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La coalition en Libye s'organise et change de cibles

Des habitants observent un véhicule et des armes des forces libyennes, détruits par une frappe aérienne de la coalition, sur la route entre Benghazi et Ajdabiah. Les avions occidentaux ont attaqué mercredi les forces loyalistes faisant le siège de Misrata

Des habitants observent un véhicule et des armes des forces libyennes, détruits par une frappe aérienne de la coalition, sur la route entre Benghazi et Ajdabiah. Les avions occidentaux ont attaqué mercredi les forces loyalistes faisant le siège de Misrata - -

par Maria Golovnina et Michael Georgy TRIPOLI (Reuters) - Les avions de la coalition ont attaqué mercredi les forces loyalistes faisant le siège de...

par Maria Golovnina et Michael Georgy

TRIPOLI (Reuters) - Les avions de la coalition ont attaqué mercredi les forces loyalistes faisant le siège de Misrata, venant en aide aux rebelles libyens impuissants face aux blindés de Mouammar Kadhafi.

Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France se sont par ailleurs mis d'accord pour que l'Otan organise l'action de la coalition mais n'ait qu'un rôle technique.

Le colonel Kadhafi a fait mardi soir à Tripoli sa première apparition en public depuis le début de l'attaque de la coalition, à qui il a promis la défaite.

"Cet assaut est mené par une bande de fascistes qui finiront dans les poubelles de l'histoire", a-t-il dit.

La puissance de feu des armées occidentales a cloué au sol les avions libyens et stoppé l'avancée des troupes kadhafistes vers Benghazi, fief du soulèvement de la mi-février.

"L'armée de l'air n'existe plus dans les faits en tant que force de combat", a dit un haut gradé de l'aviation britannique, affirmant que la coalition pouvait désormais "opérer avec une quasi-impunité dans toute la Libye".

Mais les insurgés restent aux portes d'Ajdabiah, carrefour stratégique à 160 km au sud de Benghazi dont ils avaient été chassés la semaine dernière.

CHARS

À Misrata, selon plusieurs témoignages, un désastre humanitaire est en cours et les bombardements des chars de Kadhafi ont fait des dizaines de morts depuis lundi. Les tirs se sont tus depuis que l'aviation coalisée a commencé à viser l'armée de Kadhafi, selon un habitant.

"Ces frappes nous donnent de l'espoir, surtout qu'elles sont précises et visent les forces et pas seulement les bases", a dit cet habitant de Misrata, Saadoun, à Reuters.

Ces opérations de précision peuvent être dirigées à longue distance par électronique et utilisent les informations de rebelles sur le terrain ou des missions de reconnaissance.

Un amiral de l'US Navy a annoncé mercredi que les avions occidentaux allaient davantage viser les chars de Kadhafi. "Nous sommes autorisés (...) à attaquer ces chars. C'est donc ce genre de cibles que notre aviation va viser", a dit Peg Klein, commandant du groupe expéditionnaire à bord de l'USS Kearsarge, navire américain au large de la Libye.

L'offensive de l'armée régulière s'est cependant poursuivie à Zentane, petite ville proche de la frontière tunisienne.

Depuis samedi, les forces occidentales ont effectué plus de 300 sorties et plus de 160 missiles Tomahawk ont été tirés sur la Libye pour imposer une zone d'exclusion aérienne, dans le cadre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité autorisant le recours à la force pour protéger les civils.

Le responsable d'un camp d'entraînement des insurgés près de Benghazi demande davantage. "Nous avons besoin de munitions. Nous avons besoin d'armes. Car nous n'avons pas assez pour avancer vers l'ouest, vers Tripoli et Syrte", dit Faouzi Bouktif à Reuters.

"Nous aimerions des formateurs occidentaux. On ne veut pas de soldats (mais) des formateurs et leurs armes", plaide celui qui, il y a quelques semaines, était encore ingénieur dans l'industrie pétrolière.

"On a assez de pétrole pour tout payer, sans problème", dit-il. Une armée rebelle est en train de se constituer, poursuit Bouktif, reconnaissant qu'il ne s'agit pour le moment que d'un ensemble de volontaires unis par la seule haine de Kadhafi.

STRUCTURE

Les insurgés sont bloqués dans leur contre-offensive par la présence de blindés à l'entrée d'Ajdabiah. "Ce n'est même plus Ajdabiah. C'est une ville fantôme, morte, détruite", dit Faraj Ali, un combattant rebelle.

La ville est sans électricité depuis une semaine et les corps pourrissent à la morgue, a dit une famille fuyant l'endroit.

Faraj Ali se désespère de l'attitude des dirigeants rebelles à Benghazi. "Pour être franc, ça ne sert à rien de demander quelque chose au Conseil national libyen. Nous voulons l'aide des Occidentaux. Sans eux, les hommes de Kadhafi seraient à Benghazi", dit-il.

Les dirigeants rebelles cherchent toutefois à s'organiser et ont chargé Mahmoud Jabril, un réformateur libyen, de former un gouvernement d'intérim.

Alors que des experts s'inquiètent d'un risque d'enlisement du conflit, que le débat enfle aux Etats-Unis sur la durée et le coût de cette mission, Londres, Washington et Paris semblent s'être accordés sur une structure dirigeante.

L'Otan n'aura qu'un "rôle technique", a dit la France, qui souhaitait que le pilotage politique reste dans le giron de la coalition.

Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, a précisé qu'une réunion mardi prochain à Londres permettrait de créer un "groupe de contact" responsable du "pilotage politique de l'opération", composé des pays de la coalition, de l'Union africaine, de la Ligue arabe et d'autres pays européens volontaires.

Avec Mohammed Abbas à Benghazi, Hamid Ould Ahmed et Christian Lowe à Alger, Tom Perry au Caire, David Brunnstrom à Bruxelles et Yves Clarisse à Paris, Clément Guillou pour le service français, édité par Gilles Trequesser

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