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Le Conseil de sécurité condamne l'abordage israélien

Après plusieurs heures de négociations, le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné mardi matin l'abordage meurtrier d'un navire turc par l'armée israélienne la veille au large de la bande de Gaza. /Photo prise le 1er mai 2010/REUTERS/ChipEast

Après plusieurs heures de négociations, le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné mardi matin l'abordage meurtrier d'un navire turc par l'armée israélienne la veille au large de la bande de Gaza. /Photo prise le 1er mai 2010/REUTERS/ChipEast - -

NATIONS UNIES - Après plusieurs heures de négociations, le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné mardi matin l'abordage meurtrier d'un...

par Patrick Worsnip

NATIONS UNIES (Reuters) - Le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné mardi les "actes" qui ont conduit à la mort de civils durant l'opération de la marine israélienne contre une flottille à destination de la bande de Gaza.

Le Conseil a adopté une déclaration formelle après plus de dix heures de négociations à huis clos dans laquelle il réclame une enquête "rapide, impartiale, crédible et transparente" sur l'incident.

L'instance des Nations unies demande également la libération immédiate des navires de la flottille et des quelque 700 militants détenus par Israël.

Le Conseil de sécurité s'était réuni d'urgence lundi après-midi pour débattre de l'assaut lancé par des commandos de marine contre la flottille qui a coûté la vie à neuf civils, selon l'armée israélienne.

Après une heure et demie de discussions ouvertes à la presse, les diplomates se sont réunis à huis clos pour s'entendre sur un texte.

Dans la déclaration de 24 lignes, lue par le président en exercice du Conseil, l'ambassadeur du Mexique Claude Heller, l'instance des Nations unies "regrette profondément les pertes en vies humaines et les blessures ayant résulté de l'usage de la force durant l'opération militaire israélienne dans les eaux internationales contre le convoi se dirigeant vers Gaza".

"Le Conseil, dans ce contexte, condamne les actes qui ont résulté en la perte d'au moins dix vies humaines et fait de nombreux blessés."

Les déclarations du Conseil sont moins contraignantes que les résolutions, mais contrairement à ces dernières, elles doivent être adoptées à l'unanimité.

BATAILLE DE MOTS

Des diplomates ont expliqué que les négociations ont été particulièrement difficiles entre la Turquie, qui a porté avec le Liban la question devant le Conseil, et les Etats-Unis, alliés d'Israël, sur la question de savoir si le mot "acte" devait être conjugué au singulier ou au pluriel.

"Acte" au singulier, soutenu par la Turquie, aurait impliqué qu'Israël seul était responsable de la mort des civils, alors qu'"actes" au pluriel suggère que les militants, qui selon Israël ont attaqué les commandos, portent également une part de responsabilité.

Les adjectifs concernant l'enquête réclamée par le Conseil ont été également mûrement choisis. Le mot "indépendante" a été retiré des premiers brouillons à l'insistance des Etats-Unis car il aurait signifié que l'enquête ne devait pas être confiée à Israël.

S'adressant aux journalistes après l'adoption de la déclaration, Claude Heller a déclaré que le mot "impartiale" revenait au même et que c'était aux Nations unies de déterminer qui devait mener les investigations.

Mais Alejandro Wolff, ambassadeur adjoint des Etats-Unis, n'a pas fourni la même interprétation: "Nous (...) soutenons l'enquête israélienne (...) et nous sommes convaincus qu'Israël sera en mesure de conduire en interne une enquête crédible et impartiale, transparente et rapide."

Pendant les 90 minutes de débat public, de nombreux membres du Conseil ont critiqué l'action israélienne avec plus ou moins de véhémence et jugé qu'il était temps pour Israël de mettre fin au blocus du territoire palestinien en place depuis trois ans.

Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a condamné une action comparable à "un acte de banditisme et de piraterie". La plupart des civils tués sont de nationalité turque, selon un haut responsable israélien.

L'ambassadeur adjoint d'Israël aux Nations unies, Daniel Carmon, a déclaré que la flottille n'avait rien d'une mission humanitaire. Ses organisateurs ont "cyniquement utilisé le costume de l'aide humanitaire pour envoyer un message de haine", a-t-il dit. Daniel Carmon a accusé certains organisateurs d'être liés à des organisations terroristes.

L'ambassadeur britannique Mark Lyall Grant a souligné la "nécessité claire pour Israël d'agir avec retenue" et qualifié le blocus de Gaza d'"inacceptable et contre-productif".

Patrick Worsnip, Jean-Stéphane Brosse pour le service français