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La droite reprend l'avantage en Grèce, l'UE toujours inquiète

Les électeurs grecs, convoqués à de nouvelles législatives le 17 juin, semblent se résoudre à soutenir les partis favorables au plan de rigueur voulu par les Européens, qui planchent sur différents scénarios dont une éventuelle sortie de la Grèce de la zo

Les électeurs grecs, convoqués à de nouvelles législatives le 17 juin, semblent se résoudre à soutenir les partis favorables au plan de rigueur voulu par les Européens, qui planchent sur différents scénarios dont une éventuelle sortie de la Grèce de la zo - -

par Harry Papachristou ATHENES (Reuters) - Les électeurs grecs, convoqués à de nouvelles législatives le 17 juin, semblent se résoudre à soutenir les...

par Harry Papachristou

ATHENES (Reuters) - Les électeurs grecs, convoqués à de nouvelles législatives le 17 juin, semblent se résoudre à soutenir les partis favorables au plan de rigueur voulu par les Européens, qui planchent sur différents scénarios dont une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro.

Les élections générales du 6 mai n'ont pas permis de dégager une majorité stable à la Vouli, le Parlement grec, et après plus d'une semaine de tractations le président Karolos Papoulias n'a eu d'autre recours que décréter la tenue d'un nouveau vote.

Ce contexte de crise politique semblait favoriser la Coalition de la gauche radicale (Syriza) opposée aux mesures d'austérité prônées par l'Union et le FMI et soutenue par une frange croissante de la population.

Mais depuis la convocation de nouvelles élections, les conservateurs de Nouvelle Démocratie (ND) reprennent l'avantage sur leurs rivaux de Syriza.

Une enquête, réalisée entre le 15 et le 17 mai, crédite les conservateurs de 26,1% des intentions de vote tandis que la Coalition de gauche obtiendrait 23,7% des suffrages.

Avec un tel résultat, la droite aurait 123 des 300 sièges au Parlement, une prime de 50 élus étant accordée automatiquement au parti arrivé en tête.

ND pourrait alors compter sur l'appoint du Pasok (socialiste), en très nette perte d'audience depuis plusieurs semaines, qui obtiendrait 41 sièges. Une union de ces deux formations qui soutiennent le plan de rigueur européen permettrait de dégager une majorité au Parlement.

La semaine passée, une enquête d'opinion donnait l'avantage à Syriza, arrivée deuxième le 6 mai, ce qui laissait craindre une faillite des comptes publics, et un scénario de sortie de la zone euro était jugé probable par les partenaires européens.

Syriza semble payer son refus de vouloir siéger dans un gouvernement d'union lors des négociations menées par Papoulias.

Cette évolution dans les intentions de vote n'apaise pas encore les craintes de l'Europe.

Signe de cette inquiétude, le groupe britannique De La Rue, qui imprime les billets de plus de 150 monnaies nationales, a prévu un plan d'urgence pour imprimer des drachmes dans le cas où la sortie de la zone euro deviendrait inévitable.

La nécessité de fournir en un temps réduit une masse considérable de devises papier pourrait contraindre les autorités grecques à se tourner vers des sociétés privées pour compléter la production des imprimeries nationales.

L'EUROPE PLANCHE SUR PLUSIEURS SCÉNARIOS

Pour l'instant, la Banque centrale européenne (BCE) affirme un soutien fort au maintien de la Grèce au sein de l'eurozone.

"Notre préférence est nettement en faveur d'un maintien de la Grèce dans l'euro", a dit Jose Manuel Gonzalez-Paramo, qui doit quitter le directoire de la BCE à la fin du mois de mai, précisant que la banque européenne n'a pas "à décrire en détails" le scénario d'une sortie de la Grèce.

Le commissaire européen au Commerce, Karel de Gucht, a toutefois annoncé dans un entretien publié vendredi que la Commission européenne et la BCE travaillaient sur différents cas de figure. C'est la première déclaration d'un haut responsable européen confirmant l'existence de tels plans d'urgence.

"Il y a un an et demi, un risque d'effet domino aurait pu exister", explique De Gucht au quotidien néerlandophone belge De Standaard. "Mais aujourd'hui il y a, à la fois au sein de la Banque centrale européenne et de la Commission européenne, des services qui travaillent sur des scénarios d'urgence dans le cas où la Grèce n'y arrive pas."

"Une sortie de la Grèce ne signifie pas la fin de l'euro, comme certains le prétendent", a-t-il ajouté.

Karel De Gucht affirme croire que la Grèce va rester dans l'euro mais souligne que la question déterminante avant les élections du 17 juin est de savoir quelles conditions la BCE posera pour garantir la liquidité des banques.

Cette position a été confirmée par une porte-parole du ministère allemand des Finances qui a indiqué que Berlin se préparait à toutes les éventualités.

"Depuis deux ans, nous avons fait tout ce qui est possible pour garder la Grèce dans la zone euro (...) Le gouvernement allemand a évidemment la responsabilité envers ses citoyens d'être prêt pour toute éventualité", a-t-elle souligné.

Mercredi, Christine Lagarde, directrice générale du FMI a reconnu que l'institution internationale se préparait "techniquement" à une sortie de la Grèce.

Avec Ben Deighton à Bruxelles; Marc Angrand, Benoît Van Overstraeten et Pierre Sérisier pour le service français