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Le bilan de l'attentat contre une église d'Alexandrie s'alourdit

Un policier égyptien devant l'église copte d'Alexandrie cible d'un attentat à la bombe dans la nuit de vendredi à samedi. L'attaque a fait au moins 21 morts et 97 blessés, selon les autorités égyptiennes. /Photo prise le 1er janvier 2011/REUTERS/Amr Abdal

Un policier égyptien devant l'église copte d'Alexandrie cible d'un attentat à la bombe dans la nuit de vendredi à samedi. L'attaque a fait au moins 21 morts et 97 blessés, selon les autorités égyptiennes. /Photo prise le 1er janvier 2011/REUTERS/Amr Abdal - -

par Ahmed el Chemi ALEXANDRIE, Égypte (Reuters) - Un attentat à la bombe commis dans la nuit de vendredi à samedi devant une église copte...

par Ahmed el Chemi

ALEXANDRIE, Égypte (Reuters) - Un attentat à la bombe commis dans la nuit de vendredi à samedi devant une église copte d'Alexandrie où des fidèles s'étaient réunis pour le Nouvel An a fait au moins 21 morts et 97 blessés, selon les autorités égyptiennes.

Le ministère de l'Intérieur a d'abord parlé d'une voiture piégée, mais privilégie désormais la piste d'un kamikaze.

"Il est probable que l'engin qui a explosé était porté par un kamikaze qui a péri au milieu des autres victimes", peut-on lire dans un communiqué du ministère égyptien, diffusé par l'agence de presse officielle Mena.

Le mode opératoire de cet attentat et celui des précédents "indiquent clairement que des éléments étrangers ont planifié et exécuté" cette attaque, précise le texte.

Les dirigeants égyptiens, inquiets à l'approche de l'élection présidentielle de septembre et ne sachant pas si le président Hosni Moubarak se représentera à 82 ans révolus, ont immédiatement lancé des appels à l'unité.

Ils redoutent une explosion de violences entre communautés en cette année électorale.

Le gouverneur d'Alexandrie, Adel Labib, "a accusé Al Qaïda d'avoir commandité cet attentat", ont rapporté sans plus de précision des chaînes de télévision égyptiennes.

MOUBARAK VOIT LA MAIN DE L'ÉTRANGER

De son côté, le président a estimé que l'attentat visait le pays tout entier et non une communauté en particulier. Il a affirmé qu'il ne déstabiliserait pas le pays et qu'il ne diviserait pas les communautés copte et musulmane.

"De vils terroristes ont visé la nation, les coptes et les musulmans", a-t-il dit lors d'une déclaration officielle à la télévision égyptienne en évoquant "des éléments impliquant la main de l'étranger".

"Des gens cherchent à déstabiliser ce pays et tout indique que des mains étrangères sont derrière cet incident", a lui aussi déclaré Mohammed el Katatni, au nom des Frères musulmans, mouvement islamiste qui a renoncé à la violence et première force de l'opposition.

L'explosion s'est produite juste après minuit devant l'église d'Al Kidissine, où des fidèles assistaient à une messe. Elle a conduit des centaines de chrétiens à se regrouper dans la rue pour manifester leur colère.

Des incidents ont éclaté entre chrétiens et musulmans. Plusieurs voitures ont été incendiées. La police est intervenue à coups de gaz lacrymogènes pour disperser la foule tandis que des ambulances arrivaient sur les lieux.

"Nous sacrifions nos âmes et notre sang pour la croix", scandaient samedi quelque 150 coptes à proximité de l'église orthodoxe visée.

"On se croirait à Bagdad", a raconté un témoin joint par téléphone. Une mosquée voisine a été endommagée et huit musulmans sont au nombre des blessés.

"Les premiers éléments de l'enquête indiquent qu'une voiture est à l'origine de l'explosion. Elle était garée devant l'église et on pense qu'elle appartenait à une personne fréquentant souvent cette église", précise le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.

L'ambassade des Etats-Unis a exprimé ses condoléances aux familles des victimes de ce "terrible événement".

La minorité chrétienne d'Egypte représente environ 10% des 79 millions d'habitants du pays. Les relations tendues avec la majorité musulmane dégénèrent régulièrement en violences.

NOËL COPTE LE 7 JANVIER

En novembre, de violents affrontements avaient éclaté au Caire entre des manifestants chrétiens et les forces de la police anti-émeutes à la suite de l'arrêt du chantier d'une église.

Deux chrétiens avaient été tués et plusieurs dizaines de personnes avaient été blessées, selon des sources médicales, tandis que plus de 150 manifestants étaient interpellés.

Depuis, le dispositif de sécurité avait été renforcé aux abords des églises devant lesquelles les voitures ne peuvent plus stationner.

L'Eglise copte d'Egypte a par ailleurs été menacée par Al Qaïda en novembre. L'"Etat islamique d'Irak", branche irakienne de la mouvance islamiste armée, accuse les orthodoxes de retenir contre leur gré des femmes qui se sont converties à l'islam.

Dans une déclaration mise en ligne il y a deux semaines sur un site internet islamiste, les musulmans étaient invités à attaquer des églises coptes d'Egypte "pendant les fêtes de Noël lorsque ces églises sont bondées". L'édifice visé le 31 décembre à Alexandrie y figurait. La déclaration ne mentionnait aucun groupe nommément.

Le Noël orthodoxe copte tombe cette année le 7 janvier.

Pour Kamil Sadiq, du conseil copte d'Alexandrie, "ce massacre est signé Al Qaïda". "Il s'agit du même mode opératoire qu'Al Qaïda a adopté dans d'autres pays", a-t-il dit à Reuters.

Avec Edmund Blair, Yasmine Saleh et Marwa Awad; Henri-Pierre André, Olivier Guillemain, Jean-Loup Fiévet et Jean-Philippe Lefief pour le service français