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Le Hezbollah fait chuter le gouvernement d'union libanais

Le ministre libanais de l'Energie Gabran Bassil, un chrétien allié du Hezbollah (au centre), annonce sa démission, aux côtés de Mohammad Khalifeh, ministre de la Santé (à droite) et Hussein Hajj Hassan, ministre de l'Agriculture. Onze ministres libanais,

Le ministre libanais de l'Energie Gabran Bassil, un chrétien allié du Hezbollah (au centre), annonce sa démission, aux côtés de Mohammad Khalifeh, ministre de la Santé (à droite) et Hussein Hajj Hassan, ministre de l'Agriculture. Onze ministres libanais, - -

par Laila Bassam BEYROUTH (Reuters) - Onze ministres libanais, dont dix appartiennent au Hezbollah et à des formations alliées, ont démissionné...

par Laila Bassam

BEYROUTH (Reuters) - Onze ministres libanais, dont dix appartiennent au Hezbollah et à des formations alliées, ont démissionné mercredi entraînant de fait la chute du gouvernement d'union du Premier ministre Saad Hariri.

Outre les dix membres du mouvement islamiste et de ses alliés, le ministre Adnan Sayyed Hussein a lui aussi quitté ses fonctions. Le Hezbollah a invité le président Michel Souleïmane à constituer une nouvelle équipe dirigeante.

Cette crise politique annoncée plonge ses racines dans l'enquête judiciaire conduite pour déterminer l'identité des responsables de l'attentat à la bombe qui coûta la vie au Premier ministre Rafic Hariri et à 22 autres personnes en 2005.

Le Hezbollah, sur lequel pèsent des soupçons, nie toute responsabilité dans cette attaque et dénonce les investigations menées par le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) comme un "projet israélien".

Les désaccords sur cette procédure effectuée sous l'égide des Nations unies ont entraîné une paralysie du gouvernement d'unité dirigé par une majorité pro-occidentale et ont ranimé le spectre d'un conflit national.

Le TSL devrait publier ce mois-ci un projet des chefs d'inculpation. Sayyed Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah, dit s'attendre à ce que des membres de son organisation soient accusés d'avoir participé à l'attentat.

Il voit dans l'enquête une manoeuvre politique et a invité Saad Hariri à récuser le tribunal spécial, ce que le fils du Premier ministre assassiné s'est refusé à faire.

ÉCHEC DE LA MÉDIATION

Face à cette situation, l'Arabie saoudite et la Syrie, qui soutiennent des camps rivaux, ont tenté en vain de trouver un compromis pour apaiser les tensions politiques.

Gabran Bassil, ministre chrétien allié du Hezbollah, a précisé que Saad Hariri avait rejeté les demandes en faveur d'une réunion d'urgence du gouvernement pour examiner la requête du mouvement chiite de cesser toute coopération avec le TSL.

De son côté, Mohammad Fneish, ministre du Hezbollah, a accusé les Etats-Unis d'entraver les efforts saoudiens et syriens visant à dégager une solution.

"Des efforts arabes nous offraient la chance de travailler d'une manière positive. Ces efforts n'ont pas abouti en raison de l'intervention américaine", a-t-il dit.

Selon Hilal Khashan, professeur de sciences politiques à l'université de Beyrouth, Washington a opposé son veto à l'initiative de Ryad et de Damas.

Il y a peu de chances de voir un nouveau gouvernement constitué dans un avenir proche, ajoute-t-il.

Khashan juge que des manifestations sont probables même s'il n'envisage pas de voir le Hezbollah descendre dans les rues de Beyrouth avec des armes, comme cela avait été le cas en mai 2008 lorsque le mouvement avait protesté contre les mesures du gouvernement à son encontre.

Un responsable américain a indiqué que la secrétaire d'Etat Hillary Clinton s'était entretenue avec des officiels en Egypte, en Arabie saoudite et en France afin de dégager un consensus pour soutenir le Liban et le TSL.

Ce responsable a précisé que Clinton a prévu de poser la question du Liban "en urgence" lors de la réunion des dirigeants des Etats arabes du Golfe au Qatar.

Clément Guillou et Pierre Sérisier pour le service français, édité par Gilles Trequesser