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Le commandant des forces alliées en afghanistan sur la sellette

Le général McChrystal, commandant des forces alliées en Afghanistan, est sur la sellette depuis la publication de certains de ses propos par le magazine Rolling Stone. Le président Barack Obama l'a convoqué mercredi à la Maison blanche. /Photo d'archives/

Le général McChrystal, commandant des forces alliées en Afghanistan, est sur la sellette depuis la publication de certains de ses propos par le magazine Rolling Stone. Le président Barack Obama l'a convoqué mercredi à la Maison blanche. /Photo d'archives/ - -

par Phil Stewart et Adam Entous WASHINGTON (Reuters) - Au c?ur d'une polémique consécutive à un article du magazine Rolling Stone, le général...

par Phil Stewart et Adam Entous

WASHINGTON (Reuters) - Au c?ur d'une polémique consécutive à un article du magazine Rolling Stone, le général Stanley McChrystal, commandant en chef des forces alliées en Afghanistan, est sur la sellette, Barack Obama estimant qu'il a manqué de discernement.

Mais le président américain a indiqué qu'il n'avait toujours pas arrêté les éventuelles mesures qu'il prendrait envers McChrystal, convoqué ce mercredi à la Maison blanche.

"Je pense qu'il est évident que cet article dans lequel son équipe et lui apparaissent démontre un manque de discernement (...) mais je veux m'assurer de lui parler directement avant de prendre toute décision définitive", a-t-il dit mardi à la presse.

Obama a convoqué personnellement McChrystal mercredi à Washington pour qu'il s'explique sur cet article, dans lequel ses adjoints critiquent l'administration américaine.

L'article, à paraître vendredi, parle d'un fossé entre l'armée américaine et les conseillers d'Obama à un moment particulièrement délicat pour le Pentagone, qui doit faire face à la critique de sa stratégie dans ce conflit vieux de près de neuf ans.

Cette enquête décrit "la déception" du général McChrystal à l'issue de son premier tête-à-tête avec le président des Etats-Unis l'année dernière.

L'affaire met également l'administration face à "un véritable dilemme", dit un haut responsable de la présidence. "La Maison blanche, explique-t-il, doit être très ferme parce qu'il a une attitude d'insubordination. Puis il faudra décider ce qu'il convient de faire de lui."

"ÉNORME ERREUR"

Le général, qui est âgé de 55 ans, a été convoqué à Washington pour s'expliquer sur cette "énorme erreur", selon la Maison blanche. "Toutes les hypothèses sont envisageables", a déclaré dans la journée le porte-parole de la présidence, Robert Gibbs.

Le secrétaire à la Défense, Robert Gates, a lui aussi parlé d'une "erreur considérable".

Deux responsables de l'administration ont dit s'attendre à ce que le général présente sa démission à Barack Obama. Le démocrate David Obey, président de la commission qui supervise les dépenses militaires à la Chambre des représentants, s'est prononcé en ce sens.

Déjà des noms circulent pour le remplacer, parmi lesquels le général David Rodriguez, l'actuel n°2 de McChrystal, le général William Caldwell, chargé de la formation par l'Otan des forces afghanes, et le général James Matthis, du commandement des forces américaines.

Quelques heures après l'annonce de la convocation de McChrystal à Washington, le président afghan Hamid Karzaï s'est rangé lui à ses côtés.

"Le président soutient le général McChrystal ainsi que sa stratégie en Afghanistan et pense qu'il est le meilleur commandant que les Etats-Unis aient envoyé en Afghanistan au cours des neuf dernières années", a déclaré Waheed Omer, porte-parole du chef de l'Etat.

"UN CLOWN RESTÉ FIGÉ EN 1985"

Le général américain, en fonctions depuis un an, a publié un communiqué d'excuses, peu après la fuite dans les médias d'extraits de Rolling Stone. "Je présente mes excuses les plus sincères (...) C'était une erreur, reflet d'un mauvais jugement; tout cela n'aurait jamais dû se produire", dit-il.

Un de ses conseillers chargés des relations avec la presse, Duncan Boothby, a présenté sa démission mardi.

L'article cite un membre de l'équipe de McChrystal se moquant du vice-président Joe Biden, détracteur supposé des efforts du général pour radicaliser le conflit. "Biden? Avez-vous dit: mords-moi? (Bite me)?". McChrystal lui-même ironise sur Biden. "Vous m'interrogez sur le vice-président Biden ? Qui est-ce ?", dit-il.

Plus loin, un autre de ses aides de camp qualifie de "clown resté figé en 1985" le conseiller de la Maison blanche à la Sécurité nationale Jim Jones, un général quatre étoiles à la retraite.

Sur la rencontre entre Obama et McChrystal, un conseiller du général raconte: "Obama à l'évidence ne savait rien de lui, ni qui il était. Voilà le type qui allait diriger cette guerre, mais il ne semblait pas très engagé. Le 'patron' a été très déçu."

Le chef d'état-major américain interarmes Mike Mullen s'est dit mardi "profondément déçu par cet article et par les opinions qui y apparaissent".

McChrystal a pris ses fonctions en juin 2009 en remplacement du général David McKiernan, remercié par l'administration américaine.

L'article de Rolling Stone est consultable en ligne: http://www.rollingstone.com/politics/news/17390/119236

Avec Will Dunham, Alister Bull et Jeff Mason. Danielle Rouquié, Olivier Guillemain, Jean-Philippe Lefief, Eric Faye et Henri-Pierre André pour le service français