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Le conducteur du train de Compostelle sera entendu par un juge

Le conducteur du train qui a déraillé mercredi soir près de Saint-Jacques-de-Compostelle, dans le nord-ouest de l'Espagne, faisant 79 morts, devait être entendu dans la soirée de dimanche par un juge. /Photo prise le 28 juillet 2013/REUTERS/Miguel Vidal

Le conducteur du train qui a déraillé mercredi soir près de Saint-Jacques-de-Compostelle, dans le nord-ouest de l'Espagne, faisant 79 morts, devait être entendu dans la soirée de dimanche par un juge. /Photo prise le 28 juillet 2013/REUTERS/Miguel Vidal - -

par Tracy Rucinski SAINT-JACQUES-DE-COMPOSTELLE, Espagne (Reuters) - Le conducteur du train qui a déraillé mercredi soir près de...

par Tracy Rucinski

SAINT-JACQUES-DE-COMPOSTELLE, Espagne (Reuters) - Le conducteur du train qui a déraillé mercredi soir près de Saint-Jacques-de-Compostelle, dans le nord-ouest de l'Espagne, faisant 79 morts, devait être entendu dans la soirée de dimanche par un juge.

Francisco José Garzon, 52 ans, est en garde à vue dans un commissariat après avoir quitté l'hôpital samedi. Les enquêteurs le soupçonnent d'homicide par imprudence.

La thèse d'une vitesse excessive du convoi dans une courbe dangereuse est privilégiée mais les experts cherchent à établir s'il s'agit d'une erreur humaine ou d'un problème technique lié au train, à la voie ou au système de sécurité.

Vendredi, alors qu'il était toujours hospitalisé, Garzon a refusé de parler aux policiers.

Tous les morts, parmi lesquels un Français, ont été identifiés et 70 blessés étaient toujours hospitalisés dimanche, dont 30 dans un état critique.

Le ministre espagnol de l'Intérieur, Jorge Fernandez, qui s'est rendu samedi à Saint-Jacques-de-Compostelle, a estimé qu'il existait suffisamment d'éléments pour inculper le conducteur d'homicide par imprudence.

Le train accidenté, un Alvia, l'un des trois types de trains à grande vitesse en service en Espagne, avait subi un contrôle de maintenance approfondi mercredi matin, quelques heures avant le drame, a affirmé au journal ABC le patron de la Renfe, les chemins de fer espagnols.

"Autant que nous le sachions, le train était dans un état parfait", a assuré Julio Gomez-Pomar.

Les trains Alvia roulent à la fois sur des voies traditionnelles, où les conducteurs doivent surveiller les alarmes et actionner eux-même les freins en cas de nécessité, et sur des voies à grande vitesse où un système automatique plus perfectionné fait ralentir les convois.

A l'endroit où s'est produit l'accident, c'était au conducteur de réagir en cas de vitesse excessive.

DES VOIX S'ÉLÈVENT POUR DÉFENDRE LE CONDUCTEUR

Pour Julio Gomez-Pomar, le débat ouvert sur des éventuelles insuffisances du système de sécurité "n'a pas beaucoup de sens".

Dimanche, pèlerins et passants anonymes ont continué de rendre hommage aux victimes en déposant des bougies et des fleurs à l'entrée de la cathédrale de Saint-Jacques, où se déroulera lundi une cérémonie officielle en mémoire des victimes, en présence du président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, originaire de la ville.

Certains fidèles ont laissé devant le porche leur bâton de pèlerin ou des coquilles Saint-Jacques, le symbole de l'apôtre évangélisateur de l'Espagne dont la fête tombe le 25 juillet, le lendemain de la catastrophe. Toutes les festivités ont évidemment été annulées par le gouvernement régional de Galice.

Dolorès Mato, 57 ans, une commerçante dont le magasin est tout proche de la cathédrale, dit sa compassion pour les victimes et leurs familles mais aussi pour Garzon, qui selon elle a été "crucifié" par les médias.

"Je crois vraiment qu'il y a eu quelque chose qui ne tournait pas rond avec ce train, ce n'est pas possible que le conducteur soit le seul fautif", ajoute-t-elle.

Certains commentateurs s'interrogent également sur le système de sécurité.

"Les experts (...) reconnaissent qu'à l'endroit de l'accident le contrôle de la vitesse du train repose uniquement et exclusivement sur le conducteur", écrit le journal conservateur La Vanguardia. "Il est clair que dans un train à grande vitesse, on ne peut pas se reposer exclusivement sur le professionnalisme du conducteur."

Le syndicat des conducteurs de train Semaf a dénoncé la façon dont est traité Francisco José Garzon.

"La police s'est appuyée sur des informations non vérifiées, sans même attendre la version officielle, pour arrêter cet homme. On l'a emmené, menottes aux poignets, c'est quelque chose qu'on ne peut pas faire comme cela", a estimé Santiago Pino, porte-parole du syndicat.

Guy Kerivel et Eric Faye pour le service français

Reuters