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L'Ukraine envisage un sommet pour la paix à l'ONU "fin février" si la Russie reconnaît ses crimes

Applaudissements lors de la session de l'assemblée générale de l'ONU qui a condamné l'invasion russe en Ukraine, le 2 mars 2022 New York

Applaudissements lors de la session de l'assemblée générale de l'ONU qui a condamné l'invasion russe en Ukraine, le 2 mars 2022 New York - TIMOTHY A. CLARY © 2019 AFP

Le ministre des Affaires étrangères ukrainien a accordé un entretien à l'agence américaine Associated Press ce lundi. Dmytro Kuleba a esquissé les contours d'un futur sommet pour la paix mais a fixé la condition sine qua non pour que l'Ukraine accepte la présence de la Russie.

Un sommet pour la paix dans deux mois, sous la supervision des Nations unies et au siège même de l'ONU. La perspective tracée par le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kuleba, lors de l'entretien qu'il a accordé ce lundi à l'agence américaine Associated Press, semble porteuse d'espoirs.

Toutefois, la condition sine qua non fixée par Kiev de voir la Russie accepter la traduction de certains des siens devant la justice internationale pour crimes de guerre avant de pouvoir participer aux tractations et les exigences russes invitent davantage à la prudence qu'à l'optimisme.

Une seule condition

Tandis que ces derniers jours - et notamment au cours de sa visite aux Etats-Unis - le président ukrainien Volodymyr Zelensky a répété sa volonté de mener à bien un "plan pour la paix", Dmytro Kuleba, a repris son idée d'organiser un sommet à cette fin. Le ministre des Affaires étrangères a même fixé une échéance: "On vise la fin février, au moment où la guerre entrera dans sa seconde année".

Mais l'exécutif ukrainien pose un préalable auquel il n'entend pas déroger. Pour que l'envahisseur russe puisse avoir voix au chapitre lors d'un tel événement, il devra d'abord accepter de faire face à des poursuites pour crimes de guerre devant un tribunal international. "Ils ne seront invités à participer qu'à cette condition", a ainsi souligné Dmytro Kuleba.

L'ONU au centre des attentes

Ce dernier a tout de même continué à définir les contours de ce sommet qu'il appelle de ses voeux. Pour lui, il devra se tenir au siège de l'ONU. "Nous pensons que les Nations unies seraient le meilleur endroit pour l'organiser, parce qu'il ne s'agit pas de distinguer tel ou tel pays. Il s'agit surtout de mettre tout le monde autour d'une table et il n'y a pas de meilleur endroit pour ça que l'ONU", a déclaré Dmytro Kuleba.

Le ministre des Affaires étrangères imagine d'ailleurs les cadres de l'ONU en maîtres de cérémonie, et tout particulièrement Antonio Guterres: "Le secrétaire général des Nations unies a été l'un des premiers responsables internationaux auxquels mon président a parlé du sommet". Filant son éloge du secrétaire général, Dmytro Kuleba a jugé: "Il a prouvé qu'il était un médiateur efficace et un négociateur efficace, et plus important encore, il a montré qu'il était un homme de principes et honnête".

En écho à Poutine

Mais la défiance à l'égard de la Russie a transparu à nouveau, au moment où le ministre des Affaires étrangères ukrainien a évoqué auprès d'AP l'objectif sous-tendant cet hypothétique sommet: "On ne doit pas permettre à la Russie de manipuler la conclusion de la paix parce qu'ils disent régulièrement qu'ils sont prêts à négocier, ce qui n'est pas vrai puisque tout ce qu'ils font sur le champ de bataille prouve le contraire".

Une saillie qui fait écho à l'allocution télévisée la veille de Vladimir Poutine en Russie. Le président russe a en effet lancé: "“Nous sommes prêts à négocier des solutions acceptables avec tous les acteurs impliqués, mais cela dépend d’eux – ce n’est pas nous qui refusons de négocier, ce sont eux".

L'autocrate a encore accusé l'Ukraine et ses alliés de vouloir "diviser la Russie historique" et dit son intention de "conserver les territoires (ukrainiens) russophones envahis par ses forces". Prétention russe sur le Donbass et la Crimée dont l'Ukraine ne veut pas entendre parler.

Autant dire que la guerre ne devrait pas prendre fin dans l'immédiat. Dmytro Kuleba a d'ailleurs insisté auprès des journalistes: "Toute guerre s'achève de manière diplomatique. Toute guerre s'achève en raison des actions sur le champ de bataille et à la table des négociations. Mais l'équilibre de ce qui sera gagné sur le champ de bataille et à la table reste à trouver".

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV