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La CIA prédit une montée des replis identitaires jusqu'en 2035

Mike Pompeo, nouveau directeur de la CIA.

Mike Pompeo, nouveau directeur de la CIA. - JIM WATSON - AFP

Un livre, intitulé Le monde en 2035 vu par la CIA, est paru en France ce jeudi. il reprend un rapport publié récemment par la CIA. Ce dernier imagine l'avenir du monde ces dix-huit prochaines années, en se fondant sur l'analyse de 2.500 experts.

Le rapport est titré de manière éloquente Le paradoxe du progrès. C’est le dossier de la CIA, et plus spécifiquement du Conseil national du renseignement, que Donald Trump a trouvé sur son bureau, à son arrivée à la Maison blanche. Depuis ce jeudi, il est aussi disponible pour le public francophone grâce à un livre paru sous le titre, Le monde en 2035 vu par la CIA, préfacé par le journaliste du Figaro Adrien Jaulmes.

Une coopération internationale affaiblie

Ce rapport est en fait la nouvelle mouture d’une tradition qui voit la fameuse "Agence" délivrer tous les quatre ans un document similaire, étudiant la tournure que pourrait adopter la planète à l’aune des tendances actuelles. Le Conseil national du renseignement s’est appuyé sur les analyses de 2.500 experts, répartis dans 35 pays de par le monde, afin d’affiner ses prédictions et de ne pas aboutir à une vision trop américanocentrée.

Dès l’ouverture de ces prévisions qui se gardent bien d’être des prophéties, il est d’ailleurs question de la "fin d’une ère de domination américaine", héritée de la guerre froide et de ses conclusions, à l’horizon 2035. La coopération entre les différentes puissances mondiales sera d’ailleurs rendue plus difficile par l’augmentation de la pratique du veto dans les institutions internationales.

L'économie mondiale en berne

Sur le terrain économique, le panorama dépeint n’a pas de quoi surprendre. L’économie mondiale devrait stagner, les gains de productivités baisser, les inégalités continuer de s’accroître. La CIA invite plus précisément à surveiller les banques européennes qui ne sont pas à l’abri de se trouver au centre d’une nouvelle crise économique car elles sont "inégalement capitalisées et régulées". La conjonction de cette croissance pour le moins maussade et de l’interconnexion de plus en plus grande à travers le monde amène les experts à pronostiquer un renforcement des replis identitaires, intellectuels, nationalistes ou religieux. Enfin, la population des pays riches, notamment européens, va continuer de vieillir, mais pas celle des pays en voie de développement. Le dossier évoque notamment la pression démographique en Afrique subsaharienne.

Le monde ne paraît pas destiné à davantage de stabilité géopolitique et la paix universelle ne sera pas à l’ordre du jour en 2035. Comme le souligne la recension de la publication française du rapport par 20 Minutes, le profil des guerres va changer et globalement s’éloigner des conflits classiques entre armées de métier: "Les acteurs étatiques et non étatiques continueront à développer une plus grande capacité pour les attaques ciblées à distance." Ce schéma ira bien sûr de pair avec une adaptation de l’arsenal employé par les belligérants. Les armes sans pilotes seront plus nombreuses, les systèmes robotiques également et les cyberattaques à même d’influer sur les événements se généraliseront.

"L'histoire est aussi faite de ruptures"

Le paysage mondial doit s’attendre à une plus grande concentration des hommes. Dans 18 ans, il y aura 41 villes de plus de dix millions d’habitants contre 28 aujourd’hui. La Tribune de Genève a noté aussi que la pollution de l’air serait la cause principale de morts liées à des problèmes environnementaux et que la moitié de l’humanité rencontrerait des difficultés dans son accès à l’eau. D’autres endroits n’en manqueront pas, en revanche, mais pour le pire. Bangkok, Ho-Chi-Minh Ville, Djakarta ou Manille pourraient se vider de leurs habitants à cause de la montée du niveau de la mer.

Parmi les quelques points positifs que recèle ce rapport, on relève cependant l’extension de l’éducation, et l’amélioration du sort des femmes. Elles seront plus nombreuses à agir sur la vie économique et politique du globe. Et leur rémunération ira crescendo.

Adrien Jaulmes, le journaliste ayant préfacé l’ouvrage en français, a tout de même observé sur France Inter qu’il ne fallait pas non plus tenir les tendances décrites pour paroles d’évangiles: "Le rapport rappelle que l’histoire est aussi faite de ruptures." Et une rupture, par définition, n’est pas prévisible.

R.V.