagner les côtes italiennes depuis les rivages libyens avaient péri au cours d’un naufrage. Le terrible bilan pourrait se monter à 500 victimes environ selon les témoignages de rescapés. Les passagers venaient de la corne de l’Afrique (Somalie, Ethiopie, Soudan) et d’Egypte. Les circonstances du drame sont longtemps restées floues mais La Croix les retrace à présent.

Deux cents personnes dans une barque de quinze mètres

Les réfugiés, désireux d’aller en Italie, ont embarqué dans un bateau long de quinze mètres près de Tobrouk, agglomération située dans l’est de la Libye dans le Cyrénaïque. Ils sont alors entre cent et deux-cents à tenter la traversée. Quelques heures plus tard, leur passeur les informe qu’ils vont être transférés dans une embarcation deux fois plus grande que la leur.

En arrivant en vue du bateau, les migrants s’aperçoivent que trois cents personnes en occupent déjà le pont. Malgré tout, les réfugiés commencent à passer d’un bateau à l’autre. Mais, du fait du mouvement et du poids, la seconde barque chavire. Tous ont perdu la vie, à l’exception de la poignée de personnes qui savaient nager et des quelques autres qui n’avaient pas encore quitté l'embarcation.

Une heure après que les 41 rescapés se sont réunis sur cette barque d’une quinzaine de mètres, le moteur lâche. Le passeur s’enfuit grâce à l'une de ses connaissances venue le chercher. S’ensuit alors une dérive qui durera trois jours. Alertés au moyen d’un téléphone satellitaire que le passeur a laissé dans le bateau avant de le quitter, les garde-côtes italiens signalent leur présence aux navires croisant dans la zone. C’est finalement un cargo philippin, le Eastern Confidence, qui les recueille, avant de les déposer dans la localité grecque de Kalamata. Ils ont depuis été transférés à Athènes.

"L'une des pires tragédies de ces douze derniers mois"

L’Obs publie le témoignage de deux rescapés de la tragique équipée. Mahmoud Muaz est un Ethiopien de 25 ans. Il raconte que ses compagnons d’infortune et lui "ont été abandonnés pendant trois jours, sans nourriture ni boisson". Il ajoute que les passagers embarqués à Tobrouk avaient payé 1.800 dollars (soit une somme dépassant 1.500 euros) par tête pour s’installer dans le bateau. Son épouse de 21 ans et leur fils de deux mois sont morts au moment où la seconde barque a sombré dans les eaux méditerranéennes.

Un autre survivant intervient également. Il s’appelle Ismam Mowlid, a 28 ans, et vient de Somalie. C’est lui qui a dépeint dans le détail la fuite du passeur. Ismam Mowlid a lui aussi perdu des proches dans le drame: ses deux sœurs et son bébé.

Le Haut-commissariat aux réfugiés (une agence des Nations-Unies) estime qu’on pourrait voir dans ces événements "l’une des pires tragédies de ces douze derniers mois". L’instance appelle à ouvrir de nouvelles voies régulières que pourraient emprunter les réfugiés afin de venir en Europe, une initiative qui permettrait sans doute de réduire ces traversées aussi périlleuses que meurtrières.

BFM TV est revenu sur ce naufrage:

R.V