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Le marché de l'art reprend des couleurs à la foire de Bâle

A l'entrée de la foire de l'art de Bâle, jeudi. Art Basel, le grand rendez-vous annuel des collectionneurs, renoue avec l'optimisme pour sa 42e édition, confirmant le rebond du marché mondial de l'art. /Photo prise le 16 juin 2011/REUTERS/Arnd Wiegmann

A l'entrée de la foire de l'art de Bâle, jeudi. Art Basel, le grand rendez-vous annuel des collectionneurs, renoue avec l'optimisme pour sa 42e édition, confirmant le rebond du marché mondial de l'art. /Photo prise le 16 juin 2011/REUTERS/Arnd Wiegmann - -

par Silke Koltrowitz et Nathalie Olof-Ors BÂLE, Suisse (Reuters) - Art Basel, le grand rendez-vous annuel des collectionneurs, renoue avec...

par Silke Koltrowitz et Nathalie Olof-Ors

BÂLE, Suisse (Reuters) - Art Basel, le grand rendez-vous annuel des collectionneurs, renoue avec l'optimisme pour sa 42e édition, confirmant le rebond du marché mondial de l'art.

Une foule importante déambulait entre les stands jeudi, au deuxième jour de l'ouverture de la foire au public.

Près de 300 jets privés ont atterri à l'aéroport de Mulhouse-Bâle ces derniers jours, avec un pic mardi pour la journée "VIP" où ont notamment été aperçus les top-models Naomi Campbell et Linda Evangelista.

"Il y avait plus de gens que l'année dernière à l'ouverture. Le marché semble solide, pas fou, mais très solide", juge Sukanya Rajaratnam, directeur de la galerie new yorkaise L & M Arts, qui a notamment vendu une toile de Mark Rothko orange "dans une fourchette de cinq millions de dollars".

Pour Philip Hoffman, investisseur en art à la tête du Fine Art Fund Group, l'art bénéficie de son statut de valeur refuge.

"Entre la volatilité des devises, des retours proches de zéro sur les actifs monétaires et une inflation de 4,5% à Londres, beaucoup de gens se penchent vers l'art en ce moment", juge-t-il.

"Nous avons vu une frénésie d'acheteurs et certaines des pièces de très grande qualité atteignent des prix records, supérieurs aux niveaux de 2007 et 2008", constate-t-il, ajoutant que les oeuvres correctement valorisées peuvent trouver acquéreur en moins de deux heures.

DES PIÈCES VENDUES SUR PHOTOS

Certaines galeries ont déjà été amenées à ré-accrocher plusieurs fois des pièces, à l'instar de White Cube, célèbre galerie londonienne qui a vendu de nombreuses sculptures d'Antony Gormley.

"Nous n'avions qu'une pièce sur le stand, mais nous en avons vendu d'autres qui sont à Londres. Il s'agissait de pièces uniques qui ont été vendues sur photos", a précisé Denis Gardarin, un des associés-directeurs.

Art Basel, la plus importante foire artistique au monde, permet de prendre le pouls du marché de l'art.

La crise financière avait marqué un coup d'arrêt brutal à l'envolée des prix, mais les ventes ont vivement rebondi en 2010.

La galerie parisienne Daniel Templon constate cependant que près de 90% de ses ventes ont été réalisées auprès de collectionneurs européens.

"Il y a très peu d'Américains cette année. Je soupçonne que cela doit être lié à la faiblesse du dollar", relève sa directrice, Anne-Claudie Coric.

Daniel Templon faisait partie des quatre galeries ayant contribué à la vente d'une oeuvre monumentale de Sudarshan Shetty, dont une sculpture six fois plus grande est actuellement exposée au Centre Georges Pompidou, à Paris.

Florian Berktold, le directeur de la galerie Hauser & Wirth, qui a notamment vendu une sculpture de Ron Mueck pour 450.000 livres, remarque également que les collectionneurs sont de nouveau prêts à dépenser.

"Ils continuent de faire leurs calculs et restent sélectifs. Pour les pièces de très grande qualité, ils sont toutefois prêts à payer un bon prix", précise-t-il.

AUGMENTATION DES BUDGETS

Art Basel réunit près de 300 galeries du monde entier et présente plus de 2.500 artistes, dans toutes les disciplines, de la peinture au design.

Selon Hiscox, une compagnie d'assurances spécialisée dans les oeuvres d'art, la valeur des pièces présentées cette année représente environ 1,75 milliard de dollar, soit une hausse de 15% par rapport à 2010.

"Le marché pour les jeunes artistes est plus ferme que les précédentes années, ce qui est un signe de renouveau du marché de l'art", note Jonathan Binstock, conseiller senior chez Citi Private Bank's Art Advisory Group.

"Actuellement, je conseille à mes clients d'être souple avec leur budget lorsqu'ils ont affaire à des pièces de grande qualité. Il y a beaucoup de demande et il est plus difficile de trouver de belles oeuvres d'art", explique-t-il.

Selon les données collectées par Artprice.com, la cote de certains artistes se situe désormais au-delà des niveaux d'avant crise.

Le prix moyen aux enchères pour les sculptures d'Anish Kapoor, l'artiste indien basé en Angleterre dont une pièce gigantesque est actuellement exposée au Grand Palais à Paris, est deux fois plus élevé qu'en 2009, année noire du marché de l'art.

Ce renouveau ne fait pas toutefois que des heureux. Un collectionneur hollandais, qui a requis l'anonymat, considère ainsi que le regain d'appétit des investisseurs met parfois le marché de l'art hors de portée des collectionneurs, y compris des plus riches.

Tenté par une sculpture de l'artiste britannique Tony Cragg, il a finalement reculé face aux prix.

"Le propriétaire de la galerie en veut 360.000 euros. Je serai peut-être prêt à payer la moitié de ça", a-t-il confié à Reuters.

Avec Martin de Sa'Pinto à Zurich et Miachael Collett-White à Londres, édité par Pascal Schmuck et Elizabeth Pineau