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La répression alimente la propagation du Sida en Europe de l'Est

Dans un rapport publié lundi lors d'une conférence internationale sur le sida à Vienne, l'Unicef relève que les jeunes séropositifs font l'objet de récriminations, voire de poursuites quand ils se rendent dans les centres de santé ou les services sociaux

Dans un rapport publié lundi lors d'une conférence internationale sur le sida à Vienne, l'Unicef relève que les jeunes séropositifs font l'objet de récriminations, voire de poursuites quand ils se rendent dans les centres de santé ou les services sociaux - -

par Kate Kelland, VIENNE (Reuters) - Le virus du sida se répand en Europe de l'Est et en Asie centrale à une vitesse alarmante, dopé par la...

par Kate Kelland,

VIENNE (Reuters) - Le virus du sida se répand en Europe de l'Est et en Asie centrale à une vitesse alarmante, dopé par la consommation de drogue, les rapports sexuels non protégés et le poids de la stigmatisation sociale, estime l'Onu.

Dans un rapport publié lundi lors d'une conférence internationale sur le sida à Vienne, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) relève que les jeunes séropositifs font l'objet de récriminations, voire de poursuites quand ils se rendent dans les centres de santé ou les services sociaux à la recherche de traitements ou simplement d'informations.

La propagation du virus de l'immunodéficience humaine (VIH), à l'origine du sida, se répand plus vite en Europe de l'Est et en Asie centrale qu'en n'importe quel autre endroit du monde.

Selon Onusida, le nombre de personnes touchées par le virus dans la région a grimpé de 66% depuis 2001, portant le nombre de personnes séropositives à 1,5 million en 2008.

Au rythme où se répand le virus, 3.000 autres personnes auront été contaminées par le VIH à la fin de la conférence de Vienne qui réunit pendant six jours 20.000 personnes.

La progression des nouveaux cas a augmenté de 700% dans cinq régions de Russie, note l'Unicef. En Ukraine, le taux de sida a atteint 1,6% de la population, l'un des plus élevés en Europe. Selon les experts, les pays d'Asie centrale sont les nouveaux points névralgiques de la transmission du sida.

DÉSAPPROBATION

Le directeur général de l'Unicef, Anthony Lake, a estimé que les efforts pour prévenir la propagation étaient entravés par certaines rigidités politiques et sociales, notamment vis-à-vis des 3,7 millions de consommateurs de drogue dans la région.

"Les enfants et les adolescents qui vivent en marge de la société doivent avoir accès aux services de santé et de sécurité sociale et n'ont pas besoin d'une forte dose de désapprobation", dit-il en marge du rapport. "Il faut créer une atmosphère de confiance et de soins, non de jugement et d'exclusion."

Près de 33,4 millions de personnes dans le monde vivent avec le virus du sida. Depuis la fondation d'Onusida dans les années 1980, 60 millions de personnes ont contracté le virus et 25 millions en sont mortes.

L'Unicef invite les autorités d'Europe de l'Est et d'Asie centrale à mettre en place des services spécifiques pour répondre aux besoins des personnes marginalisées comme les toxicomanes et les prostituées.

A l'image de la Russie, où une centaine d'infrastructures ont été créées pour fournir des informations, délivrer des conseils et apporter un soutien psychologique. Au Tadjikistan, un centre a été ouvert pour promouvoir la prévention et le traitement. Le message a été entendu par les prostituées.

"Au début, je ne pensais pas qu'on pouvait obtenir gratuitement et anonymement le traitement, le contrôle médical et les préservatifs", raconte un client de ce centre cité dans le rapport de l'Unicef. "Je pensais que c'était un nouveau piège tendu par la police. J'ai accepté de m'y rendre avec un collègue la première fois, mais maintenant j'y vais seul et j'encourage mes amis à y aller".

Selon une récente étude de l'Onu centré sur les six pays de la région, la plupart des adultes vivant avec le virus redoutent davantage une stigmatisation que la maladie elle-même.

Une peur de la mise au ban de la société, dit l'Unicef, qui contribue à "dissimuler encore davantage l'épidémie".

Marine Pennetier pour le service français, édité par Gilles Trequesser