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La prévention du sida est très insuffisante, selon les experts

Dans les locaux d'une association d'aide aux victimes du sida, à Djeddah, en Arabie Saoudite. Des experts ont relevé que seuls 10% des pays disposent de programmes de prévention qui correspondent à leurs besoins. /Photo prise le 19 juillet 2010/REUTERS/Su

Dans les locaux d'une association d'aide aux victimes du sida, à Djeddah, en Arabie Saoudite. Des experts ont relevé que seuls 10% des pays disposent de programmes de prévention qui correspondent à leurs besoins. /Photo prise le 19 juillet 2010/REUTERS/Su - -

VIENNE (Reuters) - Seuls 10% des pays disposent de programmes de prévention du sida qui correspondent à leurs besoins, ce qui laisse des millions de...

VIENNE (Reuters) - Seuls 10% des pays disposent de programmes de prévention du sida qui correspondent à leurs besoins, ce qui laisse des millions de personnes courir le risque d'une contamination, estiment des chercheurs.

De nombreuses mesures de prévention en principe efficaces n'ont pas l'impact souhaité parce que les plus exposés au risque de contracter la maladie n'y ont pas accès, souligne le Groupe de travail international sur la prévention du VIH, qui réunit 50 experts de la lutte contre le sida.

Dans un rapport sous forme de bulletin de notes des efforts nationaux pour freiner l'épidémie, rendu public dans le cadre de la conférence internationale sur le sida de Vienne, ils jugent que beaucoup de régions du monde pourraient faire mieux.

"En moyenne, les notes attribuées par le groupe de travail vont de moyen à faible, avec des notes déficientes sur certains indicateurs clés", a déclaré Helene Gaye, co-présidente du groupe et directrice générale de CARE Etats-Unis.

"Notre conclusion générale ne dit pas que la prévention échoue, mais que nous échouons en matière de prévention", a-t-elle précisé à la presse.

On compte 33,4 millions de séropositifs dans le monde et le sida a entraîné la mort de 25 millions de personnes depuis le début de la pandémie, dans les années 1980. Il n'existe pas de traitement contre le sida, mais des thérapies permettent de maintenir le patient en bonne santé.

Sans celles-ci, le virus d'immunodéficience humaine (VIH) détruit le système immunitaire et rend le malade plus vulnérable à d'autres pathologies ou infections.

A Vienne, des intervenants de premier ordre, comme l'ancien président américain Bill Clinton ou le fondateur de Microsoft, Bill Gates, ont insisté sur la nécessité d'accroître le recours à des mesures ou gestes de prévention comme la circoncision, l'utilisation du préservatif pour les deux sexes ou celle de seringue propre pour les toxicomanes.

UN TIERS DE LA SOMME NÉCESSAIRE

Le groupe de travail international a noté les efforts réalisés par divers acteurs, dont les gouvernements, les bailleurs de fonds et les agences mondiales de santé, et relève qu'aucun d'entre eux n'a obtenu d'appréciation positive.

Seul un pays sur deux a défini des objectifs en matière de prévention, ont conclu les experts, et les programmes de prévention sont rarement suivis correctement.

Dans les zones où l'épidémie est très concentrée, comme l'Europe de l'Est ou l'Asie centrale, deux régions où la maladie se répand plus vite qu'ailleurs, moins de 5% des fonds consacrés à la prévention sont utilisés pour aider les toxicomanes ou les homosexuels, ont-ils relevé.

Le VIH contamine 500 personnes de plus chaque jour dans ces deux parties du globe et l'épidémie profite de comportements à risque chez les consommateurs de drogue, les travailleurs du sexe, les homosexuels et d'autres groupes marginalisés.

Dans les pays où le sida touche un pan plus large de la population, notamment en Afrique sub-saharienne, seules 45% des femmes enceintes séropositives ont accès aux traitements nécessaires pour éviter une contamination de leur futur enfant.

Les Etats et les donateurs internationaux devraient "prendre des initiatives immédiatement pour recentrer les programmes de prévention du VIH sur les populations à haut risque", estime Judith Auerbach, membre du groupe et de la Fondation contre le sida de San Francisco.

Les experts veulent en outre plus d'argent. Ils estiment que 2,9 milliards de dollars ont été alloués à la prévention en 2009, soit moins du tiers du montant que l'Onusida juge nécessaire pour apporter une "réponse vigoureuse et efficace".

Grégory Blachier pour le service français, édité par Gilles Trequesser