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La transition dynastique se met en place en Corée du Nord

Kim Jong-un, fils du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il, a été promu publiquement au grade de général mardi, ce qui semble marquer la première étape du processus de transition dynastique à la tête du pays. /Photo prise le 26 août 2010/REUTERS/Jo Yong-Hak

Kim Jong-un, fils du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il, a été promu publiquement au grade de général mardi, ce qui semble marquer la première étape du processus de transition dynastique à la tête du pays. /Photo prise le 26 août 2010/REUTERS/Jo Yong-Hak - -

par Jack Kim et Jeremy Laurence SEOUL (Reuters) - Kim Jong-un, fils du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il, a été promu publiquement au grade de...

par Jack Kim et Jeremy Laurence

SEOUL (Reuters) - Kim Jong-un, fils du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il, a été promu publiquement au grade de général mardi, ce qui semble marquer la première étape du processus de transition dynastique à la tête du pays.

Cette promotion a été annoncée par l'agence de presse officielle KCNA à quelques heures de l'ouverture de la conférence du parti unique, le Parti des travailleurs de Corée.

KCNA n'avait jamais auparavant évoqué Kim Jong-un. L'agence ne l'a toutefois pas identifié comme le fils du numéro un du régime autarcique.

Kim Jong-il, âgé de 68 ans, aurait été victime d'une attaque cérébrale en 2008 et les plans pour sa succession auraient été accélérés depuis.

Le "Cher dirigeant", qui a été reconduit mardi à son poste de secrétaire général du Parti des travailleurs, ne devrait toutefois pas abandonner le pouvoir tout de suite malgré sa santé déclinante, disent les experts, car son fils est jugé trop jeune et inexpérimenté.

"Comme prévu, la transition dynastique est devenue publique. Jusqu'à présent, ils suivent le processus que nous avons observé dans les années 1970 quand Kim Jong-il lui-même manoeuvrait pour devenir le nouveau 'Cher dirigeant'", note Andreï Lankov, de l'université Kookmin, à Séoul. "La différence est que cette fois, ils semblent très pressés."

Shotaro Yachi, ancien vice-ministre japonais des Affaires étrangères, n'écarte pas le risque, pendant la transition, de luttes intestines et de difficultés économiques "qui pourraient transformer la péninsule coréenne en baril de poudre".

PROMOTION POUR UNE SOEUR DE KIM

Les Etats-Unis ont réagi prudemment, soulignant qu'il était trop tôt pour juger d'une possible évolution du régime nord-coréen. "Les Etats-Unis observent avec attention les événements en Corée du Nord, et nous tenterons avec nos partenaires en Asie-Pacifique d'évaluer l'implication de ceux qui viennent de filtrer", a déclaré à la presse le principal diplomate américain de la région Asie-Pacifique, Kurt Campbell.

L'agence KCNA a précisé que six personnes avaient été promues au sein de l'armée, dont Kim Jong-un et la soeur de Kim Jong-il, Kyong-hui, au grade de général.

L'appui de l'appareil militaire est jugé essentiel pour une transition en douceur, qui plus est pour Kim Jong-un, troisième fils connu du "Cher dirigeant" qui n'occupait jusqu'ici aucune fonction officielle. Kim Jong-un serait né en 1983 ou 1984. Il a suivi des études en Suisse et parlerait l'anglais et l'allemand.

La conférence du Parti des travailleurs coréens vise à renouveler la "direction suprême" du parti. Il s'agit de l'événement politique le plus important en Corée du Nord depuis 1980, lorsque Kim Jong-il avait officiellement succédé à son père Kim Il-sung, fondateur de la Corée du Nord, en prenant de hautes fonctions au sein du parti.

PÉRIODE DE RÉGENCE ?

"Il est frappant que l'annonce importante émergeant de cette conférence concerne un poste militaire, et non un poste au sein du parti", note Marcus Noland, de l'Institut Peterson à Washington. "Cela atteste du rôle central de l'armée dans le gouvernement nord-coréen aujourd'hui."

"Rien n'est laissé au hasard", ajoute-t-il, évoquant la promotion de la soeur de Kim Jong-il comme une mesure de plus pour assurer une transition en douceur, "afin que l'ancienne génération puisse jouer en quelque sorte le rôle de régent."

Le beau-frère de Kim Jong-il, Jang Song-Thaek, a été lui aussi nommé à un poste clé de l'armée ces derniers mois.

La conférence a lieu alors que Pyongyang s'efforce d'atténuer les sanctions adoptées en 2006 et 2009 par les Nations unies en réaction aux deux essais nucléaires effectués par la Corée du Nord.

Kim a effectué fin août sa deuxième visite en Chine en quelques mois. Selon les observateurs, ce déplacement visait probablement à exposer aux dirigeants chinois les projets de transition et à obtenir des promesses de soutien économique. Kim Jong-il était accompagné dans ce voyage de son fils cadet.

La Corée du Nord a dans le même temps fait savoir à Pékin qu'elle était prête à reprendre les "pourparlers à six" sur son programme militaire nucléaire, en suspens depuis le retrait de Pyongyang en 2008.

Avec les rédactions de New York, Washington et Séoul, Bertrand Boucey, Gregory Schwartz et Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Gilles Trequesser