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Le centre droit portugais prépare un gouvernement de coalition

Pedro Passos Coelho, chef des sociaux-démocrates portugais (PSD, centre-droit), qui ont remporté les élections législatives anticipées de dimanche aux dépens des socialistes du Premier ministre sortant José Socrates. Fort de sa victoire, le PSD va désorma

Pedro Passos Coelho, chef des sociaux-démocrates portugais (PSD, centre-droit), qui ont remporté les élections législatives anticipées de dimanche aux dépens des socialistes du Premier ministre sortant José Socrates. Fort de sa victoire, le PSD va désorma - -

par Andrei Khalip LISBONNE (Reuters) - Les sociaux-démocrates portugais (PSD, centre droit), forts de leur victoire aux élections législatives...

par Andrei Khalip

LISBONNE (Reuters) - Les sociaux-démocrates portugais (PSD, centre droit), forts de leur victoire aux élections législatives anticipées, vont désormais s'atteler à la formation d'un gouvernement de coalition chargé de mettre en oeuvre un plan d'austérité drastique.

Le PSD a recueilli dimanche 39% des voix et 105 sièges à l'Assemblée de la République, le parlement unicaméral. Son allié traditionnel à droite, le CDS-PP (Parti du centre démocratique et social-Parti populaire) a obtenu 24 élus.

Les deux formations disposent donc d'une majorité solide de 129 sièges sur 230. Les socialistes ont conservé 73 députés, 24 de moins que lors du précédent scrutin en septembre 2009. Le dirigeant du PS, José Socrates, a démissionné à l'issue du vote.

"Je vais concentrer tous mes efforts, aussi vite que possible, à faire en sorte que le pays et les Portugais aient un gouvernement de majorité dirigé par le PSD, qui offrira quatre ans de stabilité", a déclaré le dirigeant du PSD et futur Premier ministre, Pedro Passos Coelho.

Le chef de file du CDS-PP, Paulo Portas, s'est dit prêt à gouverner avec les sociaux-démocrates.

"PÉNIBLE MAIS JUSTE"

"Pas le temps de souffler", commente lundi le quotidien des affaires Diario Economico dans un éditorial. "Le PSD et le CDS doivent commencer à travailler sur un accord de coalition et un gouvernement qui aura suffisamment de qualité et d'expérience pour mettre en oeuvre un programme ambitieux mais difficile."

Le scrutin clôt un chapitre d'instabilité politique qui a débuté par la démission du gouvernement socialiste minoritaire de José Socrates en mars, face au refus de l'opposition d'approuver un nouveau train de mesures d'austérité.

Le Premier ministre socialiste avait averti que ce refus conduirait le pays, lourdement endetté, à devoir accepter une aide internationale, à l'instar de la Grèce et de l'Irlande.

Ce plan de sauvetage a été approuvé début mai.

L'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) ont accepté de prêter 78 milliards d'euros à Lisbonne sur trois ans en échange d'un programme "pénible mais juste", selon les termes des négociateurs européens.

Ce programme devrait plonger le pays en récession pendant deux ans alors que le taux de chômage, à 12,4%, est déjà le plus élevé depuis trente ans.

BAISSE DES DÉPENSES PUBLIQUES

Une fois constitué son cabinet de coalition, Pedro Passos Coelho, un quadragénaire proche des milieux d'affaires, devrait être en mesure d'appliquer rapidement les mesures contenues dans le plan de renflouement.

Le PSD prône avant tout une forte baisse des dépenses publiques. Les socialistes ne les avaient que modérément réduites, préférant chercher à accroître les recettes par une hausse des taxes. Les sociaux-démocrates plaident aussi en faveur d'un rôle moindre de l'Etat dans l'économie. Des privatisations figurent à leur programme.

"La prochaine étape sera de voir à quel rythme seront adoptées certaines décisions impopulaires et quelle sera la réaction de la société", estime David Schnautz, spécialiste des marchés obligataires à la Commerzbank.

Contrairement à la Grèce ou l'Espagne, le Portugal a été relativement épargné par les mouvements sociaux ces derniers mois, mais la donne pourrait changer au fur et à mesure que s'aggrave la récession.

Filipe Garcia, directeur d'un cabinet de consultants à Porto, note que la victoire électorale du PSD va lui donner dans un premier temps les coudées franches pour lancer des mesures impopulaires.

"Mais le plan ne résout par les problèmes du pays, n'apporte pas de croissance, et le succès de la politique économique du gouvernement dépendra beaucoup de la crise de la dette souveraine dans la zone euro", dit-il.

Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Gilles Trequesser