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La Norvège traumatisée aspire à un retour à la normale

La Norvège tente de retrouver un semblant de normalité, cinq jours après l'attentat d'Oslo et le carnage d'Utoya, mais les services de sécurité restent sur le qui-vive après l'évacuation de la gare centrale de la capitale à la suite d'une fausse alerte. /

La Norvège tente de retrouver un semblant de normalité, cinq jours après l'attentat d'Oslo et le carnage d'Utoya, mais les services de sécurité restent sur le qui-vive après l'évacuation de la gare centrale de la capitale à la suite d'une fausse alerte. / - -

par Aasa Christine Stoltz et Terje Solsvik OSLO (Reuters) - La Norvège tente de retrouver un semblant de normalité, cinq jours après l'attentat...

par Aasa Christine Stoltz et Terje Solsvik

OSLO (Reuters) - La Norvège tente de retrouver un semblant de normalité, cinq jours après l'attentat d'Oslo et le carnage d'Utoya, mais les services de sécurité restent sur le qui-vive après l'évacuation de la gare centrale de la capitale à la suite d'une fausse alerte.

La responsable norvégienne du renseignement intérieur s'est dite convaincue qu'Anders Behring Breivik, l'auteur de l'attentat d'Oslo et de la tuerie d'Utoya de vendredi qui ont fait 76 morts, avait agi seul. Elle a revanche contesté l'affirmation de l'avocat du tueur qui le présente comme fou.

Une partie de la gare centrale d'Oslo a été évacuée mercredi matin après la découverte d'une valise abandonnée dans un bus, mais l'alerte a été levée après l'inspection du bagage suspect.

La police a ajouté à la confusion en disant être à la recherche d'un homme "dangereux", qu'elle a dans un premier temps lié à Anders Breivik, avant de revenir sur ses propos.

Une ministre du gouvernement a symboliquement regagné ses bureaux en plein coeur du quartier d'Oslo dévasté par la bombe artisanale placée par Breivik, qui a fait huit morts et éventré la façade des bureaux du Premier ministre, Jens Stoltenberg.

"Je suis heureuse d'être de retour dans mon bureau, d'être à même de reprendre mes fonctions de manière plus normale", a déclaré Rigmor Aasrud, ministre de l'Administration et des Cultes, à des journalistes.

Pour l'heure, le chef du gouvernement travailliste est installé, lui, au ministère de la Défense, dans un autre quartier. Les conseils des ministres se tiendront dans un fort médiéval près du front de mer. On ignore encore si l'immeuble de 17 étages abritant ses bureaux sera détruit ou reconstruit.

LA RÉPONSE DE LA POLICE ÉVALUÉE

La gestion de la crise par Jens Stoltenberg est plébiscitée par les Norvégiens qui estiment à près de 80% qu'il s'est "extrêmement bien comporté", selon un sondage publié par le quotidien Verdens Gang.

Le chef du gouvernement, qui connaissait personnellement certaines des victimes, s'est mis à l'unisson de ses compatriotes et les a appelés d'une voix souvent vibrante d'émotion à s'unir autour des valeurs démocratiques.

Les 4,8 millions de Norvégiens, habitués à une vie paisible, vont devoir désormais trouver les moyens de renforcer la sécurité sans remettre en cause leurs traditions libérales et d'ouverture.

La réaction de la police et les mesures de sécurité feront l'objet d'une évaluation à l'issue de la période de deuil observée à travers le pays, a annoncé le Premier ministre en réponse à la controverse sur l'intervention tardive des forces de l'ordre lors de la tuerie d'Utoya. (voir )

Dans la nuit de mardi à mercredi, la police norvégienne a découvert et neutralisé une cache d'explosifs dans une ferme louée par Anders Breivik à 160 km au nord d'Oslo.

Les enquêteurs estiment qu'il a utilisé principalement des engrais pour fabriquer sa bombe. Il s'en était procuré récemment en se faisant passer pour un agriculteur.

RÉUNION SECRÈTE À LONDRES ?

Anders Breivik, qui a reconnu la double attaque tout en refusant de plaider coupable, dit appartenir à une organisation qui comporterait "deux autres cellules" en Norvège et d'autres à l'étranger. Il dit avoir agi pour sauver l'Europe d'une invasion par les musulmans et des dangers du multiculturalisme. La police norvégienne dit cependant penser qu'il a agi seul.

"Jusqu'à présent, nous n'avons aucune preuve de l'existence des cellules, ni en Norvège, ni en Angleterre", a déclaré Janne Christiansen, qui dirige les services de sécurité de la police, à la BBC.

Dans le manifeste publié par Breivik avant le déroulement des attaques, il est fait référence à une réunion secrète tenue à Londres en 2002 pour créer un groupe des "Chevaliers du Temple" destiné à éradiquer l'islam en Europe. ()

"Je serais surprise que cet individu soit fou", a déclaré Janne Christiansen. "Il est calculateur, il est déterminé, il a préparé son plan pendant des années, ce n'est pas d'après ce que j'ai appris, ce que ferait une personne folle."

La police a de nouveau autorisé l'accès à certaines rues près du site de l'attentat et la grande avenue Karl-Johan reste jonchée de fleurs déposées lors du rassemblement en hommage aux victimes qui avait réuni lundi 200.000, personnes, un tiers de la population de la capitale, selon la police.

Les employés d'un magasin situé à 150 mètres du lieu de l'attentat à la bombe ont repeint les planches de contreplaqué qui servent à boucher les fenêtres.

"Il faudra une semaine ou deux pour changer les vitres, le bois a meilleur aspect comme ça", dit le gérant adjoint, Aykan Bastas. "On va tout remettre joliment en place, comme avant."

Breivik, placé en détention provisoire pour huit semaines lundi, a été accusé d'actes de terrorisme, et risque à ce titre jusqu'à 21 ans de prison.

Mais les autorités envisagent de l'inculper de crimes contre l'humanité qui emportent une peine maximale de 30 ans.

Dans un cas comme dans l'autre la peine peut être prolongée en cas de risque de récidive et Anders Breivik pourrait donc passer le restant de ses jours derrière les barreaux, ce à quoi il s'attend selon son avocat.

Marc Joanny pour le service français, édité par Gilles Trequesser