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Le CNT libyen intensifie l'offensive de Syrte

Les forces du Conseil national (CNT) de transition au pouvoir en Libye ont accentué leur pression militaire à Syrte, dont elles ont pris le quartier de Bouhadi, dans le Sud. Chars, pièces d'artillerie et batteries antiaériennes ont été mis à contribution

Les forces du Conseil national (CNT) de transition au pouvoir en Libye ont accentué leur pression militaire à Syrte, dont elles ont pris le quartier de Bouhadi, dans le Sud. Chars, pièces d'artillerie et batteries antiaériennes ont été mis à contribution - -

SYRTE, Libye (Reuters) - Les forces du Conseil national (CNT) de transition au pouvoir en Libye ont accentué leur pression militaire à Syrte, ville...

SYRTE, Libye (Reuters) - Les forces du Conseil national (CNT) de transition au pouvoir en Libye ont accentué leur pression militaire à Syrte, ville natale de Mouammar Kadhafi, dont elles ont pris le quartier de Bouhadi, dans le Sud.

Après plusieurs semaines de siège, les ex-rebelles ont progressé de quelques kilomètres en direction du centre, depuis le front est. Chars, pièces d'artillerie et batteries antiaériennes ont été mis à contribution et le ciel était encore illuminé par les explosions à la nuit tombée, tandis que les avions de l'Otan survolaient la ville.

Des combats de rue ont éclaté à deux kilomètres du centre-ville, selon un cadre militaire du CNT. Dans l'hôpital de campagne dressé aux abords de Syrte, on fait état de quatre morts et de 39 blessés dans les rangs des ex-rebelles.

Selon un porte-parole militaire des nouvelles autorités, Moutassim Kadhafi, l'un des fils du "guide" déchu, se cache dans un hôpital de cette ville hautement symbolique de 75.000 habitants, située entre Tripoli et Benghazi.

"Nos hommes (à Syrte) se battent contre des complices du tyran", a dit Ahmed Bani à la chaîne de télévision Libya TV dont le siège est à Doha.

"Selon des informations toutes fraîches en notre possession, il s'agit d'un groupe d'assassins et de mercenaires commandés par Moutassim Kadhafi, qui se trouve actuellement à l'hôpital Ibn Sina de Syrte pour tenter d'échapper aux tirs".

Selon un correspondant de Reuters sur place, les hommes du CNT semblent contrôler le quartier de Bouhadi. Ils disent toutefois avoir encore à faire à des poches de résistance isolées.

"Nous les cernons de toute part. Nous avons ordre d'avancer sur tous les fronts et d'utiliser toutes les types d'armes", a déclaré l'un d'eux, nommé Saïd Hammad, tandis que d'autres combattants chargeaient leurs pick-up des biens pillés à Bouhadi, dont les rues étaient désertes.

Après avoir du battre en retraite en raison de la violence des combats, un convoi de la Croix-Rouge a pu livrer des bouteilles d'oxygène et du matériel médical à l'hôpital Ibn Sina.

LE CNT REVOIT SON CALENDRIER

"La situation sur le terrain était très tendue avec les combats en cours. Dans ces conditions, nous avons dû nous limiter, après avoir obtenu l'autorisation de toutes les parties concernées, à acheminer l'aide humanitaire la plus urgente", a expliqué Hichem Khadraoui, au nom de l'organisation.

La situation des habitants, que le siège a privé d'eau, de vivres et de médicaments, inquiète les organisations humanitaires. Selon des membres du personnel de l'hôpital Ibn Sina ayant fui la ville, des patients meurent sur la table d'opération faute d'oxygène et de carburant pour faire fonctionner les groupes électrogènes.

Les patients s'entasseraient dans les couloirs et les soins seraient, selon eux, réservés aux combattants fidèles à Mouammar Kadhafi ou aux membres de sa tribu.

Le CNT a par ailleurs fait savoir que les préparatifs en vue d'élections libres et démocratiques débuteraient une fois Syrte tombée.

Le gouvernement intérimaire comptait jusqu'ici entamer le processus après la "libération" du pays tout entier. Or, certains de ses partenaires occidentaux craignaient que la situation s'éternise et ne favorise les dissensions.

Les nouvelles autorités ont décidé "d'annoncer la libération de tout le pays une fois que Syrte sera libérée", a déclaré Mahmoud Djibril, chef du gouvernement intérimaire, lors d'une conférence de presse à Benghazi.

Si les hommes du CNT progressent à Syrte, les fidèles de Mouammar Kadhafi tiennent encore fermement Bani Walid, 150 km au sud-est de Tripoli.

"Le manifeste constitutionnel dit que la libération sera achevée avec la prise de installations aériennes, maritimes et terrestres. Bani Walid n'en dispose pas (...), elle n'empêchera donc pas le processus démocratique d'aller de l'avant", a poursuivi le chef du gouvernement intérimaire, ajoutant que la ville serait considérée comme une "région insoumise".

La calendrier dévoilé le mois dernier prévoit la formation d'un gouvernement de transition dans un délai de 30 jours après la "libération" et l'élection d'une assemblée constituante de 200 sièges dans les 240 jours. Dans le mois qui suit, cette chambre devra nommer un Premier ministre appelée à former un gouvernement.

Jean-Philippe Lefief pour le service français