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La police réprime dans la violence le référendum en Catalogne: au moins 90 blessés

Les Catalans se rendaient ce dimanche dans les bureaux de votes afin de se prononcer sur l'indépendance de la Catalogne, un référendum qui n'est pas reconnu par l'Etat espagnol. Les policiers espagnols ont, selon des témoins, donné des coups de matraques et tiré des balles en caoutchouc sur des milliers de personnes désireuses de voter.

La police espagnole a fait usage de la force dimanche pour empêcher des milliers de Catalans de voter lors du référendum interdit sur l'indépendance de leur région, faisant plus de 90 blessés, Madrid et Barcelone se renvoyant la responsabilité des incidents.

Selon le gouvernement régional, 844 personnes ont sollicité une "assistance médicale" 

Dans la journée, le département de la Santé de la Generalitat de Catalogne a publié un nouveau bilan, repris par la maire de la ville Ada Colau, qui fait état de 465 blessés dont deux très grièvement. Plus tard, le gouvernement régional a annoncé que 844 personnes avaient sollicité "une assistance médicale". De son côté, le ministère de l'Intérieur a annoncé que onze membres des forces de l'ordre avaient été blessés, certains ayant été visés par des jets de pierres.

De Gérone à Figueras, des milliers de Catalans s'étaient massés dès l'aube pour faire barrage et protéger pacifiquement les installations de ce scrutin qui constitue, selon le quotidien El Pais, le "plus grand défi" de l'Etat espagnol depuis la mort de Franco en 1975. Rapidement les policiers anti-émeutes ont forcé plusieurs bureaux de vote pour saisir bulletins de vote et urnes. A Barcelone, selon des témoins, ils ont tiré des balles en caoutchouc puis chargé à coups de matraques contre des milliers de personnes qui étaient descendues dans la rue pour participer au scrutin.

L'Etat et les autorités catalanes se rejettent la responsabilité

Des milliers de citoyens ont quand même réussi à voter, selon les images des télévisions. Les électeurs devaient répondre par "oui" ou par "non" à la question: "voulez-vous que la Catalogne soit un Etat indépendant sous forme de république?". Quelque 2.300 bureaux avaient été mis en place par l'exécutif régional pour permettre aux 5,3 millions de Catalans de voter mais le gouvernement espagnol avait annoncé la veille avoir mis sous scellés 1.300 bureaux. En fin de matinée, le gouvernement catalan assurait que 73% des bureaux restaient ouverts. Cependant, ce chiffre a été revu à la baisse dans la journée. 

Le président indépendantiste de l'exécutif catalan Carles Puigdemont a dénoncé la "violence injustifiée" dont a fait usage la police nationale. Carles Puigdemont lui-même n'a pas pu voter comme prévu dans un centre sportif de sa ville de Gérone car des policiers sont entrés de force pour saisir le matériel électoral. Il est finalement allé dans un autre bureau proche de Gérone. La numéro deux du gouvernement espagnol Soraya Saenz de Santamaria et le préfet de Catalogne Enric Millo l'ont pressé de mettre fin à la "farce" du référendum, le rendant responsable des éventuelles violences qui en découleraient. 

Plus tard, lors d'une allocution télévisée en soirée, le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy s'est félicité de ce que "l'Etat de droit restait en vigueur avec toute sa force". "Aujourd'hui, il n'y a pas eu de référendum d'autodétermination en Catalogne", a-t-il dit alors que le dépouillement avait commencé par endroits dans la région. Les forces de sécurité "ont fait leur devoir" en Catalogne et "respecté le mandat de la justice" qui avait interdit le référendum d'autodétermination organisé par les dirigeants séparatistes, a-t-il ajouté.

R.V., avec AFP