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La société civile veut faire entendre sa voix au Forum e-G8

Le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg (à droite), et le directeur général de Publicis, Maurice Lévy, au Forum eG8, à Paris. Des représentants de la société civile estiment être évincés des débats organisés dans ce sommet, qui, en donnant majoritaireme

Le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg (à droite), et le directeur général de Publicis, Maurice Lévy, au Forum eG8, à Paris. Des représentants de la société civile estiment être évincés des débats organisés dans ce sommet, qui, en donnant majoritaireme - -

Des représentants de la société civile estiment être évincés des débats organisés dans le cadre de l'e-G8, qui, en donnant majoritairement la parole aux patrons de grands groupes établis, passe, selon eux à côté des véritables enjeux d'internet.

Organisé à l'initiative de la France, ce forum dédié au numérique réunit à Paris les vedettes du secteur, de Google à Twitter, en passant par les opérateurs télécoms et les grands groupes de médias comme Vivendi.

Il doit élaborer une série de recommandations à l'adresse des chefs d'Etat et de gouvernement du G8 qui débattront pour la première fois d'internet jeudi et vendredi à Deauville.

"Nous voulons nous assurer que d'autres voix soient entendues même si le communiqué final a déjà été écrit", a expliqué mercredi Susan Crawford, ex-membre de l'organisme américain Icann (Internet corporation for internet names and numbers), lors d'une conférence de presse.

"Il faut que tout le monde sache qu'il n'y a pas de consensus", a-t-elle ajouté.

Lors de cette conférence de presse organisée mercredi à l'impromptu sous le chapiteau de l'e-G8, des universitaires et des militants associatifs ont déploré que les préoccupations économiques et réglementaires aient dominé une grande partie des discussions.

Le secrétaire général de Reporters sans frontières Jean-François Julliard a ainsi jugé "scandaleux" qu'aucune parole n'ait été prononcée à l'attention de dissidents emprisonnés en Iran ou en Chine pour s'être exprimés sur internet.

"Avant de penser à réguler des contenus, il faut d'abord se soucier qu'internet reste libre", a-t-il souligné.

Les participants à la conférence de presse ont également déploré que le choix des invités du forum ne reflète pas la réalité d'une industrie constituée d'un foisonnement de petites et moyennes entreprises.

APPEL À LA MOBILISATION

"Une très grande partie d'internet n'était pas ici et tout particulièrement les entreprises innovantes qui seront l'équivalent de Twitter dans cinq ans", a souligné Lawrence Lessig, professeur à Stanford.

"C'est surprenant de venir en France et de découvrir quelque chose de tellement américain", a-t-il ajouté, en se disant "stupéfait" de voir que les grands groupes soient les principaux consultés pour l'élaboration de politiques publiques futures.

L'initiative française d'inscrire internet au menu du G8 a suscité certaines craintes, le gouvernement français s'étant illustré par plusieurs initiatives comme le système de riposte graduée "Hadopi" contre le piratage, qui peut aller jusqu'à la suspension des abonnements internet.

Nicolas Sarkozy a cherché à apaiser ces craintes en assurant mardi qu'aucune mesure ne serait prise qui puisse nuire à la croissance du secteur. Il a cependant réaffirmé que les acteurs du web ne pouvaient se soustraire à un certain nombre de règles, évoquant notamment la lutte contre le terrorisme ou la protection de la propriété intellectuelle.

"Nous sommes au moment où les gouvernements peuvent s'unir avec les industries des contenus et les opérateurs télécoms pour créer de la rareté et contrôler les contenus", a estimé Susan Crawford.

Certains intervenants ont toutefois salué l'initiative de Paris de réunir au même endroit les acteurs d'internet pour réfléchir à son avenir.

Pour le journaliste américain, Jeff Jarvis, l'e-G8 remplit le vide laissé par la société civile.

"Nous devons organiser notre propre forum", a-t-il souligné, en insistant sur la nécessité pour les acteurs du secteur de se mettre d'accord sur une série de principes inviolables, dont le premier serait le droit de tous à accéder à internet.

Dans une lettre mise en ligne sur internet, une quarantaine d'associations représentant la société civile appellent les chefs d'Etat et de gouvernement des huit pays les plus industrialisés de la planète à prendre des engagements concernant l'accès de tous au web, la lutte contre la censure sur internet ou encore la protection des données privées.

Par Gwénaelle Barzic, édité par Jean-Michel Bélot

REUTERS