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La transition menacée en Egypte avant la présidentielle

Quelques centaines de manifestants se sont rassemblés vendredi en début de soirée sur la place Tahrir au Caire pour protester contre la décision de l'armée égyptienne de dissoudre le Parlement à l'avant-veille du second tour de l'élection présidentielle o

Quelques centaines de manifestants se sont rassemblés vendredi en début de soirée sur la place Tahrir au Caire pour protester contre la décision de l'armée égyptienne de dissoudre le Parlement à l'avant-veille du second tour de l'élection présidentielle o - -

par Tom Perry et Edmund Blair LE CAIRE (Reuters) - Quelques centaines de manifestants se sont rassemblés vendredi en début de soirée sur la place...

par Tom Perry et Edmund Blair

LE CAIRE (Reuters) - Quelques centaines de manifestants se sont rassemblés vendredi en début de soirée sur la place Tahrir au Caire pour protester contre la décision de l'armée égyptienne de dissoudre le Parlement à l'avant-veille du second tour de l'élection présidentielle opposant un islamiste à un ancien général.

Des révolutionnaires avaient appelé à manifester en ce jour férié en Egypte, à la veille du scrutin pour dénoncer ce qui est perçu comme une tentative de "coup de force institutionnel" des généraux après l'invalidation des élections législatives de l'hiver remportées par les islamistes.

La décision de la Haute cour constitutionnelle de dissoudre l'Assemblée constituante et de maintenir la candidature d'Ahmed Chafik dans la course à la présidentielle a provoqué un tollé chez les révolutionnaires et les islamistes, qui y voient la preuve de la volonté des militaires et des élites de l'ancien régime de se maintenir au pouvoir.

Le second tour de l'élection présidentielle de samedi et dimanche est le point d'orgue d'une année de transition assurée depuis le 11 février 2011 et la chute du président Hosni Moubarak par le Conseil suprême des forces armées (CSFA).

L'armée, qui a promis de remettre le pouvoir à un président élu d'ici juillet, a assuré jeudi que la décision de la Haute cour constitutionnelle ne remettait pas en cause la tenue du scrutin présidentiel.

Cette assurance n'a pas convaincu le mouvement du 6-Avril, l'un des fers de lance de la révolution ayant abouti au renversement d'Hosni Moubarak, qui a appelé à manifester ce vendredi contre "un coup d'Etat militaire en douceur".

"Nous sauverons notre révolution. Nous sauverons l'Egypte du régime militaire", écrit le mouvement dans un communiqué publié tôt vendredi Et qui cible ses attaques contre Ahmed Chafik.

Cet ancien commandant de l'armée de l'air et dernier Premier ministre d'Hosni Moubarak est arrivé en deuxième position au premier tour de la présidentielle, les 23 et 24 mai. Il affrontera au second tour le candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi.

La juridiction suprême a annulé jeudi une loi votée en avril par le Parlement qui visait à interdire aux hauts responsables de l'ancien régime de concourir à la magistrature suprême.

L'ancien général, dont la candidature à la présidentielle avait été placée en sursis, a salué un jugement "historique", affirmant lors d'un meeting au Caire qu'il renforçait sa légitimité.

MANIPULATIONS

La Cour a également invalidé un tiers des 498 sièges du Parlement, dominé par les islamistes, en estimant que certaines règles appliquées lors des législatives de l'hiver dernier étaient contraires à la Constitution.

L'arrêt concernant l'assemblée devrait entraîner la dissolution de la chambre basse et la tenue d'un nouveau scrutin législatif, a précisé le président de la Cour, Farouk Soltan.

Les premières élections législatives depuis la chute du président Hosni Moubarak lors de la "révolution du Nil" de janvier-février 2011 ont eu lieu l'hiver dernier. Elles ont accouché d'une nette victoire des islamistes.

Les Frères musulmans ont pris acte de la décision et fait savoir qu'ils maintenaient leur candidat dans la course à la magistrature suprême, tout en estimant que l'Egypte allait au devant de "journées très difficiles qui pourraient être encore plus dangereuses que les derniers jours du régime de Moubarak".

"Toutes les avancées démocratiques de la révolution pourraient être balayées et renversées si le pouvoir est confié à l'un des symboles de l'ère antérieure", ont ajouté les Frères musulmans dans un communiqué.

Mohamed Morsi a prévenu pour sa part que toute manipulation déclencherait "une énorme révolution".

"S'il y a la moindre falsification, il y aura une énorme révolution contre les criminels, une énorme révolution jusqu'à ce que nous parachevions tous les objectifs de la révolution du 25 janvier (2011)", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Il a également dit que les deux arrêts pris dans la journée par la Haute Cour constitutionnelle montraient qu'"il y a ceux qui cherchent et luttent et puis ceux qui veulent du mal au peuple".

Les Frères musulmans, craignant semble-t-il pour la candidature de leur poulain à la présidentielle, n'avaient pas appelé leurs fidèles à descendre dans la rue ce vendredi.

A Washington, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a déclaré que les Etats-Unis attendaient des généraux égyptiens qu'ils remettent comme prévu la totalité de leurs pouvoirs à un gouvernement civil démocratiquement élu. "Il ne peut pas y avoir de marche en arrière concernant la transition démocratique réclamée par le peuple égyptien", a-t-elle dit.

Henri-Pierre André, Marine Pennetier et Jean-Loup Fiévet pour le service français