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La droite japonaise triomphe, le parti au pouvoir laminé

Shinzo Abe, leader du Parti libéral démocrate (PLD) et ancien Premier ministre japonais. Le PLD, qui prône plus de fermeté à l'égard de la Chine, a largement remporté dimanche les élections législatives anticipées au Japon, renvoyant dans l'opposition le

Shinzo Abe, leader du Parti libéral démocrate (PLD) et ancien Premier ministre japonais. Le PLD, qui prône plus de fermeté à l'égard de la Chine, a largement remporté dimanche les élections législatives anticipées au Japon, renvoyant dans l'opposition le - -

par Linda Sieg et Kiyoshi Takenaka TOKYO (Reuters) - Le Parti libéral démocrate (PLD), qui prône plus de fermeté à l'égard de la Chine, a largement...

par Linda Sieg et Kiyoshi Takenaka

TOKYO (Reuters) - Le Parti libéral démocrate (PLD), qui prône plus de fermeté à l'égard de la Chine, a largement remporté dimanche les élections législatives anticipées au Japon, renvoyant dans l'opposition le Parti démocrate (PDJ) après une parenthèse de trois ans.

Selon les projections établies par la chaîne de télévision Asahi sur la base du dépouillement partiel, le PDL, qui avait été battu en 2009, remporterait à lui seul 291 des 480 sièges de la chambre basse du Parlement.

Allié aux 32 élus du Nouveau Komeito, il disposerait d'une majorité qualifiée de deux tiers des élus, ce qui permettrait de sortir d'un blocage possible avec la chambre haute, sans majorité solide, ainsi que de sortir de l'instabilité politique qui a vu les gouvernements se succéder depuis 2006.

Le secrétaire général du PLD, Shigeru Ishiba, n'a pas écarté l'hypothèse d'un accord avec les nationalistes du Parti de la restauration japonaise (PRJ), créé cette année par le populaire maire d'Osaka, Toru Hashimoto, qui sont crédités pour leur part de 52 sièges.

Le Parti démocrate de Yoshihiko Noda, qui avait mis fin il y a trois ans à l'hégémonie du PLD sur la vie politique japonaise de l'après-guerre, est laminé: il obtiendrait 56 élus, contre 308 dans l'assemblée sortante.

Le Premier ministre sortant a par ailleurs annoncé qu'il céderait la présidence du PDJ après le fiasco des élections qui ont coûté leur siège à nombre de poids-lourds du parti.

Conduit par l'ancien Premier ministre Shinzo Abe, le PLD a fait campagne sur une position de fermeté à l'égard de la Chine et sur un assouplissement des politiques monétaire et budgétaire pour relancer l'économie nippone. Il efface de manière éclatante sa cuisante défaite de 2009.

"Nous devons surmonter la crise que traverse le Japon. Nous avons promis de sortir le Japon de la déflation et de corriger la hausse du yen. La situation est dure, mais nous devons faire cela", a déclaré Shinzo Abe, qui devrait prendre ses fonctions le 26 décembre après sa ratification par le parlement.

Le Parti démocrate, formation hétéroclite classée au centre gauche, voit sa représentation parlementaire fondre comme neige au soleil.

PÉKIN MET EN GARDE

A 58 ans, Shinzo Abe s'apprête lui à retrouver un poste de Premier ministre dont il avait brutalement démissionné en septembre 2007, sur fond de santé déclinante et de mauvais sondages.

"J'ai fait l'expérience de l'échec en tant qu'homme politique et pour cette raison précise, je suis prêt à tout donner pour le Japon", déclarait-il durant la campagne.

À l'entame de son mandat en septembre 2006, Shinzo Abe, fils d'un ministre des Affaires étrangères et petit-neveu d'un Premier ministre, était à 52 ans le plus jeune chef de gouvernement japonais depuis la Seconde Guerre mondiale.

Six ans plus tard, le programme du PLD reste favorable au nucléaire, malgré les débats nés de l'accident nucléaire de Fukushima en mars 2011. Il préconise une politique monétaire très accommodante associée à des dépenses budgétaires élevées, afin de lutter contre la déflation qui frappe le Japon, entré dans sa quatrième récession depuis 2000.

Le PLD multiplie les déclarations bellicistes contre la Chine, en raison du contentieux portant sur les îles Senkaku-Diaoyu, revendiquées par les deux pays en mer de Chine orientale et le probable futur Premier ministre s'est voulu très ferme dimanche sur ce sujet.

"Les îles Senkaku sont une partie intégrante du territoire japonais. Je tiens à vous montrer ma vive détermination à ce qu'il en soit toujours ainsi", a-t-il dit.

L'agence de presse Chine nouvelle a rapidement réagi. "Un Japon économiquement faible et politiquement aigri ne nuira pas seulement à son propre pays, mais aussi à la région et au monde entier", écrit-elle.

"Le Japon, qui a semé le mal et la dévastation dans les autres pays asiatiques durant la Seconde guerre mondiale, ravivera les soupçons parmi ses voisins si l'actuel virage à droite n'est pas stoppé à temps", ajoute l'agence.

Considéré comme un "faucon" au sein des nombreuses factions du PLD, Shinzo Abe a par ailleurs dit son intention d'amender la Constitution pacifiste du Japon, rédigée sous l'influence des Etats-Unis après la défaite lors de la Seconde Guerre mondiale et dont l'article 9 affirme que le pays "renonce pour toujours à la guerre".

Avec Leika Kihara; Julien Dury, Bertrand Boucey, Henri-Pierre André et Agathe Machecourt pour le service français, édité par Pascal Liétout