La corée du nord brandit la menace d'une "guerre sacrée"
SEOUL (Reuters) - La Corée du Nord a affirmé qu'elle engagerait si nécessaire une "guerre sacrée" contre les Etats-Unis et la Corée du Sud en s'appuyant sur sa force de dissuasion nucléaire, en réaction aux manoeuvres militaires que les deux pays alliés s'apprêtent à entamer.
Pyongyang fait monter la tension sur la péninsule coréenne depuis que Séoul l'a accusé d'avoir torpillé fin mars un navire de guerre sud-coréen et d'avoir tué 46 marins. Le Sud a entrepris de renforcer ses dispositifs de défense et de procéder à des exercices militaires massifs avec les Etats-Unis.
Les Nord-Coréens ont souvent exprimé leur colère quand les alliés effectuaient des manoeuvres communes, mais des responsables américains jugent de nouvelles provocations possibles à un moment où Pyongyang cherche à créer un élan politique intérieur en vue d'une transmission du pouvoir au fils de Kim Jong-il.
Américains et Sud-Coréens entament dimanche des exercices aéronavals de grande ampleur avec la participation d'un porte-avions à propulsion nucléaire. De nouvelles manoeuvres conjointes sont prévues en août.
Dans un communiqué, la Commission nationale de défense nord-coréenne dément à nouveau que Pyongyang soit à l'origine du naufrage de la corvette sud-coréenne Cheonan en mars et formule une mise en garde.
POURPARLERS À SIX
"L'armée et le peuple de la RDPC (République démocratique populaire de Corée) lanceront une guerre sacrée de représailles, à leur façon et à tout moment où ce serait nécessaire, en s'appuyant sur la dissuasion nucléaire, afin de contrer les intentions belliqueuses des impérialistes américains et de leurs pantins sud-coréens", prévient-elle.
"Toutes ces manoeuvres belliqueuses ne sont que des provocations directes qui visent en fait à étouffer la RDPC par la force des armes", ajoute le communiqué de la commission diffusé par l'agence officielle KCNA.
Washington a repoussé la menace nord-coréenne en refusant de se lancer dans une "guerre des mots".
"Ce que nous espérons de la Corée du Nord, c'est moins de paroles provocantes et plus d'actes constructifs", a déclaré le porte-parole du département d'Etat américain, P.J. Crowley.
Les autorités de Pyongyang se sont prononcées il y a peu pour une reprise des "pourparlers à six" sur le désarmement nucléaire qu'elles boycottaient depuis fin 2008, ce que des analystes interprètent comme une tentative pour dépasser l'affaire du navire sud-coréen et obtenir une aide économique du Sud, des Etats-Unis, du Japon, de la Russie et de la Chine.
Le ministère nord-coréen des Affaires étrangères a réaffirmé samedi que Pyongyang était prêt à engager des discussions avec les puissances régionales mais aussi à prendre des mesures concrètes contre toute sanction.
"Si les Etats-Unis portent l'épée contre nous, nous en ferons autant contre eux (...) Nous sommes prêts à la fois aux pourparlers et aux guerres. Nous ne sommes pas de ceux que peuvent surprendre des menaces militaires ou des sanctions", affirme un porte-parole du ministère cité par KCNA.
Avec Arshad Mohammed à Washington, Yeo-jung Chang et Cho Mee-young à Séoul; Gregory Schwartz et Philippe Bas-Rabérin pour le service français