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La Ligue arabe dévoile un plan pour stopper la violence en Syrie

Discussion entre le président palestinien Mahmoud Abbas (à gauche) et le Premier ministre qatari Hamed bin Jassim bin Jabr al Thani, dimanche au sommet de la Ligue arabe. L'organisation panarabe a présenté dimanche un plan visant à mettre fin à sept mois

Discussion entre le président palestinien Mahmoud Abbas (à gauche) et le Premier ministre qatari Hamed bin Jassim bin Jabr al Thani, dimanche au sommet de la Ligue arabe. L'organisation panarabe a présenté dimanche un plan visant à mettre fin à sept mois - -

par Khaled Yacoub Oweis AMMAN (Reuters) - La Ligue arabe a présenté dimanche à la Syrie un plan visant à mettre fin à sept mois de manifestations...

par Khaled Yacoub Oweis

AMMAN (Reuters) - La Ligue arabe a présenté dimanche à la Syrie un plan visant à mettre fin à sept mois de manifestations sanglantes contre le président Bachar al Assad qui a confié à la télévision russe son souhait de coopérer avec l'opposition.

"Nous allons coopérer avec tous les pouvoirs politiques, à la fois avec ceux qui existaient avant la crise et avec ceux qui ont émergé depuis. Nous pensons qu'agir avec ces pouvoirs est extrêmement important", a dit Assad dans une interview dimanche.

Selon les estimations des Nations unies, la répression gouvernementale menée en Syrie depuis le mois de mars a causé plus de 3.000 morts parmi les opposants qui réclament des réformes politiques et la fin du règne de la famille Assad.

La Ligue arabe a présenté son plan au ministre syrien des Affaires étrangères Walid Moualem et au conseiller politique d'Assad, Bouthaina Chaabane, lors d'une rencontre à Doha, capitale du Qatar.

Ce plan prévoit notamment des négociations au Caire, siège de la Ligue, entre les autorités syriennes et leurs opposants.

Le Comité de la Ligue arabe avait auparavant fixé un ultimatum de deux semaines pour l'ouverture de ces négociations, ultimatum qui expirait dimanche.

"L'action est encore plus importante que le dialogue. Le Comité a offert une réponse ferme aux récents massacres", a estimé le Premier ministre qatari, Cheikh Hamad ben Djassim al Thani, dont le pays assure la présidence de l'instance.

Un des points d'achoppement entre les deux parties était le refus de la Syrie d'organiser une réunion sur un sujet qu'elle considère comme relevant de ses affaires internes.

Selon des sources au sein de l'opposition, 61 civils et 30 soldats ont été tués lors des affrontement qui se sont déroulés au cours des trois derniers jours.

Les responsables de l'opposition estiment que les offres de dialogue faites par Assad ne sont pas sérieuses, les arrestations, les cas de torture, les disparitions et les assassinats de militants s'étant multipliés récemment.

L'émissaire chinois au Proche-Orient a appelé les dirigeants de Damas à accélérer la mise en place des réformes promises par Bachar al Assad, estimant que la situation devient dangereuse et que le bain de sang ne peut plus continuer.

"DES DIZAINES D'AFGHANISTAN"

Bien que son pays n'ait pas été sanctionné par le Conseil de sécurité des Nations unies, Assad est conscient de la pression croissante en provenance des pays occidentaux.

Aussi, a-t-il décidé de faire montre de fermeté face à la tentation pour l'Occident de mettre sur pied une opération similaire à celle organisée en Libye.

Dans un entretien publié dimanche par le journal britannique Sunday Telegraph, Bachar al Assad affirme que les Occidentaux provoqueraient un "séisme" au Proche-Orient s'ils intervenaient en Syrie.

Dans cet entretien, le chef de l'Etat syrien estime que les pays occidentaux "vont faire monter la pression" mais rappelle que la Syrie est un "élément central désormais dans la région", où elle partage une frontière avec Israël, le Liban, la Turquie, l'Irak et la Jordanie.

"Il existe une ligne de faille et, si vous jouez avec le sol, vous risquez de provoquer un séisme", affirme Assad.

"Voulez-vous connaître un nouvel Afghanistan ou même des dizaines d'Afghanistan ? Un problème en Syrie embrasera toute la région. Si l'idée est de diviser la Syrie, cela reviendra à diviser toute la région", menace-t-il.

Les propos d'Assad témoignent de sa détermination à rester au pouvoir face à une révolte populaire déclenchée il y a sept mois. Des manifestations de masse n'ont pas réussi à l'évincer. Le blocage et la tension ambiants ne semblent pouvoir céder que sous les effets de sanctions occidentales ou d'une rébellion plus marquée au sein des forces armées et de la police.

Selon des opposants, les forces syriennes de sécurité ont tué au moins 50 civils au cours des dernières 48 heures tandis que des déserteurs abattaient au moins 30 soldats dans des affrontements samedi dans la ville d'Homs et la province d'Idlib, dans le nord du pays.

Dans son entretien, Bachar Assad affirme que son pays est "complètement différent de l'Egypte, de la Tunisie ou du Yémen". "L'histoire est différente et la politique est différente", ajoute-t-il.

Pierre Sérisier pour le service français