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La série irakienne qui a choisi de rire de l'Etat islamique

Abou Bakr Al-Baghdadi et ses jihadistes sont banalisés et ridiculisés dans cette série irakienne.

Abou Bakr Al-Baghdadi et ses jihadistes sont banalisés et ridiculisés dans cette série irakienne. - BFMTV

La nouvelle arme irakienne contre l'Etat islamique passe sur la chaîne de télévision publique Iraqiya. Dans "l'Etat de superstition", le réalisateur irakien Ali Qassim et sa troupe d'acteurs dénoncent l'hypocrisie et la barbarie du groupe à l'aide de la satire et de la parodie.

Toutes les armes sont utilisées dans la guerre contre l'Etat islamique (EI). Si les islamistes communiquent par la terreur, mais aussi par les chatons, depuis quelques jours, la télévision publique irakienne Iraqiya a dégainé le rire pour combattre les jihadistes qui sévissent en Irak et en Syrie.

La série "L'Etat de superstition", devrait être visible dans tout le pays, y compris dans les zones contrôlées par l'EI. Le chef de Daesh et "calife" autoproclamé ne se montre jamais dans la vraie vie. Dans "l'Etat de superstition", on assiste à sa naissance: l'éclosion d'un œuf dans le désert.

Pour les créateurs du programme, banaliser et ridiculiser Abou Bakr Al-Baghdadi et ses jihadistes peut permettre d'écorner leur image de méchants sanguinaires presque surnaturels.

"Supprimer la peur qui s'est enracinée dans l'esprit des gens"

Le sentiment de peur qu'inspire le groupe Etat islamique (EI) en diffusant ses crimes sur Internet lui a permis de gagner du terrain, parfois même sans combattre les forces de l'ordre. Thaer Jiyad, un responsable de la production, explique que la série vise ainsi à "supprimer la peur qui s'est enracinée dans l'esprit des gens".

Toutefois, l'idée de s'exposer à une possible vengeance pour s'être moqué des jihadistes a détourné certains protagonistes du projet. "Nous avons eu des difficultés, notamment quand certains acteurs ont eu peur de tourner par crainte pour leur sécurité", admet ainsi le réalisateur Ali al-Qassem. Mais ceux qui ont fini par s'engager dans l'aventure ont maintenant le sentiment de prendre part à l'effort de guerre.

Exit le cowboy américain

Si ce show constitue la nouvelle arme irakienne contre l'EI, ses premiers tirs ont failli rater leur cible. Dans les premiers extraits qu'Iraqiya a diffusés plusieurs fois par jour pendant des semaines, l'idée développée était celle, largement répandue en Irak, que l'EI avait été créé par la CIA, Israël et les monarchies du Golfe.

Lorsque les Etats-Unis ont commencé à bombarder les jihadistes en Irak, prenant la tête d'une coalition internationale comprenant plusieurs pays du Golfe, dont le Qatar, il a fallu recadrer les choses à la va-vite. Le cowboy américain et une référence explicite à la mère de l'émir du Qatar ont ainsi disparu du programme.

K. L. avec AFP