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La construction de colonies en Cisjordanie peut officiellement reprendre

Après dix mois de gel, la construction de colonies peut officiellement reprendre en Cisjordanie.

Après dix mois de gel, la construction de colonies peut officiellement reprendre en Cisjordanie. - -

Après 10 mois de gel, Israël autorise à nouveau ses ressortissants à implanter des colonies dans les territoires palestiniens. Sur place, beaucoup craignent un accroissement brutal des tensions entre habitants des deux camps.

Le moratoire sur la colonisation en Cisjordanie, institué il y a dix mois, a pris fin ce lundi à minuit. Israël peut donc désormais reprendre la construction de colonies dans les territoires palestiniens. Certains colons juifs n'ont d'ailleurs pas attendu la fin de l'ultimatum et ont symboliquement posé, dimanche, la première pierre de plusieurs édifices.
Il faut dire que sur place, les positions de chacun semblent bien tranchées. Si Palestiniens et Israéliens veulent majoritairement la paix, beaucoup ont perdu leurs illusions quant à une entente cordiale entre populations, sur des territoires minuscules.

« On m'a délogé, on m'a chassé »

Mikael Picard est un ancien colon, qui vit aujourd'hui en Israël. En août 2005, il avait été évacué des colonies juives du Gush Katif, dans la bande de Gaza. Il explique : « On m'a délogé, on m'a chassé. Pourquoi ? On a eu deux guerres après. Alors pourquoi ? ». Il n'admet pas que la fin du gel des colonies soit une cause possible d'arrêt des négociations de paix pour l'Autorité palestinienne : « Cette logique qui consiste à dire "bon, avant de discuter, arrêtez de vivre, arrêtez de construire des maisons dans lesquelles les juifs habitent", je trouve cela assez inquiétant. Il semble évident pour les Palestiniens qu'un citoyen israélien ne puisse pas habiter dans la région qu'il gère, et pour moi c'est tout à fait scandaleux. Il y a déjà près de 500.000 Israéliens qui vivent là-bas. Il faut faire un peu de la "real-politique", on va quand même pas jeter 500.000 juifs israéliens de Cisjordanie, leur dire "allez hop, dehors ", non ! ».

« Cette paix n'est pas impossible »

Position diamétralement opposée pour Emad Bornat. Ce journaliste palestinien vit dans le village de Bilin, en Cisjordanie. La commune est coupée en deux par le mur de séparation israélien. Lui croit fondamentalement au gel de l'extension des colonies : « Les Israéliens disent toujours "nous allons négocier, nous arrêtons de construire les colonies". Mais ils n'arrêtent jamais les constructions. D'une main, ils négocient, de l'autre ils poursuivent l'extension des colonies. Ils disent tout le temps qu'ils ne partiront jamais de leur terre, des colonies. Ils pensent que cette terre leur appartient et le gouvernement israélien les protège ». Mais il conclut néanmoins : « Je pense que tout est possible, si on travaille sérieusement. On peut faire cette paix, ce n'est pas impossible ».