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La "Caravane de la liberté" devant les bureaux de Ghannouchi

Des manifestants venus de régions rurales déshéritées ont afflué dimanche à Tunis pour réclamer que les caciques du régime de Zine ben Ali soient exclus du pouvoir. Des centaines de participants à la "caravane de la liberté" se sont massés devant les bure

Des manifestants venus de régions rurales déshéritées ont afflué dimanche à Tunis pour réclamer que les caciques du régime de Zine ben Ali soient exclus du pouvoir. Des centaines de participants à la "caravane de la liberté" se sont massés devant les bure - -

par Lin Noueihed et Andrew Hammond TUNIS (Reuters) - Des manifestants venus de régions rurales déshéritées ont afflué dimanche à Tunis pour réclamer...

par Lin Noueihed et Andrew Hammond

TUNIS (Reuters) - Des manifestants venus de régions rurales déshéritées ont afflué dimanche à Tunis pour réclamer que les caciques du régime de Zine Ben Ali soient exclus du pouvoir.

Huit jours après le départ du pays de l'ancien président, qui a régné sans partage sur la Tunisie pendant 23 ans, les manifestants réclament la démission de toutes les personnalités liées à l'ancien régime et qui figurent au sein de la nouvelle équipe dirigeante, à commencer par le Premier ministre Mohamed Ghannouchi.

Ce dernier, depuis 1999 à la tête du gouvernement, a tenu vendredi soir à se démarquer du président déchu, affirmant dans une interview télévisée que, "comme tous les Tunisiens", il "avait peur" sous le règne de Ben Ali et de son parti, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) alors tout-puissant.

Pour calmer les esprits, Ghannouchi a promis de quitter la vie politique à l'issue des prochaines élections, que le gouvernement a promis d'organiser le plus tôt possible.

Depuis plusieurs jours, les protestataires se rassemblent dans le centre de Tunis devant les bureaux du chef du gouvernement, une présence tolérée par des forces de l'ordre. Des télévisions ont diffusé samedi des images de fraternisation entre manifestants et policiers.

Dimanche, au troisième et dernier jour du deuil national décrété en mémoire des victimes de la "Révolution de jasmin" - qui a fait 78 morts, selon le gouvernement, 117, d'après les Nations unies -, ce sont des centaines de participants à la "caravane de la liberté", venus des campagnes, qui se sont massés devant les bureaux du chef du gouvernement.

"NOUS N'AVONS RIEN"

Parmi eux, nombreux étaient les habitants de la région de Sidi Bouzid, ville à 300 kilomètres au sud de Tunis où le suicide le mois dernier d'un jeune chômeur diplômé, Mohamed Bouazizi, a été l'élément déclencheur de la révolte populaire.

"Nous sommes marginalisés. Notre terre appartient au gouvernement, nous, nous n'avons rien", explique l'un d'eux, Mahfouzi Chouki, alors que les manifestants scandent des slogans réclamant la chute du gouvernement.

Amin Kahli, lui aussi venu de la région de Sidi Bouzid, dit qu'il venu rendre hommage à Bouazizi et à toutes les victimes de la répression, parmi lesquelles l'un de ses frères.

"Mon frère se rendait à son travail quand on lui a tiré dessus. Il a été atteint en pleine poitrine. Il avait à peine 21 ans. Je veux que justice soit faite et que ce gouvernement s'en aille."

Outre Ghannouchi, plusieurs anciens hiérarques du RCD ont conservé des ministères clés comme ceux de l'Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères.

Des personnalités de partis d'opposition qui étaient tolérés par Ben Ali avaient été invitées à rejoindre le gouvernement pour occuper des postes moins en vue, comme ceux de l'Education supérieure ou du Développement régional. Cinq d'entre eux ont démissionné vingt-quatre heures plus tard.

Le gouvernement tunisien a annoncé que les écoles et universités rouvriraient lundi et que les manifestations sportives, également suspendues depuis une semaine, reprendraient prochainement. Le couvre-feu nocturne reste en place.

Une commission indépendante a été créée par le gouvernement pour enquêter sur le rôle des forces de sécurité durant les violences.

L'exemple tunisien pourrait inspirer les populations d'autres pays du monde arabe confrontés à des problèmes semblables - chômage, inflation, répression.

Au Yémen, le plus pauvre des Etats arabes, des centaines d'étudiants ont manifesté dimanche après l'arrestation d'une militante anti-gouvernementale, Tawakoul Karman, qui avait organisé la semaine dernière deux manifestations à l'université de Sanaa contre les régimes autocratiques arabes.

Karman, qui dirige l'organisation locale "Femmes journalistes sans chaînes", avait également appelé les Yéménites à soutenir le peuple tunisien.

Avec Tarek Amara, Guy Kerivel pour le service français