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Le calme semble revenir dans les villes britanniques

Policiers en patrouille dans le quartier londonien d'Eltham, mercredi soir. Le calme semble être revenu en Grande-Bretagne après la vague d'émeutes déclenchée le week-end dernier. /Photo prise le 10 août 2011/REUTERS/Stefan Wermuth

Policiers en patrouille dans le quartier londonien d'Eltham, mercredi soir. Le calme semble être revenu en Grande-Bretagne après la vague d'émeutes déclenchée le week-end dernier. /Photo prise le 10 août 2011/REUTERS/Stefan Wermuth - -

par Matt Falloon et Mohammed Abbas LONDRES (Reuters) - La vague d'émeutes qui secoue la Grande-Bretagne depuis le week-end a semblé refluer mercredi...

par Matt Falloon et Mohammed Abbas

LONDRES (Reuters) - La vague d'émeutes qui secoue la Grande-Bretagne depuis le week-end a semblé refluer mercredi soir au début d'une "riposte" promise par le Premier ministre David Cameron et l'envoi de centaines de policiers dans les rues pour tenter de rétablir l'ordre.

A 21h30, les incidents se limitaient à des échauffourées sporadiques ou à des face-à-face entre la police anti-émeute et des groupes de jeunes gens, après quatre nuits marquées par des éruptions de violence bien avant la tombée de la nuit.

Londres, où 16.000 policiers sont déployés depuis la nuit de mardi à mercredi et où des groupes de quartier se sont organisés pour protéger leurs biens, semblait se diriger vers une deuxième nuit tendue mais sans incident majeur.

Les autres villes du nord et du centre de l'Angleterre comme Manchester, Liverpool ou Birmingham, où la violence s'était propagée mardi soir, paraissaient elles aussi plus calmes.

"Nous avions besoin d'une riposte et la riposte est en cours", a déclaré David Cameron après une réunion du comité ministériel de sécurité Cobra, chargé des situations de crise.

"La police disposera de toutes les ressources dont elle a besoin", y compris des balles en plastique et canons à eau, a ajouté le Premier ministre, revenu de vacances en Italie mardi.

Le gouvernement de coalition conservateur-libéral, qui procède à des coupes sévères dans les services publics pour éponger un déficit budgétaire record, s'est empressé de nier tout lien entre les émeutes et ses mesures d'austérité, assimilant les troubles à un problème "purement criminel".

David Cameron, critiqué pour son manque de réactivité initial, a convoqué le parlement qui se réunira jeudi, rompant la trêve estivale. Il n'a fait aucune allusion aux problèmes sociaux et économiques de certains quartiers.

"Il y a des poches de notre société qui ne sont pas seulement cassées, mais franchement malades", a déclaré le dirigeant conservateur.

ENQUÊTE À BIRMINGHAM

Les tribunaux ont travaillé sans relâche jusqu'au soir mercredi pour juger des personnes interpellées pendant les émeutes. Parmi les prévenus figuraient un garçon de 11 ans ou encore un employé caritatif. Un millier d'arrestations ont été effectuées au total, dont 805 à Londres.

Les premières émeutes ont éclaté à Tottenham, dans le nord de Londres, après la mort d'un Antillais de 29 ans, Mark Duggan, lors d'une opération policière, avant de s'étendre à d'autres villes.

Les premiers rapports indiquaient que Mark Duggan avait tiré sur les forces de l'ordre avec un pistolet retrouvé à ses côtés. Mais selon un communiqué de la Commission indépendante des plaintes contre la police (IPCC), "il n'existe à ce stade aucune preuve que l'arme retrouvée sur la scène (de crime) a été utilisée" contre les policiers.

A Birmingham, la police a ouvert une enquête pour homicide après la mort de trois personnes renversées par une voiture. Selon un ami des victimes, qui s'exprimait au micro de la BBC, les trois hommes appartenaient à une groupe d'autodéfense et tentaient de prévenir les pillages. "La voiture a foncé sur eux. C'est un meurtre commis de sang-froid", a-t-il dit.

Mardi, un homme de 26 ans, atteint par une balle alors qu'il se trouvait dans sa voiture à Croydon, dans le sud de Londres, a succombé à ses blessures.

FRUSTRATION

Les violences contre les personnes et les petits commerces, dont les photos et vidéos sont largement relayées sur les réseaux sociaux par internet et les chaînes d'information télévisée, ont choqué de nombreux Britanniques.

Les pilleurs qui dépouillent les magasins des produits les plus onéreux - télévisions, bijoux - aux plus anodins - bonbons, bouteilles d'alcool -, renforcent la colère d'une partie de l'opinion et confortent l'argumentation du gouvernement.

Mais le pays s'interroge aussi sur les raisons de ces violences, les plus graves depuis des décennies.

Les responsables des communautés locales et les émeutiers eux-mêmes assurent que la violence est l'expression de la frustration ressentie par les habitants les plus pauvres d'un pays qui se classe parmi les plus inégalitaires du monde développé.

"Ils (les autorités) ont augmenté les impôts, diminué les prestations sociales pour les enfants. Tout le monde en a profité pour se défouler", déclare un homme qui participé aux émeutes dans le quartier de Hackney, dans l'est de Londres.

Les habitants des quartiers concernés et certains commentateurs soulignent aussi les tensions régulières entre les jeunes et la police.

Ce phénomène "doit être interprété comme une explosion d'agressivité d'une 'sous-classe' exclue socialement et économiquement", écrit le journal libéral The Independent.

Le Daily Telegraph, quotidien de droite, adopte un ton bien plus dur: "Il faut apprendre à ces voyous le respect de la loi de la manière forte. Ces émeutes ont humilié la nation et le gouvernement doit en être tenu responsable."

Jean-Stéphane Brosse pour le service français